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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 5
Nom de l'œuvre : Le silence des Wattouat Nom du chapitre : Le sixième sens
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 10/12/2013 à 23:15
Œuvre lue 6857 fois Dernière édition le : 10/12/2013 à 23:15
Barney Machopeur referma la porte dans le dos de Clarice Chaglam qui avança d'une démarche enjôlante, bien que mal assurée, le long du couloir sombre qui conduisait jusqu'à la cellule du Dr Persian. Après avoir fait jouer toutes ses relations les plus hautes placées, Jack Sablaireau avait réussi à contraindre Chilton Cradopaud à leur accorder une nouvelle entrevue.

- Clarice, quelle joie de vous revoir. Que le temps m'a semblé terriblement long depuis votre départ ! Qu'est-ce qui me vaut l'insigne honneur d'une visite de votre part ? Vous savez, si vous continuez à venir ici, les pokémon vont finir par penser que nous sommes amoureux l'un de l'autre.
- Vous savez très bien ce qui m'amène, Dr Persian, sans quoi vous vous efforceriez de le deviner par vous même au lieu de me poser la question.

Elle s'immobilisa face à la vitre qui clôturait la cellule de Persian, plongée dans les ténèbres. De lui, elle ne voyait que ses prunelles scintillantes pigmentées de rouge qui étincelaient encore plus dans l'obscurité. La trappe sous la porte bascula soudain pour laisser passer une baie Oran à l'apparence juteuse.

Clarice Chaglam, un peu surprise, étendit aussitôt la patte dans sa direction avant de se ressaisir. Lors de sa toute première venue à l'asile, Cradopaud lui avait clairement stipulé qu'elle ne devait en aucun cas accepter un objet offert par Persian.

- Voyons, Clarice, ce n'est qu'une baie. Prenez-la. Avec quoi voudriez-vous que je l'ai empoisonnée ? Clarice, s'il vous plaît. Je sais que vous n'avez pas déjeuné à midi et que vous devez sûrement être affamée. Je vous en prie, acceptez-la. Il n'y a rien de mal à cela. N'oubliez pas que seule votre bonne constitution vous éloigne un peu de votre statut de péquenaude, alors tâchez de l'entretenir.

Clarice fit saillir l'extrémité de ses griffes pour les planter dans la baie Oran. Le liquide sucrée qui s'en échappa coula le long de son pelage mauve tandis qu'elle mordait dedans à l'aide de ses crocs de féline. La lumière éclaira soudain la cellule où elle put voir, tout en recrachant le noyau, le Dr Persian qui se pourléchait les babines, comme s'il ingurgitait le même repas à travers elle.

- Que vouliez-vous savoir, agent Chaglam ?
- Un autre corps vient d'être retrouvé. Repêché, plutôt.
- Quand cela ?
- Avant-hier. C'est la raison pour laquelle je vous en conjure, Dr Persian, si jamais vous détenez la moindre information, donnez-la moi.
- Pourquoi ferais-je cela ?
- Vous m'avez dit que j'obtiendrais une augmentation, que... que je n'entendrais plus les Wattouat. Et surtout... surtout vous pourriez prendre votre revanche sur le pokémon qui vous a arrêté.
- Mangriff ? Que vient-il faire dans notre histoire ?
- Sablaireau a réussi à le convaincre de nous donner un coup de patte, cependant lui-même est dépassé par les évènements. Il ne parvient pas à cerner le profil psychologique de celui qui se fait appeler Monsieur Peau.
- Clarice, ma chère, si le monde était si simple, cela se saurait. Cela fait quatre ans que je suis enfermée dans cette cellule, vous rendez-vous compte ? Aussi longtemps que la durée qui sépare aujourd'hui de votre naissance. Que diriez-vous si vous aviez dû passer votre existence entière dans cette geôle ?
- Vous avez dévoré des pokémon, Dr Persian. Vous ne recevez que la juste punition que vous méritez pour cela.
- Allons, Clarice, pas de cela entre nous. Toutes ces créatures faisaient de biens meilleurs hors-d'oeuvres qu'interlocuteurs.

