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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 28
Nom de l'œuvre : Entre infini et au-delà Nom du chapitre : Nobody's perfect
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 21/11/2013 à 11:29
Œuvre lue 96776 fois Dernière édition le : 26/9/2016 à 20:30
Cassy mordillait rageusement son crayon à papier, le cerveau en ébullition. Lorsqu'elle voulut noter quelques idées dans son calepin, elle appuya avec tant de fermeté sur la mine que celle-ci céda. Régis lui tendit son stylo, puis se leva pour aller en chercher un autre dans le laboratoire. Il était à peine sorti de la pièce que la jeune fille entendit la porte d'entrée coulisser.

- Où vas-tu ? demanda-t-elle, étonnée.

Comme elle n'obtint aucune réponse, elle repoussa sa chaise pour aller voir. Elle s'était trompée : ce n'était pas son ami qui venait de sortir du bâtiment, mais quelqu'un qui venait d'y pénétrer. Il s'agissait d'un garçonnet blond, doté de petites lunettes rondes qu'il ne portait pas la dernière fois qu'elle l'avait vu.

- Émilien ? Si je m'attendais à te voir ici ! s'exclama Cassy en reconnaissant son ancien camarade.
- Léa et Tina sont furieuses, lâcha-t-il en guise de salutation, de son air supérieur habituel. En dépit de ta promesse, tu n'es pas revenue les voir une seule fois depuis ton départ, or ça fait pratiquement six mois.
- Je sais, mais tu n'as qu'à demander à Régis, mon travail me prend tout mon temps. Je n'ai quasiment pas une minute à moi, et lorsque c'est le cas, je suis obligée de faire des recherches personnelles.
- Je t'arrête tout de suite, ce n'est pas à moi qu'il faut dire ça, d'autant que ça ne m'intéresse absolument pas. Tu t'expliqueras toi-même avec Léa lorsqu'elle viendra chercher son pokémon, tout à l'heure.
- Malheureusement, je crains que tu ne doives également patienter, déclara Régis. Mon grand-père n'est pas encore revenu du Centre Pokémon avec les starters. Je ne suis donc pas en mesure de te remettre le tien. En attendant, je peux te servir quelque chose à boire, si tu le souhaites. Il ne devrait plus tarder.
- Je prendrai volontiers un verre de lait.

Émilien passa devant son ancienne camarade de classe, qu'il toisa du regard avant d'emboîter le pas du jeune scientifique, ce dont ce dernier ne s'aperçut pas. Cassy ouvrit de grands yeux effrayés tandis que l'enfant s'engouffrait dans la salle à manger à sa suite, où se trouvaient toutes leurs recherches sur les notes d'Éric.

Elle s'élança, mais il était déjà trop tard. En apercevant toutes les feuilles en pêle-mêle sur la table, la curiosité d'Émilien avait déjà été piquée au vif. Il en prit une pour lui jeter un rapide coup d'œil, pendant que Régis se figeait. Lorsqu'il ouvrit la bouche, Cassy retint son souffle.

- Tiens ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Ce n'est rien ! décréta précipitamment l'adolescente. Juste... des trucs.

Elle tendit la main dans sa direction pour récupérer le document, mais le garçon entreprit de l'étudier davantage. Cassy devait prendre sur elle pour ne pas se mettre à trépigner d'impatience. Enfin, Émilien se résolut à le lui rendre, tout en constatant :

- Ça ressemble un peu aux gravures que l'on trouve dans les murs des temples anciens, et qui font référence à des mythes ou des légendes.
- Pardon ? s'exclamèrent en chœur les deux autres.
- Mon oncle est archéologue. À quelques reprises, il m'a emmené dans des endroits comme ça. Le plus souvent, on croise des inscriptions en Zarbi, mais il y a parfois aussi des dessins de ce genre qui occupent des parois entières.
- Et... Tu saurais interpréter ceux-là ? demanda Cassy après avoir marqué une légère hésitation.

Elle n'avait aucune envie d'impliquer Émilien dans son histoire, mais s'il pouvait lui permettre d'avancer, c'était une chance à ne pas laisser passer. Régis lui adressa un regard sceptique et elle pouvait comprendre ses doutes. Il lui avait expliqué que les Gijinkas étaient extrêmement tabous, or les recherches de son frère semblaient tourner autour d'eux. La jeune fille espérait que son ancien condisciple n'aurait jamais eu vent de l'existence de telles créatures.

- Hum... marmonna le garçon. Ces symboles sont les glyphes présents sur les dix-sept plaques d'Arceus, et ils sont réunis à plusieurs endroits dans un cercle. Je pense qu'ainsi représentés, ils forment une seule entité, mais qui n'est pas l'Alpha. Un groupe, plutôt. Après, il y a ce caractère-là, qui semble lié à lui. Je n'en suis pas sûr, mais je crois qu'il pourrait signifier l'humain, ou l'humanité. On le retrouve également ici, avec le commencement.

