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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 30
Nom de l'œuvre : Entre infini et au-delà Nom du chapitre : Ne dis jamais adieu
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 21/11/2013 à 11:31
Œuvre lue 96837 fois Dernière édition le : 2/10/2016 à 16:16
Puisque Cassy l'avait promis à Cynthia, il fut convenu que les deux filles partiraient dès le lendemain pour Sinnoh. Léa obtint, en même temps que son Pokédex, l'autorisation du professeur Chen de passer la nuit au laboratoire, où elle partagerait le lit de son amie, à défaut d'une autre chambre.

La fillette s'était endormie depuis longtemps lorsque l'adolescente se leva sur la pointe des pieds, veillant à éviter les lattes branlantes du plancher qui grinçaient lorsqu'elle marchait dessus et qu'elle commençait désormais à connaître. Elle jeta un bref coup d'oeil au corps de l'enfant emmitouflé dans la couverture avant de presser la poignée de la porte qui s'ouvrit sans bruit.

Malgré toutes ses précautions, elle étouffa à grand-peine un cri en manquant de faire une crise cardiaque quand elle se heurta à quelqu'un dans le couloir. La personne en face d'elle ne semblait pas s'y attendre non plus, car elle bondit en arrière. Elle finit par distinguer la silhouette de Régis lorsqu'un rayon de lune s'infiltra par la lucarne pour éclairer le couloir.

Ils s'assirent tous deux sur le sol froid, sans prononcer un mot. Cassy laissa sa tête reposer sur son épaule tandis qu'il passait une main dans ses cheveux, qui commençaient tout juste à repousser depuis qu'elle les avait coupés. Ils restèrent ainsi une bonne partie de la nuit, dans le silence, profitant simplement de la présence de l'autre.

Alors que le soleil semblait sur le point de se lever, le garçon glissa une main sous son menton pour la regarder dans les yeux. Elle se détourna cependant, coupable de l'abandonner quand il lui avait offert un foyer et une amitié au moment où elle en avait eu le plus besoin.

- Tu crois vraiment que je trouverai les réponses que je cherche à Sinnoh ?
- C'est en tout cas là-bas qu'elles ont toutes les raisons d'être. Tu es originaire de cette région, ainsi que toute ta famille, ton frère y a mené ses recherches et la légende veut qu'Arceus ait donné naissance au monde depuis les Colonnes Lances. Si tu dois effleurer la vérité du doigt, tu auras plus de chance de le faire chez toi.
- Maintenant, c'est ici, chez moi. Vous êtes ma maison et ma famille, et je m'en veux de partir de la sorte quand vous avez tous tant fait pour moi.
- Tu reviendras, affirma Régis. Lorsque tu auras découvert tout ce que tu as besoin de savoir, plus rien ne te retiendra à Sinnoh et tu seras libre de rentrer au Bourg-Palette. Quant à moi, j'attendrai impatiemment ton retour.
- Et si je ne trouve jamais d'explication, malgré l'aide de Cynthia ou même la tienne ? Je te rappelle que ma famille est morte et que mon seul but à l'origine était de mettre la main sur leurs assassins pour me venger. Et voici que désormais je suis impliquée dans une histoire de Gijinkas, avec des marques étranges qui apparaissent sur la peau de celui qui a le malheur de subir une attaque de pokémon.
- Justement, il y a quelque chose qui m'intrigue, dans cette histoire. Le symbole du type plante s'est révélé sous une attaque de Bulbizarre, ce qui n'a en soit rien d'étonnant. Or, le tien, qui est celui du dragon, est apparu suite à une Flammèche.
- L'origine de l'attaque n'aurait donc aucun lien avec la marque qui se manifeste ensuite ? Je veux dire, le pokémon agirait comme un révélateur, qu'importe son type ?
- Il n'y a qu'un moyen de vérifier ça. Suis-moi.

Régis bondit sur ses pieds, puis l'aida à se relever. Ils descendirent prudemment les escaliers plongés dans l'obscurité pour être certains de ne pas s'entraver et réveiller par la même occasion la maisonnée. Une fois en bas, le garçon fouilla l'une de ses poches, d'où il sortit une pokéball qui s'agrandit presque aussitôt dans sa main.

- Noctali, appela-t-il à voix très basse, je vais avoir besoin de ton aide.

L'évolition jaillit devant eux dans un éclat de lumière, tandis que son dresseur allumait la lampe de la paillasse la plus proche afin d'y voir un peu plus clair. Il tendit le bras en direction de son pokémon, qui le renifla avant d'y mettre un coup de tête affectueux. Il était excellemment bien dressé.