Chaglam abaissa ses paupières pour river son regard sur le sol en pierre grise. Persian s'était mis à faire les cent pas devant elle, parcourant sa cellule terne de long en large sans s'arrêter.

- Depuis tout ce temps, je n'ai pas revu une seule fois le monde extérieur. La seule fenêtre qu'il me reste, c'est ma mémoire. Voilà ce que je veux, Clarice : une fenêtre. Cradopaud m'a enlevé ma litière pour la remplacer par des galets et oblige chaque matin un Caninos à venir uriner devant la grille. Il ne peut rien faire de plus pour me compliquer encore davantage l'existence, mais ceci sera ma condition, Clarice. Je désire obtenir une vue en échange des informations que je vous fournirai.
- Dans ce cas, je vais essayer de négocier cela pour vous, Dr Persian. Je vous en donne ma parole.
- Je n'ai que faire de vos promesses, Clarice, car elles n'ont aucun sens pour moi. Respectez simplement ma volonté et je vous livrerai Monsieur Peau sur un plateau en argent.

Chaglam acquiesça d'un signe de tête réservé puis se décida à prendre congé. Barney Machopeur vint lui ouvrir la grille et demanda à l'un de ses collègues de la raccompagner jusqu'à la porte de l'asile. Elle refusa cependant : elle commençait très bien à connaître le chemin seule.

- Agent Chaglam ! l'interpela une voix dans son dos.
- Oui, Dr Cradopaud ?
- Je vous rappelle que Persian est mon patient... mon prisonnier. Et cet asile n'est pas un moulin. Combien de fois avez-vous encore l'intention d'aller et venir entre ces murs, tout cela sans m'informer de l'issu de vos entrevues avec ce monstre ?
- Je suis désolée, m'sieur, mais mes ordres sont très clairs. Le patron veut que j'interroge Persian et que je lui fasse un rapport complet à chaque visite sans mettre au parfum qui que ce soit d'autre.
- Un jour, toutes les relations de Sablaireau ne lui suffiront plus à forcer la porte de mon asile en dépit de mon désaccord.
- Ne vous inquiétez pas, je reviendrai bientôt, mais cette fois, Dr Cradopaud, soyez certain que ce sera la dernière. Au plaisir.

Le regard méprisant, elle tourna les talons, la queue dressée et les pattes souples, pour se diriger vers la sortie. Elle devait se rendre à la FIAP au plus vite. Comment convaincre Sablaireau de négocier de meilleurs conditions de détention pour Persian, qui était quasiment devenu un sujet tabou dans toutes les polices de Kanto ? Cradopaud était un salopard, comme ses traitements, mais cet argument serait classé irrecevable en cas de besoin.

Elle arriva à Azuria en fin d'après-midi. Pour mener sa mission à bien, elle avait encore dû rater une journée de cours. Elle savait qu'Ardélia Fouinar la ferait travailler, comme elle le lui avait juré, mais cela lui suffirait-il pour réussir ses examens après d'aussi fréquentes absences ?

Lorsque Clarice arriva à la FIAP, elle fut surprise de voir le bureau de Sablaireau désert. Elle interrogea sa secrétaire qui ne l'avait pas vu depuis qu'il était parti prendre sa pause déjeuner. Apparemment, il n'était pas revenu sur les lieux.