Régis esquissa un sourire. Émilien partageait son interprétation du huit horizontal, qu'il avait qualifié comme étant le point de départ de quelque chose. Cassy aurait voulu paraître aussi satisfaite que lui, mais elle était trop concentrée sur les paroles de l'enfant, attendant qu'il en ait terminé.

- Mis côte à côte, on peut imaginer que ça fait référence au tout premier humain jamais apparu, mais ça m'étonne un peu. Toujours est-il que, d'après la logique de ce schéma, cet humain serait lui-même à l'origine de ceci.

D'un doigt, Émilien désigna les deux hélices entrecroisées, que Cassy supposait être les Gijinkas. Elle retint un soupir de soulagement en constatant que, ainsi qu'elle l'avait espéré, il ne suspectait rien à leur sujet.

- Il y a également ce carré tordu... À mon avis, il fait référence à la distorsion, autrement dit au Monde Inversé, et comme il est question de bannissement, je pense qu'il s'agit plus précisément de Giratina.

Cassy secoua la tête. Si Émilien disait vrai, alors elle s'était trompée sur toute la ligne. Son frère n'avait pas mené d'expériences secrètes, mais il avait bel et bien étudié la mythologie. Pourquoi, cependant ? Elle ne se l'expliquait pas.

Elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage à ce sujet, car le professeur Chen revint au même moment. Ils entendirent la porte du laboratoire coulisser, avant que le vieil homme ne pousse un soupir, visiblement heureux d'être enfin de retour chez lui avec les starters. Émilien reposa aussitôt les notes d'Éric pour se précipiter à sa rencontre, impatient d'obtenir enfin son premier pokémon.

Cassy et Régis les rejoignirent quelques secondes plus tard. Le garçon se présenta au professeur et lui remit un document d'identité qui certifiait de ses dix ans, une obligation administrative. Le vieil homme le parcourut rapidement des yeux, avant de conclure que tout était en ordre.

- Émilien Mercier... C'est parfait. Puisque tu es le plus matinal, tu vas avoir la chance de choisir entre les différentes espèces qui s'offrent à toi. Les voici.

Le professeur Chen jeta trois pokéball devant lui, qui libérèrent les créatures contenues à l'intérieur. De temps en temps, il y avait quelques surprises, comme des Pikachu ou d'autres pokémon que l'on proposait rarement aux débutants, mais ce mois-ci, le choix demeurait classique.

Salamèche, Carapuce et Bulbizarre se matérialisèrent pour former un triangle parfait. Émilien sembla hésiter un instant, son regard passant de l'un aux deux autres, avant qu'il ne décide quel serait le compagnon qui le suivrait désormais tout au long de son voyage initiatique.

- Je veux le pokémon feu.
- Excellent choix, félicita le professeur Chen. Il risque d'être un peu délicat à entraîner, car les Salamèche sont souvent têtus, et ça ne fait qu'empirer lorsqu'ils atteignent le stade de Dracaufeu. Ils sont cependant très puissants, il ne te décevra pas en combat. Mon conseil est de lui permettre de s'exercer régulièrement, sans trop le pousser, et surtout de le respecter. Montre-toi ferme, mais jamais trop dur. Tu comprends ce que je veux dire ?
- Parfaitement. Et maintenant, Cassy, c'est toi que je choisis de défier pour mon premier match. Sache que j'ai bien l'intention de te battre.

La jeune fille mit un certain temps à comprendre ce qu'il entendait par là, avant de réagir. Elle n'avait jamais fait de duels pokémon, à l'exception du Concours de Féli-Cité, et n'avait aucune expérience. La proposition n'en demeurait pas moins tentante. Elle avait toujours été en rivalité avec Émilien depuis l'École des dresseurs, et lui donner une leçon de modestie ne serait pas de refus, raison pour laquelle elle accepta.

Ils quittèrent le laboratoire pour se rendre dans le parc, où elle siffla son Galopa. L'assurance du garçonnet sembla soudain faiblir : il ne s'attendait visiblement pas à ce que son pokémon ait évolué. Cassy eut un sourire discret tandis qu'ils prenaient position, à une vingtaine de mètres l'un de l'autre. Régis arbitrerait le match.

- Salamèche, prouve-moi que j'ai bien fait de te prendre dans mon équipe ! s'exclama le Émilien.
- Galopa... Euh... Prépare-toi.

L'enfant adressa un regard condescendant à son adversaire. En dépit du service qu'il lui avait rendu en traduisant partiellement les notes d'Éric, l'adolescente ne le portait pas pour autant dans son cœur, et il faisait tout pour cela. Elle ouvrit la bouche, prête à donner son premier ordre, mais Émilien la devança, optant pour une attaque Mitra-poing.

Cassy n'y était pas préparée et elle ne songea même pas à demander à Galopa d'esquiver. Il encaissa le coup en plein poitrail. Furieux, il se cabra sur ses postérieurs en lançant des coups de sabots à l'aveugle.

- Écrasement ! s'écria-t-elle en réagissant enfin.
- Évite-le, Salamèche, puis pousse Rugissement. Enchaîne avec Griffe !

