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Lecture du chapitre 2 | |
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Nom de l'œuvre : Passé - La fin d'un monde | Nom du chapitre : I - Faux départ |
Écrit par Tyranocif Rex | Chapitre publié le : 25/12/2013 à 22:54 |
Œuvre lue 34672 fois | Dernière édition le : 25/12/2013 à 22:54 |
13 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Le soleil matinal illuminait mon visage. Derrière moi, je laissais ce cher Xatu qui m'avait tout appris. Nul doute qu'il devait se trouver, comme à son habitude, dans les tréfonds des Ruines d'Alpha. C'est lui qui m'avait fait ses adieux quelques heures plus tôt, me réveillant dès l'aurore par télépathie avant de me téléporter à la sortie du plus vieux complexe archéologique de Johto. Je me souviens aujourd'hui encore de ses propos, si touchants et pleins de sagesse. - Fils. L'heure est venue pour toi de nous quitter pour rejoindre le monde des hommes. Je t'ai appris tout ce qu'il t'est nécessaire pour t'adapter à ce monde si différent du nôtre. Tes frères comme moi ne t'oublieront jamais. Mais garde le souvenir de tes origines. Ne suis pas le même chemin tortueux que tes semblables. Depuis que je suis né, il y a de cela si longtemps, je n'ai cessé de voir les conséquences des errements des hommes. J'espère que ta vie sera plus heureuse que ce que mes visions prédisent. Si je ne puis t'éclairer sur le présent que tu vas rejoindre, je ne puis que prévoir le futur. Et ce futur n'est en rien idyllique. Maintenant pars, et profite tant que tu le peux de ta nouvelle vie, avant que mes sombres prédictions ne se réalisent... C'est tout ce que m'avait dit mon vieux précepteur avant de me téléporter à l'extérieur. Comme tous les xatus, il voyait perpétuellement des visions éparses du futur du monde. Mais comme souvent, il devait exagérer pensais-je encore à l'époque. Hélas, cent fois hélas, comme tous les prophètes Xatu avait raison. Et comme tous les prophètes, il n'était jamais écouté. De même que les troyens n'ont pas écouté Cassandre, je n'ai pas écouté l'enseignement le plus important de mon mentor. Le futur ne pouvait pas être si sombre me disais-je. Pourtant, malgré toutes les conjurations mentales que j'avais bâti pour empêcher la réalisation des prédictions de Xatu, je sentais bien que, inconsciemment, il devait y avoir un fond de vérité dans ce qu'il disait. Entre autres fausses idées, je trouvais notamment insensé que l'avenir puisse être aussi noir alors même qu'autour de moi tout respirait le bonheur. Le soleil brillait au firmament. Plongé dans mes pensées, je fermais les yeux afin de sentir la délicieuse odeur du pollen dans l'atmosphère. J'entendais certains natus voleter gaiement dans les airs, d'autres roucouler et l'ordre de la nature suivre son cours. C'était si calme. Je me sentais si bien en cet instant : pendant deux minutes, je me sentais en harmonie totale avec l'environnement dans lequel j'avais grandi, mélange de végétation luxuriante et de bâtiments en ruine. Il y a quelques siècles encore, m'avait dit un jour mon mentor, les Ruines d'Alpha étaient le lieu touristique le plus couru de Johto. Des milliers de visiteurs les fréquentaient chaque jour, fascinés par ces constructions anciennes. Puis un jour, brusquement, les Ruines furent fermées à jamais au public. On ne sut jamais pourquoi : les sources officielles prétendirent que c'était afin de préserver les ruines des dégradations causées directement ou indirectement par les touristes. D'autres pensèrent que c'était par pure raison économique, afin de ne pas nuire au succès commercial du nouveau parc d'attractions de Doublonville, ouvert en – 220 [1] par la Sylphe SARL. Mais une chose était sûre : du temps de ma jeunesse, les Ruines d'Alpha avaient complètement disparu de la mémoire des hommes et n'étaient encore fréquentées que par de rares archéologues en quête de découvertes à faire. Je savourais ces quelques minutes de bonheur et profitai une dernière fois du cadre idyllique des Ruines d'Alpha. Qui, se préparant à partir à jamais du lieu de son enfance pour ne plus jamais y retourner, ne ferait pas de même ? Puis, je rouvris progressivement mes yeux cristallins : j'étais prêt désormais. Ayant fait le deuil de ma jeunesse somme toute très casanière, je commençais donc ce voyage vers la civilisation des hommes. Je pensais encore que cela serait facile, qu'aucun obstacle ne bloquerait ma route. Hélas, j'ignorais qu'un adversaire de taille m'attendait avant de pouvoir rejoindre une quelconque terre peuplée par des êtres humains. Cet adversaire, c'était la nature elle-même. En effet, quelques minutes après avoir emprunté et exploré dans le moindre de ses