Elle s'apprêtait à lui laisser un message quand son oreille s'agita en percevant des murmures dans le couloir. Elle sortit aussitôt pour se retrouver museau à museau avec le visage défiguré de Will Mangriff qui affichait un air peiné. D'un profond soupir, il lui expliqua ce qui venait de se produire :

- Bella, la femme de Sablaireau, est morte tout à l'heure. La maladie l'a emportée alors qu'elle résistait depuis tout ce temps.
- Je suis désolée. Je peux faire quelque chose ?
- Pour le moment, retournez en cours, agent Chaglam. C'est ce qu'il y a de mieux pour vous. Vous avez vos examens à passer sous peu et vous avez fait votre maximum avec Persian.
- Justement... J'ai de nouvelles indications, à ce propos. Il a accepté de m'en révéler davantage au sujet de Monsieur Peau si... si j'acceptais de lui obtenir de meilleures conditions de détention.
- De meilleures conditions de détention ? répéta Mangriff avec colère. Vous êtes sérieuse, agent Chaglam ?
- Pas exactement dans ces termes. Il... Il veut une vue. Il désirerait que je lui obtienne une fenêtre sur le monde extérieur.
- Jamais, je dis bien jamais, et je pèse mes mots, agent Chaglam, personne n'acceptera de traiter avec Channibal Persian !

Furieux, il pénétra dans le bureau de Sablaireau tel un courant d'air, qui fit d'ailleurs voler un peu de paperasse. Clarice baissa les yeux : elle venait d'échouer. Le patron n'étant pas là et Mangriff ne voulant rien entendre, elle n'avait plus aucun moyen de soutirer les informations nécessaires au Dr Persian.

Obéissant aux ordres, elle regagna l'école de la FIAP où elle retrouva Ardélia Fouinar, avec laquelle elle commença à réviser le code du droit pokémon, ainsi que le code de combat. Avec l'acharnement de sa camarade, Clarice parvint à rattraper son retard accumulé au cours de la dernière semaine en une seule soirée.

- Où en êtes-vous dans votre enquête ? demanda Ardélia en faisant quelques étirements pour détendre ses pattes arrières.
- Nulle part. Le Dr Persian n'a rien voulu me révéler d'autre au sujet de Monsieur Peau si je ne lui obtenais pas quelque chose en échange.
- Nous y voila. Cette créature te manipule depuis le début, Clarice !
- Je... Je ne crois pas. Je pense qu'il est sincère avec moi. Il ne me fera pas de mal. J'ignore comment l'expliquer, mais... Je le sens, c'est tout.
- Tu es orpheline, ton père s'est fait renversé par une voiture quand tu n'avais même pas un an. C'est normal qu'encore aujourd'hui tu te cherches une figure tutélaire, mais je t'en prie, pas Persian. Pourquoi pas le gourou, tiens. Ce serait mieux, non ?
- Sablaireau ? C'est mon patron.
- Futur ex-patron. Et Persian un psychopathe.
- En attendant, c'est lui qui détient les réponses.
- Tu les trouveras, Clarice. Sablaireau a la meilleure équipe de toute la FIAP de Jadielle, d'autant que tu as l'insigne honneur de travailler avec Will Mangriff. Tu sais quoi ? Moi, à ta place, je crois que j'en profiterais à mort.

Clarice Chaglam leva les yeux au ciel avant de se pelotonner en boule dans sa panière. Elle lécha un instant ses pattes meurtries d'avoir tant marché au cours des derniers jours, puis s'endormit presque aussitôt, ses coussinets entrecoupés de poils soyeux posés sur son museau.

Ardélia Fouinar la réveilla en fanfare le lendemain matin pour leur entraînement quotidien. Elle semblait déjà en pleine forme, prête à aller courir un kilomètre entier avant de commencer un match d'exercice. Clarice, elle, mit du temps à se réveiller, les griffes enfoncées dans le coussin moelleux sur lequel elle dormait.

- Debout, fainéante ! Si tu ne te lèves pas, je ne te garderai pas de baies Mepo au petit-déjeuner, alors que je sais que ce sont tes préférées.

