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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 6
Nom de l'œuvre : Mélancolie [Recueil d'OS] Nom du chapitre : Le lien
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 24/5/2013 à 15:44
Œuvre lue 6303 fois Dernière édition le : 24/5/2013 à 15:44
Le lien


Toi, pauvre petite Lixy, tu errais seule, sans but, sur le chemin qui traversait la forêt. Tu ne savais même pas où tu allais. Lorsque tu avais faim, tu mangeais des baies. Lorsque tu étais fatiguée, tu dormais. Cependant, tu ne possédais aucun objectif. Tu prenais la vie comme elle venait, en refusant de voir plus loin. A quoi cela servait-il quand on n'était jamais certain de vivre le jour suivant ?

Tes foulées graciles te menèrent à une clairière, où d'autres petits jouaient déjà. Une partie de Skitty perché semblait bien entamée. Tu aurais pu te joindre à eux, mais le coeur n'y était pas. Ta nature solo t'empêchait de t'amuser en compagnie de cette troupe euphorique, comme si vous n'apparteniez pas au même monde. Il y avait entre eux et toi un océan que tu ne pouvais te résoudre à franchir.

Tu les regardas sautiller les uns après les autres pendant que tu léchais tes pattes endolories d'avoir tant marché. Il ne te restait plus que cela à faire, désormais. Avancer continuellement. Tes parents avaient tous deux été capturés par des dresseurs lorsque tu n'étais encore qu'un bébé et tu ne possédais aucun ami. Chaque jour, tu poursuivais ta route qui te menait nulle part, dans l'espoir de trouver enfin un endroit où tu pourrais t'arrêter.

Un bruit détourna les pokémon de leur jeu, et même toi tu levas la tête de ta toilette. Quelqu'un approchait. Un être humain, d'après l'odeur que tu flairais. Les autres allèrent se tapir dans un buisson sans demander leur reste. Au terme d'une brève hésitation, tu décidas de les rejoindre. Depuis ton plus jeune âge, dès que tu avais pris conscience du sort de tes parents, tu t'étais jurée de n'être jamais attrapée.

Tu ignorais cependant que cet humain là allait changer la donne. Il ne tarda pas à apparaître dans la clairière désertée, l'allure féline et assurée, un sac à dos nonchalament jeté sur l'épaule. Sitôt que tes yeux se posèrent sur les siens qui, pourtant, ne te voyaient pas, tu éprouvas une étrange sensation, tel un Magneti inexorablement attiré par le métal.

Alors que l'homme s'éloignait, tu osas finalement interroger l'Azurill qui se trouvait à côté de toi. Il t'apprit que l'inconnu n'était pas comme les autres dresseurs, mais pire encore. Doté d'un caractère aussi arrogant qu'ambitieux, il ne capturait les pokémon que pour servir ses desseins, après quoi il les abandonnait dans le mépris le plus total, sans même un remerciement.

L'Azurill avait été sa victime, par le passé, selon ce qu'il t'avoua. N'étant pas à la hauteur de ses espérances, il s'était bien vite vu relâché sans que l'homme prit la peine de lui accorder le moindre regard.

Ses paroles, toutefois, n'eurent aucun effet sur toi. Tu sortis de ta cachette à pas feutrés, faisant fi des recommandations des autres qui te conseillaient de rester cachée. Tu suivis le dresseur, empruntant dans son sillage le chemin par lequel il venait de quitter la clairière.

Beaucoup plus rapide que lui même à un rythme convenable, tu eus tôt fait de le rattraper. Au début, il ne s'aperçut pas de ta présence. Ce ne fut que lorsque tu bondis devant lui qu'il daigna enfin te regarder. Ses yeux étaient profonds, indéchiffrables. Tu n'interprétas pas l'air qu'il arborait comme du mépris, mais plutôt de l'indifférence. Tout aussi rapidement, il se détourna de toi.

Un peu déçue, tu continuas de cheminer à ses côtés, jusqu'à ce qu'il te demande de partir. Apparemment, tu ne l'intéressais pas. Tu ne devais pas être assez bien pour lui, sans quoi il t'aurait déjà capturée. Les autres avaient raison : cet humain n'en valait sans doute pas la peine. Pourtant, la sensation qui te tordait le ventre ne faisait que s'accentuer lorsque tu te rapprochais de lui. Tu ignorais ce qui te poussait à agir ainsi, toi qui haïssait les dresseurs et leurs prisons de métal dans lesquelles se trouvaient tes parents.

Quand il t'ordonna de cesser de le suivre, tu décidas d'abandonner. Cela ne servirait à rien, c'était un entêté. Effectivement, comme l'avait sous-entendu Azurill, il semblait n'avoir aucun respect pour les pokémon. Tu t'apprêtais à faire demi-tour lorsqu'une branche craqua, quelque part au-dessus de vos têtes.

Un Etourvol surgit bientôt du feuillage dense d'un arbre pour charger l'humain d'un Aéropiqué. En dépit de tes doutes, tu ne pouvais pas rester ainsi sans réagir. Il te suffit d'une attaque Etincelle pour avoir raison de la créature ailée qui retomba aux pieds du dresseur, inconsciente.

Presque aussitôt, il tourna son regard vers toi, étouffée par une bouffée de fierté. Il s'accroupit pour être à ta hauteur, comme un égal, puis plongea ses yeux infinis dans les tiens. Tu le fixas sans cligner des paupières, tandis qu'il murmurait plus pour lui-même que pour toi :

- Finalement, tu pourrais peut-être m'être utile, à l'avenir.

Quel ne fut pas ton bonheur lorsqu'il sortit une pokéball pour t'attirer à l'intérieur. Le noeud de ton estomac s'envola alors, remplacé aussitôt par une connexion invisible qui te reliait à l'objet. Tu étais un peu à l'étroit à l'intérieur, mais pour la première fois, tu avais une maison, si toutefois on pouvait nommer cela ainsi.

