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Lecture du chapitre 2 | |
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Nom de l'œuvre : Les Ténèbres n'existent pas [concours été 2013] | Nom du chapitre : Rencontre impromptue |
Écrit par CaliKen | Chapitre publié le : 1/8/2013 à 11:34 |
Œuvre lue 5151 fois | Dernière édition le : 1/8/2013 à 11:34 |
Il faut plusieurs secondes à Morgane pour retrouver ses esprits. Ses lunettes de soleil ont volé, son t-shirt est rempli de sable et sa tête tourne à vive allure. Mais le plus désagréable est cette douleur à la joue. Une véritable brûlure, comme si elle avait reçu une gifle d'on ne sait où. La jeune femme se relève, s'époussette, remet ses lunettes et regarde, au sol, l'objet du délit. Un ballon de plage. Pas vraiment sportive, elle l'identifie tout de même, par sa couleur et sa forme, en tant que ballon de Beach Volley. Encore des enfants qui jouent et qui ne font attention à rien, ou des adultes qui frappent trop fort dans le ballon pour impressionner les filles... Toujours est-il qu'elle a été prise au dépourvue, en pleine tentative de télékinésie, incapable de voir arriver le projectile. Morgane sent pointer en elle une véritable fureur, qui, comme d'habitude, se retrouve noyée, étouffée par le flot des réflexions. En l'espace de quelques secondes, elle s'imagine déjà rendre le ballon à l'enfant sans un mot. Ne pas répondre : certainement la meilleure solution pour ne pas provoquer d'altercation éventuelle avec un parent, ou pour ne pas être soi-même lancée dans une spirale de colère. Aucune excuse ne serait justifiable, aucune. Elle s'est mis suffisamment loin pour ne pas être dérangée par ce genre de désagrément. Suffisamment loin de la mer pour éviter les éclaboussures, suffisamment loin des enfants, des adultes, bref, suffisamment loin de tout le monde. « Pardon » « Désolé Madame » « Je ne recommencerai plus » « Nous allons jouer plus loin » « On va taper moins fort dans la balle, promis »... le seul fait d'imaginer et d'anticiper les différentes explications possibles la rend furieuse, et seule une nouvelle avalanche de réflexions lui permet de garder la tête froide. Il n'y a rien de plus désagréable que d'être sortie de force d'un état télékinésique. Voilà que l'enfant en question approche. Quel choix d'excuse lamentable va-t-il employer ? Au bout de quelques instants, Morgane se rend compte que l'enfant en question n'en est pas un. Il s'agit plutôt d'un jeune homme, à qui elle donnerait à peine plus que la vingtaine. Son dédain ne fait que croitre. Elle était prête à excuser un tout petit, mais un adulte... Du haut de ses pas tout à fait 30 ans, elle se sentirait presque de lui faire la morale, mais ses pensées l'en dissuadent. Le seul élément positif de la situation se tient dans l'attente de l'excuse qui va arriver, et le degré d'idiotie et d'hypocrisie qui l'accompagnera. Des deux côtés, évidemment : l'un en ne pensant pas ses excuses, l'autre en faisant mine de les accepter alors qu'il n'en est rien. Le jeune homme s'arrête devant Morgane. Il fait sa taille. Et lorsqu'on fait la taille de Morgane, on est grand. -Vous auriez pu l'éviter ! Il se penche, récupère son ballon et s'en va, laissant la championne d'arène, bouche bée, incapable de répondre. Cette fois-ci, son silence est involontaire. Elle qui avait tout prévu ne s'attendait pas à autre chose qu'une excuse ! Et voilà que ce malotru ose dire qu'elle aurait pu éviter le ballon ! Le flot de réflexions envahit, une nouvelle fois, l'esprit et le cerveau de Morgane. Mais contre toute attente, c'est son émotion qui dicte son geste. A grande foulée, la voilà qui rejoint le jeune homme, sans aucune idée de ce qu'elle va lui dire. -Hey ! Il se retourne. Elle l'observe. Et soudain, elle se rend compte qu'elle ne sait même pas à quoi il ressemble. Ce type lui a parlé de face, mais son esprit était tellement occupé qu'elle n'a fait que parcourir ses traits, sans même laisser à son cerveau