- Je n'ai pas le temps de jouer, je regrette. Rends-moi un service et utilise Morsure sur moi.
- Quoi ? Tu es fou ! s'exclama Cassy en comprenant soudain ce qu'il avait à l'esprit. Pas question que tu prennes des risques inconsidérés pour valider la théorie. Chaque fois, il s'agissait d'un accident. Ni Léa ni moi ne nous y attendions. Rien ne prouve que ça va fonctionner. Tu peux juste être blessé pour rien.
- Ça vaut la peine d'essayer. Noctali, à toi.

Le pokémon lança un regard emprunt d'excuse à son dresseur, bien qu'il ne fasse qu'exécuter son ordre, et referma sa petite gueule aux dents pointus au niveau de son coude. Le garçon fut également obligé de se mordre lui-même le poing pour ne pas hurler de douleur.

Cassy regarda la plaie sur le bras de Régis. Heureusement, la créature avait retenu sa force pour ne pas le blesser. Il ne saignait même pas. Après avoir rappelé Noctali dans sa pokéball, ils s'approchèrent tous deux de la lampe sous laquelle il étendit son bras. Ils attendirent durant de longues minutes, qui semblèrent se transformer en heures, osant à peine respirer. La marque s'était manifestée presque tout de suite sur la peau de Léa, or rien n'apparaissait.

- Comment interpréter ça ? s'enquit le garçon en regardant son coude, où les seules traces étaient celles des canines de son pokémon.
- Je l'ignore... Apparemment, ça ne fonctionne pas chez tout le monde. À moins que le dessin ne mette plus de temps à apparaître sur ta peau. Contrairement à nous, tu es un garçon. Peut-être qu'il y a quelque chose en toi qui ralentit la formation du symbole.

Ils patientèrent encore un peu, tentant de contenir leurs bâillements, avant de capituler et de monter se coucher. Si une nouvelle marque devait se matérialiser au cours des quelques heures de sommeil qu'ils pouvaient encore espérer avoir, ils la verraient à leur réveil, quand leurs cerveaux seraient moins fatigués pour réfléchir.

Cassy s'allongea sous les couvertures sans trop les déplacer pour ne pas gêner Léa, qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'elle avait quitté la chambre. Presque aussitôt, rattrapée par la fatigue, elle tomba dans les bras de Cressélia.

Elle avait l'impression de n'avoir dormi qu'une poignée de minutes lorsque la fillette la tira brutalement du lit en poussant des cris de joie et en s'exclamant que c'était le grand jour. Ce fut à contrecœur que Cassy se glissa hors de la tiédeur réconfortante des draps pour suivre son amie jusqu'au rez-de-chaussée, où elles prendraient leur petit-déjeuner.

Le professeur Chen était déjà à l'ouvrage lorsqu'elles arrivèrent en bas, tandis que Régis, déjà debout, avait dressé la table pour eux trois. La première chose qu'il fit en les voyant pénétrer dans la salle à manger fut de déposer une tasse de café très fort entre les mains de Cassy, qui exprima sa reconnaissance par un sourire, trop épuisée pour parler.

- Je l'ai préparé exprès pour toi, indique-t-il. Avec l'aventure qui vous attend, toutes les deux, je me suis dit que tu aurais sans doute bien besoin de ça pour te mettre en forme de si bon matin.
- Merci beaucoup, murmura-t-elle en avalant une gorgée du breuvage amer. Je vais t'aider à sortir le reste. Léa, tu n'as qu'à prendre un croissant, le temps que nous fassions des tartines.

La blondinette ne se fit pas prier et mordit une viennoiserie à pleines dents, tandis que les deux autres s'éclipsaient dans la cuisine. Une fois seuls, Cassy interrogea son ami du regard, qui répondit négativement d'un hochement de tête, avant de lui montrer son bras. Il n'y avait trace que de l'attaque Morsure de Noctali, soit les petits trous laissés par ses canines.

- Je crois que je n'y comprends plus rien, avoua la jeune fille en baissant les yeux. Ça me dépasse complètement. Mon frère était si intelligent qu'il aurait sans doute sur expliquer ça, mais pas moi.
- En parlant d'Éric... J'ai réfléchi et je pense qu'il serait préférable que tu me laisses ses notes, ainsi que les dessins des Gijinkas. Elles seront beaucoup plus en sécurité ici que sur les routes de Sinnoh que tu t'apprêtes à parcourir, en pleine nature. Est-ce que tu es d'accord ?
- Oui, bien sûr. Tu as parfaitement raison, et Cynthia mise à part, tu es le seul en qui je peux avoir suffisamment confiance pour accepter de t'abandonner les recherches de mon frère. Qui sait, peut-être qu'en les étudiant davantage, tu finiras par leur donner un sens encore plus précis qu'Émilien.
- J'en doute un peu, mais je ferai mon possible.
- J'essayerai de te contacter aussi souvent que possible, une fois à Sinnoh. Nous pourrons ainsi nous tenir mutuellement au courant de nos découvertes respectives. À condition que nous en fassions, naturellement...