La jeune fille était déstabilisée par la vitesse à laquelle son rival donnait ses instructions, alors qu'elle n'avait même pas le temps de réfléchir. Le cheval de feu était malmené par le starter. Chaque attaque affaiblissait les siennes, qui furent bientôt presque sans gravité pour son ennemi. Finalement, elle capitula la première :

- C'est bon, tu as gagné. Le combat peut durer des heures. Tu as su rendre mon pokémon quasiment inoffensif pour le tien, mais Salamèche mettra longtemps avant de triompher, car Galopa est extrêmement résistant.
- Je déclare donc Émilien vainqueur, annonça Régis, contrit.

L'intéressé se mit à sauter de joie tout en se ventant de sa supériorité. Cassy lui adressa un regard blasé, que le jeune scientifique ne tarda pas à imiter. Le garçon leur avait peut-être était utile dans leurs recherches, mais il n'en restait pas moins un véritable garnement.

Ils regagnèrent le laboratoire, où le professeur Chen remit au jeune garçon son Pokédex, puis ce dernier quitta les lieux pour se lancer dans son voyage initiatique. Comme l'enfant suivant n'était pas encore arrivé pour recevoir son starter, Cassy et Régis décidèrent de reprendre leur tâche là où ils l'avaient interrompue, autrement dit suite aux déductions d'Émilien.

- Un soda avant de se remettre à l'ouvrage, ça te tente ? proposa l'adolescent.

Cassy acquiesça d'un hochement de tête et Régis disparut dans la cuisine, tandis qu'elle s'installait à table. Elle était en train de consigner les remarques de son ancien condisciple dans son carnet lorsque son ami revint, lui tendant une canette.

- Fais attention, je l'ai un peu...

Il n'acheva pas sa phrase. La jeune fille venait de transpercer le métal avec la languette et, aussitôt, un jet sucré et pétillant en jaillit pour l'asperger. Elle poussa un cri de panique, reculant par réflexe pour protéger les documents de son frère et ses propres notes. Quelques secondes plus tard, elle était couverte de boisson à l'orange.

- ... secouée, conclut Régis en baissant les yeux, gêné.
- Ah, je suis toute collante ! s'exclama Cassy. Et j'en ai mis partout.
- Non, tu as réussi à épargner les feuilles. Tu devrais monter te laver, et moi je vais me charger de nettoyer par terre.

Elle acquiesça et se précipita à l'étage, en essayant de ne pas attirer l'attention du professeur Chen sur elle. Elle fit une brève halte par sa chambre pour prendre des affaires propres, puis s'enferma dans la salle de bain, où elle mit l'eau de la douche à couler. Le pansement qu'elle portait depuis la veille, à l'endroit où Magby l'avait brûlée, ne tarda pas à être détrempée.

Elle aurait déjà dû le changer la veille, mais accaparée par ses récentes découvertes sur les Gijinkas, cela lui était totalement sorti de l'esprit. Elle retira la bande adhésive médicale qui le maintenait en place, puis observa sa brûlure. L'Antibrûle, couplé au cataplasme de baies Fraive, avait fait son effet.

La peau était encore légèrement rouge, mais d'ici peu, cela ne paraîtrait plus. En revanche, elle arborait désormais une marque étrange, qu'elle prit d'abord pour une cicatrice, avant de constater qu'il s'agissait d'autre chose, ce qui était beaucoup plus surprenant.

La marque était composée de cinq traits distincts, positionnés un peu à la manière d'un caractère japonais. Deux courts se trouvaient à l'horizontale, qui se dirigeaient l'un vers l'autre du côté droit sans pour autant se toucher. Deux autres, plus longs, venaient ensuite, verticaux, courbés, tandis qu'un troisième de même taille s'échappait vers le bas. À sa vue, Cassy demeura un moment abasourdie.

Elle s'empressa de sortir de la douche et enfila précipitamment, sans prendre la peine de sécher avec une serviette au préalable. Le tissu lui collait à la peau, ce qui ne l'empêcha pas de traverser l'étage en courant, de dévaler quatre à quatre les escaliers, de bousculer le professeur Chen sans s'en apercevoir et faire irruption dans la salle à manger.

- Tu m'as fait peur ! s'exclama Régis, qui venait de sursauter en entendant la porte s'ouvrir à la volée.
- Il y a un problème ! Un gros problème !

Sans lui laisser le temps de réagir, elle franchit la distance qui la séparait de lui et remonta la manche humide de sa chemise jusqu'à son coude, pour dévoiler son avant-bras. Comme l'adolescent la fixait d'un air un peu hagard, elle lui mit pratiquement sa peau sous le nez.

- Oh ! souffla-t-il en saisissant son poignet. C'est... Non, ce n'est pas possible.
- Si, c'est exactement ça, affirma Cassy, la voix rendue tremblante par l'inquiétude. C'est le glyphe dragon gravé sur les plaques d'Arceus, et que l'on retrouve dans les notes de mon frère. La question que je me pose surtout, c'est : comment est-il arrivé sur mon bras ?
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