Bien vite, ton entraînement commença. L'homme était un maître exigeant, mais il ne te poussait jamais au-delà de tes limites. Tu progressais vite, et seulement peu de temps après ta capture, tu évoluais déjà en Luxio. Tu quittais définitivement de quitter le monde de l'enfance auquel tu avais appartenu jusqu'à présent.

Il te fit travailler avec acharnement jusqu'à ce que tes techniques se perfectionnent. Toi qui d'ordinaire aimait peu la communication, tu t'attachas rapidement aux autres pokémon qui constituaient son équipe. Vous appreniez tous ensemble à former une véritable famille, liée dans la joie comme dans la peine.

Au cours des mois qui suivirent ton arrivée parmi eux, tu repensas aux paroles de l'Azurill. Elles perdaient désormais tout leur sens. Cet humain n'était ni arrogant, ni ambitieux. Il prenait un soin jaloux de ses pokémon, qu'il entraînait avec fermeté mais délicatesse en vue de ce qu'il appelait la "Ligue".

Lorsque vint cette série de matchs que ton maître semblait attendre avec impatience, tu étais fin prête à en découdre. Tu voulais lui faire plaisir, gagner pour lui, car c'était devenu ton objectif : tu souhaitais le voir heureux.

Tu n'eus aucun mal à remporter tes épreuves. Tes compagnons et toi formaient une équipe parfaite. Il y avait chez vous l'osmose qui manquait aux autres, comme si vous formiez un tout une fois réunis. Vous terrassâtes sans mal vos adversaires lors de la finale et, pour la première fois, tu vis ton dresseur sourire, fait extrêmement rare.

Alors que tu t'attendais à fêter dignement la victoire en compagnie de tes nouveaux amis, il avait le visage grave lorsqu'il te sortit de ta pokéball. Tu le regardais sans comprendre. Il parlait, mais ses mots ne voulaient rien dire pour toi. Qu'entendait-il par "Tu es libre de partir, désormais" ?

Tu ne compris réellement où il venait en venir lorsque tu sentis la connexion qui te rattachait à ta prison se briser. Tu étais à nouveau un pokémon sauvage, car tu venais de cesser de lui appartenir. Tu lui lanças un regard suppliant qu'il ignora. En guise d'adieu, il se contenta de répéter ses paroles.

Azurill avait raison, finalement, même si tu peinais à le reconnaître. Cet homme était cent fois pire que les autres. Il t'avait utilisée et il s'était servi de toi uniquement dans le but de parvenir à ses fins. Les yeux brillants de larmes, tu t'éloignas au galop dans la nuit sombre, le coeur alourdi par ce sentiment de trahison. Tu avais placé toute ta confiance en lui, tu le croyais différent, or il s'était révélé n'être rien d'autre qu'une monumentale déception.

Tu courus, courus, pendant des heures, des kilomètres, puisque tu n'avais plus aucune notion ni du temps ni de la distance. La pluie se mit à tomber et tu finis par faire halte sous un arbre. Tu t'allongeas contre ses racines, le museau enfoui dans tes pattes avant. Qui verrait tes pleurs au milieu de tant d'autres gouttes cristallines ?

Tu ne comprenais pas. Qu'est-ce qui t'avait poussée à agir de la sorte ? A prendre le risque de gâcher ta vie pour un misérable humain qui n'en valait pas la peine ? Tu savais à quoi t'attendre avec lui, on t'avait mise en garde, alors pourquoi l'as-tu suivi ?

Lentement, tu te surpris à repenser à votre première rencontre. Prendre le risque de gâcher ta vie ? Quelle vie ? Tu n'en avais aucune avant de croiser sa route. Tu errais, hagarde, dans l'espoir de trouver un sens à ton existence. Tu cherchais désespérément une place qui ne venait pas à toi.

Finalement, tout ceci, ce que tu désirais, il te l'avait offert. Au cours des derniers mois, tu n'avais oeuvré que dans le but de le rendre heureux, sans te contenter d'obéir à de vagues besoins matériels tels que manger ou dormir. Cette pokéball ne t'avait jamais retenue captive, au contraire. Grâce à elle, pour la première fois, tu t'étais sentie réellement libre.

Il te fallut du temps pour comprendre les paroles que l'homme avait prononcé juste avant ton départ. Contrairement à ce que tu pensais, ce n'était pas un abandon. Azurill se fourvoyait à son sujet. Il respectait les pokémon, il les aimait, même. Il leur permettait de découvrir leurs limites, d'atteindre les sommets, et une fois que cela était fait, il les rendait à leur existence d'avant. Ce n'était pas par mépris qu'il agissait ainsi, mais parce qu'il pensait avoir une tâche à accomplir avec chacun d'entre eux. Une fois son objectif atteint, il n'avait plus de raison de les garder captifs, si du moins ils l'étaient vraiment.

Ragaillardie, tu bondis sur tes pattes. Oui, tu étais libre. Libre de partir, comme il t'y avait autorisée, mais également libre de choisir, et tu choisissais de rester. Au cours des mois passés avec lui, il était devenu ta famille, ta maison. Tu n'avais pas besoin de la pokéball pour que la connexion perdure. Dès le premier jour, tu l'avais ressenti : un lien invisible mais puissant te rattachait à lui.

Tu fendis la nuit à vive allure pour le retrouver, tandis que ton corps s'entourait d'un halo blanc étincelant. Dans une fraction de seconde, tu ne serais plus une Luxio téméraire mais une fière Luxray car, maintenant que le trou béant de ton coeur était comblé, tu te sentais désormais enfin entière.
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