D'une attaque Griffe légère, Ardélia effleura son pelage mauve, ce qui l'obligea à s'agiter légèrement. En crachant, la queue hérissée, Clarice finit par obtempérer. D'être restée allongée trop longtemps dans la même position, des touffes violettes s'étaient figées dans le mauvais sens, et elle dut utiliser sa langue râpeuse pour les aplatir convenablement avant de suivre Ardélia.

Elles étaient en train de manger lorsqu'un Roucool fit irruption dans la salle de restauration de l'école, haletant, les plumes en bataille. Il venait d'ouvrir la porte à volée et le regard de tous les pokémon présents dans la pièce s'étaient aussitôt tournés vers lui. En quelques battements d'ailes, il s'arrêta devant Clarice et Ardélia afin de délivrer le message pour lequel il se trouvait ici.

- Monsieur Sablaireau m'envoie vous dire, agent Chaglam, qu'on signale à la FIAP une nouvelle disparition.
- Nom d'Arceus ! souffla Ardélia en agitant ses oreilles. Il ne s'arrêtera donc jamais, celui-ci ?
- Tu comprends, maintenant, pourquoi nous avons tant besoin de l'avis du Dr Persian sur le sujet ? Poursuivez, s'il vous plaît.
- Il s'agit de la fille de la chef des types électriques, Catherine Pichu Pikachu. Evidemment, comme toujours lorsque l'on touche au sommet de la hiérarchie pokémon, un plan d'alerte a immédiatement été lancé.
- S'agit-il de Monsieur Peau ?
- Hélas, nous craignons tous fort que le modus operandis soit le même que pour chacun de ses autres crimes.
- Quand a-t-elle disparu ?
- Hier soir, aux alentours de vingt-deux heures trente, voire vingt-trois heures. C'est son petit ami qui a constaté sa disparition en ne la voyant pas revenir de Safrania.
- Sablaireau veut que je vienne ?
- Le plus tôt possible. Il vous attend au bureau de la FIAP pour s'entretenir avec vous d'un sujet crucial. Il ne m'en a cependant pas révélé plus, il préfère tout vous dire de vive voix dès que vous l'aurez rejoint.
- Ardélia, tu...
- Ne t'inquiète pas, agent Chaglam. J'écouterai en classe pour deux aujourd'hui encore, mais je t'en conjure, arrête ce Monsieur Peau pour que tu puisses passer tes examens tranquilles !

Clarice lui adressa un sourire avant d'escorter le Roucool jusqu'à l'extérieur, où il prit de l'altitude pour aller annoncer à Sablaireau son arrivée immédiate. Evidemment, en volant, le trajet était beaucoup plus rapide, raison pour laquelle Clarice, bien qu'ayant couru aussi vite que ses pattes le lui permettaient encore, ne pénétra à l'intérieur de la FIAP qu'une dizaine de minutes après lui.

C'était un véritable conseil de guerre qui se tenait sur place. Les agents parlaient tout fort, se bousculaient, passaient d'un bureau à l'autre sans crier gare. Elle parvint à grand-peine à rallier celui de Sablaireau au milieu de toute cette agitation, où Mangriff et lui l'attendaient. Vue la gravité de la situation, elle s'abstint pour l'heure de lui souhaiter ses plus sincères condoléances, d'autant qu'elle n'était pas censée être au courant de quoi que ce soit au sujet de Bella.

- Vous désiriez me voir, patron ?

Sablaireau parut sursauter en entendant le son de sa voix, mais il se tourna finalement vers elle, son visage figé dénué de la moindre émotion. Il faisait tout son possible pour dissimuler son deuil, même s'il se lisait dans ses yeux.

- Will m'a dit hier que le Dr Persian voudrait négocier en échange de nouvelles informations à nous livrer, n'est-ce pas ?
- C'est ça, m'sieur.
- Parfait, alors je crois que l'enlèvement de Catherine Pichu Pikachu tombe à pic pour cela. Vous allez vous rendre à l'asile, agent Chaglam, et faire une offre au Dr Persian qu'il ne pourra pas refuser.
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