aspects la voie pavée qui traversait du nord au sud les Ruines d'Alpha, je fis une amère découverte : le chemin était bloqué. Il était bloqué par une épaisse forêt qui encerclait totalement mon foyer natal. Comment passer dans ces conditions ? Je n'allais tout de même pas devoir me frayer un chemin dans un endroit aussi dangereux, me disais-je. J'étais, pour ainsi dire, à ce moment-là et pendant plusieurs heures durant dans l'indécision la plus totale : Xatu m'avait enseigné l'art de la survie en société, en me donnant tous les référents culturels pour vivre normalement dans une société humaine ; en prévision de mon départ qu'il savait inéluctable. Mais jamais il ne m'avait enseigné l'art de la survie en milieu sauvage, ni appris que pour rejoindre l'extérieur de ce véritable sanctuaire de la nature j'allais devoir plonger dans les profondeurs d'une forêt aussi vierge que dangereuse pour un adolescent aussi fragile que moi à cette époque. A vrai dire, sans la suite des événements j'aurais même pu rester éternellement à faire les cent pas sur cette voie romaine. Face au danger, certaines personnes particulièrement courageuses n'hésitent pas à foncer tête baissée. Mais d'autres sont tout bonnement pétrifiés, du fait qu'ils intériorisent tellement les conséquences du danger en eux que cela brise toute velléité de l'affronter. J'appartiens à cette seconde catégorie : c'est ce jour-là que j'ai découvert ma véritable nature de couard. Comme je regrette aujourd'hui de ne pas avoir été impulsif comme tant de jeunes de mon âge et de ne pas avoir foncé tête baissée dans cette forêt. L'indécision est un poison qui touche les clairvoyants et les empêche d'agir quand il en est encore temps. Toujours est-il que durant toute cette journée j'étais resté dans la passivité la plus complète. Je me posai un nombre incroyable de questions totalement idiotes : allais-je dans la bonne direction ? Ne risquais-je pas d'être agressé par je ne sais quel pokémon en quête de chair fraîche ? Et pendant ce temps-là , la roue du temps tournait. Du ciel ensoleillé sans nuage de la matinée, la voûte céleste se changea au début de la soirée en un ciel chargé de nuages noirs et menaçants. La pluie tombait à présent, rendant une exploration de la forêt encore plus désagréable du fait de l'accumulation de l'humidité. Et tandis que le jour baissait, ma motivation du matin s'était muée en découragement en seulement quelques heures. Pourtant, je n'avais strictement rien fait de ma journée. Honteux de moi et dépité, je me dirigeais vers un des bâtiments en ruine du complexe archéologique, tournant ainsi le dos à l'imposante forêt qui m'avait mentalement tenu en échec durant toute une rotation solaire. Et c'est alors que les temps sombres commencèrent pour moi. Adossé à un pilier d'une grande salle remplie d'inscriptions en langage Zarbi, je m'étais endormi. J'aurais aimé pouvoir avoir une nuit reposante. Ce ne fut hélas pas le cas. Oh extérieurement bien sûr, tout semblait normal : je ne bougeais pas. Je m'étais progressivement effondré sur le sol du vieux temple. Mais dans mon sommeil, je fus pris dans un cauchemar abominable. Je m'en souviens comme si c'était hier. Dans ce cauchemar, je voyais tout d'abord une scène idyllique du monde des hommes : des citoyens buvaient une boisson rafraîchissante en plein été sur la terrasse d'un café. Un orgueilleux gratte-ciel en obsidienne surplombait la scène. Puis, j'avais soudainement une vision d'horreur de la même scène. Sous forme de flash extrêmement brefs et intenses, je voyais le gratte-ciel être coupé en deux par un séisme d'une puissance phénoménale. Un tsunami ravageait une ville entière. Une pluie de météorites détruisait champs et forêts. Enfin, trois lettres sur fond noir en écriture de feu apparuent : V V V. Trois V. Le même amoncellement d'images se répétait en boucle jusqu'à ce que je me réveille en sueur. La même nuit, à quelques ruines de là , le vieux Xatu était victime d'une vision analogue. Il souffrait. - Non, pas ça. Ca ne peut pas finir comme ça. Fils ! [2] Au même instant, j'entendis dans mon esprit la voix de mon mentor : il m'interpellait par télépathie. C'est cela qui me permit de redevenir conscient et de sortir de ce cauchemar. Après avoir levé difficilement la tête, je le vis avec surprise en face de moi. Il me regardait avec son habituel regard inexpressif. Je voulais lui dire quelque chose pour justifier ma présence ici alors qu'il m'avait clairement demandé le matin même de partir des Ruines d'Alpha. Je voulais m'excuser. Il m'en empêcha. - Inutile. Je sais tout et je vois tout. Tu n'as pas à t'excuser. Suis-moi, nous devons parler. |
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