Cassy déposa sur un plateau les tartines qu'elle venait de beurrer avec plus de violence qu'elle ne l'aurait voulu. Régis posa sa main sur la sienne durant quelques secondes, puis ils retournèrent dans la salle à manger où Léa les attendait, impatiente. L'adolescente s'efforça d'afficher une mine aussi réjouie que la sienne, mais comme cela sonnait terriblement faux, elle renonça vite à ses vains efforts.

Régis déserta exceptionnellement son poste pour la matinée, avec la bénédiction de son grand-père, afin d'accompagner les deux filles jusqu'à Cramois'Île, où un ferry devait partir pour Vestigion. Consciente que son Galopa la ralentirait dans son aventure, Cassy l'avait laissé aux bons soins du professeur Chen.

Ce dernier avait confié à son petit-fils la pokéball de Dracolosse, qu'il pourrait chevaucher pour rentrer au Bourg-Palette au lieu de perdre du temps à attendre une autre navette. À la demande de Léa, qui n'avait encore jamais vu un dragon autrement qu'en image, il le libéra tandis qu'ils patientaient jusqu'à l'heure de l'embarquement.

Cassy observa longuement la créature à l'allure bienveillante et aux écailles jaune orangé, puis ramena son attention sur son avant-bras, dissimulé par la manche de sa chemise. Puisque sa marque était celle du type que possédait le pokémon face à elle, pouvait-elle réagir à son contact ?

Tentant le tout pour le tout, elle attendit que Léa regarde ailleurs pour venir frotter le symbole contre le Dracolosse. Son contact froid lui arracha un frisson. Ce fut la seule réaction qu'elle eut : rien d'autre ne se produisit, contrairement à ce qu'elle avait voulu penser l'espace d'un instant.

- Je pense que tu devrais en dresser, décréta soudain Régis, à mi-voix.
- Pardon ?
- Tu devrais te composer une équipe entière de pokémon dragon. À défaut de comprendre ce que signifie réellement ce symbole, du moins pour le moment, je suis d'avis de l'interpréter comme un signe.
- Ce sont les créatures les plus redoutables qui existent. Elles nécessitent des années de pratique et d'expérience. Elles sont de loin les plus délicates à entraîner et rares sont ceux qui parviennent à s'en faire obéir. Je n'ai même pas réussi à vaincre un Salamèche avec mon Galopa. J'ai encore besoin d'apprendre davantage avant de songer à avoir un jour ne serait-ce qu'un seul dragon.
- C'est dommage. Ç'aurait peut-être apporté un résultat quelconque.
- Si c'est le cas, j'en aurai vite le cœur net. Il me suffira d'étudier avec soin Léa et son Bulbizarre, puisqu'il partage le type du symbole qu'elle porte.

Régis acquiesça au moment où une sirène stridente retentissait. Elle émanait du ferry et invitait les passagers à monter à bord. Cassy, debout sur la pointe des pieds, embrassa tendrement la joue de son ami, qui répondit en lui ébouriffant les cheveux. Elle était sur le point de tourner ensuite les talons quand il la retint par la main.

- Tu reviendras ? demanda-t-il. Tu me le promets ?
- Je t'en donne ma parole.

Elle porta une main à son cœur, comme pour sceller cette promesse, puis détourna précipitamment les yeux, car ils commençaient à s'embuer. Régis la serra une dernière fois contre lui, avant de se résoudre à la laisser s'éloigner. Cette fois, ce fut elle qui s'attarda de son plein gré :

- N'oublie pas, ce n'est qu'un au revoir. J'ignore combien de temps je passerai à Sinnoh, et même si je dois y rester toute ma vie, je reviendrai au moins pour te dire adieu, car je te le dois bien.
- Et je t'attendrai.

Cassy lui adressa un signe de la main et Léa en fit de même tandis qu'elles montaient sur le pont du bateau, qui les emmenait vers leur destin et qui les mènerait peut-être enfin jusqu'aux les réponses que la jeune fille cherchait désespérément.
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