le temps de les imprimer en lui. Il est grand : voilà le seul constat qu'elle a fait de lui, quelques secondes auparavant. Maintenant, elle peut en faire beaucoup d'autres. Tout d'abord, il est plus grand qu'elle, ce qui lui fait dépasser facilement le mètre 85 vue la taille de Morgane. Ensuite, ses cheveux sont bouclés et noirs, chaque mèche semblant défier la loi de la gravité, ondulant et pointant vers une direction définie et connue d'elle seule. Ses yeux bleus électrique, au regard intrigant et nerveux la dévisagent avec intensité, et bien malin serait celui ou celle capable de dire si c'est avec bienveillance ou non. Son corps entier semble trahir une extraordinaire confiance en soi. Le torse bombé, cambré, les épaules hautes, les bras en arrière, il toise Morgane, les pupilles vers le bas. C'est en le dévisageant que la jeune femme prend soudain conscience du monde qui l'entoure, comme si quelque chose venait de la tirer d'un profond sommeil ou, plutôt, comme si elle sortait, enfin, de son propre corps, prisonnière jusqu'à présent de son cerveau. Le vent est chaud et joue avec le sable avec lequel il fait des tourbillons. Le soleil recouvre de sa présence bienveillante toute l'étendue de Carmin-sur-Mer et éclaire doucement les plagistes. En cette fin d'après-midi, il chauffe la plage avec tendresse. Quelques cris d'enfants, ça et là , le clapotis des vagues, faible également, et qui meurent les unes sur les autres. L'odeur du sable chaud et de l'air iodé, teinté d'une faible saveur de noix de coco, certainement celle de la protection solaire de l'inconnu, semblent entrer pour la première fois dans les narines et les sinus de Morgane. Elle respire à plein poumon. Le monde qui l'entoure semble briller. Le soleil, trop éclatant, les vagues, étincelantes, et les yeux bleus électriques de cet homme. -Quoi ? Fit-il d'une voix tonique. La rapidité de l'esprit de Morgane l'empêche de laisser un blanc dans la conversation. Mais la jeune femme se connait et elle sait qu'elle aurait pu répondre plus rapidement encore. Quelque chose la trouble. -Vous pourriez vous excuser ! Votre ballon m'a heurté de plein fouet ! -Hey mais oui ! -Mais oui quoi ? -Ca y est, je viens de comprendre ! S'exclame-t-il. -Que vous devez vous excuser ? -Vous êtes Morgane de Safrania ! Continue-t-il sans porter le moins du monde attention à la conversation. -Euh... oui, enfin... je... -Super ! C'est cool que tu sois sur Carmin. Ce soir, on fera un combat ! Il y a un petit stade où les gens s'entraînent dans la journée. Disons 20h00. Non, trop tôt. 22H00, après manger. Oui, on dit ça. A ce soir Morgane ! -Mais ! Et voilà que l'inconnu s'en va, sans rajouter quoique ce soit, la laissant bouche bée, incapable de prononcer un mot et totalement incrédule face à tant d'aplomb et de suffisance de la part d'une seule et même personne. Qui a déjà réussi à la moucher à ce point là  ? Elle essaye d'y réfléchir, de se souvenir, mais jusqu'à preuve du contraire, jamais personne n'avait réussi à lui dire quelque chose sans qu'elle ne s'y attende un peu. Jusqu'alors, selon elle, toutes les conversations suivaient des principes établis, et la seule surprise qui pouvait en découler était l'objet même de la discussion, qu'il s'agisse du point de départ de celle-ci, de la réponse ou encore de son dénouement. Dans ce cas de figure, son interlocuteur, si tant est qu'on puisse le définir ainsi, n'a emprunté aucune figure connue d'un échange de parole standard. Et c'est bien ça qui a totalement déstabilisé Morgane. Mais la jeune femme n'est pas n'importe qui. Et face à une personne agissant de manière complètement aléatoire, autant faire pareil. Oui, aussi fou que cela puisse paraître, elle répondrait à ce challenge. Battre ce type, lui montrer qu'elle est la Championne d'Arène de Safrania et voir enfin, sur le visage de cet imbécile, la trace d'une faille dans cette personnalité apparemment inébranlable. |
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