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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 15
Nom de l'œuvre : Passé - La fin d'un monde Nom du chapitre : XIV - Mourir pour Prométhée
Écrit par Tyranocif Rex Chapitre publié le : 27/12/2013 à 23:00
Œuvre lue 34669 fois Dernière édition le : 27/12/2013 à 23:00
21 Octobre - 5 AM
Narrateur : Inconnu


Le Mont Argenté était enfin libéré de son bourreau. Plus rien ne s'opposait à notre entrée dans la province de Kanto à présent : la disparition de la Matriarche avait en effet fait disparaître en même temps tous les Xort'Udur qui gravitaient autour de la montagne. Johto devait donc être un peu sûre désormais, et cela ne pouvait qu'affaiblir le pouvoir du Consortium. J'ignorais encore à cette époque quel était exactement la nature du lien qui unissait la Lune Noire avec ce pouvoir du monde terrestre, mais la malfaisance qui se dégageait de ces deux entités ne laissaient aucun doute quant à l'existence de ce lien. Je devais donc me contenter de suppositions abstraites. Toujours était-il que, transporté par l'airmure d'Antoine, nous entrèrent rapidement en Kanto.

Au-delà du Mont Argenté, la première chose qui s'offrait au voyageur était un immense palais noir en obsidienne sur l'emplacement du Plateau Indigo. C'était le trait caractéristique de l'architecture du Consortium : il se dégageait de l'endroit un mélange de puissance et de froideur. Comme il semblait loin le temps du Palais Blanc des Destogorides, que l'on appelait alors encore la Ligue Pokémon. Aujourd'hui, ce temps était hélas révolu. Je me demandais d'ailleurs bien ce qui avait pu se passer ici depuis le début de l'année pour qu'un lieu aussi important subisse une mutation aussi marquée. Voletant autour de nous dans un halo lumineux, la Varne lut dans mes pensées et me répondit :

- Le Maître a été tué par un des Directeurs du Consortium. Son corps a ensuite été vidé et combiné avec un androïde pour que la population ne se rende compte de rien. Oui, telles sont les pratiques du Consortium.

Antoine et moi étions horrifiés. Antoine s'exclama de terreur :

- Mais...c'est horrible. Qui est le monstre qui a pu faire une chose pareille au père d'Octave ?

La Varne répondit ensuite :

- On le nomme Rudolph Estenia. C'est le Directeur Scientifique du Consortium ainsi qu'un homme aussi cruel qu'intelligent. Quiconque s'oppose au Consortium finit toujours tôt ou tard par croiser sa route, et rares sont ceux ayant réussi à lui survivre.

Ainsi, le dernier Maître s'avérait aussi être le père d'Octave. Voilà qui n'allait pas arranger le désir de vengeance d'Antoine. J'essayais de le calmer, mais à l'aune de ces informations il devint soudainement comme fou de rage. Il demande sèchement à la boule lumineuse :

- Où peut-on le trouver ?

La Varne répondit alors :

- Au Plateau Indigo, au cœur du Palais Noir. Il y a déporté tout son laboratoire il y a quelques mois, peu après que la Lune Noire ait exilé les Douze. Mais n'y allez pas, cela ne causera que votre perte.

Antoine ignora cette dernière phrase, et fit dévier brusquement son airmure de la trajectoire que nous suivions jusqu'à présent. Au lieu de poursuivre notre route vers Carmin sur Mer, l'oiseau se dirigeait à présent vers le nord. J'essayais de raisonner Antoine :

- Antoine, écoute-moi. Je sais que c'est difficile pour toi, mais nous devons continuer notre route. Ta quête de vengeance ne doit pas mettre en péril l'avenir du monde. Nous devons aller à Carmin sur Mer.

Mais Antoine ne revenait pas à la raison. Pire, en arrivant en face du Palais Noir il se rapprocha du sol et m'expulsa de l'arrière-train de l'oiseau. Avant de nous laisser seuls moi, mon pokémon ainsi que la Varne, il nous dit ces ultimes mots tandis qu'une haine indicible s'exprimait sur son visage :

- Tu ne peux pas comprendre. Je dois respecter le serment de mon frère, mais encore plus je dois le venger. Rudolph Estenia doit payer pour ses crimes.

Puis il s'envola en direction de l'intérieur du Palais Noir et disparut dans les ténèbres. J'étais à présent seul, une nouvelle fois : le compagnon de route avec qui j'avais vécu tant d'épreuves m'avait abandonné. Je regardais la Lune : elle au moins brillait toujours et ne faillissait pas à sa tâche. Que les humains étaient faibles : c'était une fois de plus dans la solitude que je trouvais le réconfort. La seule lumière qui brillait encore en ce bas monde était ce halo lumineux avec une voie féminine ainsi que les yeux bleus de mon galekid. Tout le reste n'était qu'hostilité. Et pourtant, malgré la trahison d'Antoine j'avais envie de l'aider. Et même au-delà de cela, quelque chose m'attirait à l'intérieur de l'obscure forteresse : quelque chose d'ancien. Tandis que je fixais l'immense portail d'entrée du bâtiment, la Varne dit :

- C'était prévisible. Rongé par le désir de vengeance, il ne pouvait demeurer éternellement à tes côtés. A présent, il est perdu : viens, reprenons notre route. L'endroit est dangereux, je ressens une présence se rapprocher de nous.

Mais je ne réagissais pas : j'étais comme absent. Je marchais lentement vers l'entrée, comme du métal attiré par un magneti. La Varne me demanda plusieurs fois de repartir au sud, chaque fois avec un peu plus d'insistance et d'inquiétude. Finalement, la présence dont l'esprit parlait apparut : c'était un abra. L'abra nous emprisonna tous les trois dans trois sphères psychiques de couleur violette, avant de réunir les sphères en une seule plus volumineuse. Puis, le pokémon se métamorphosa en un homme de petite taille au visage et au corps caché par un imposant exosquelette noir sur lequel se trouvaient des circuits rougeoyants véhiculant une énergie mystérieuse. Celui qui était désormais notre geôlier nous fit ensuite face pour nous parler sur un ton psychotique :

- Enfin je vous retrouve petits chenapans. Cela fait six mois que je te cherche, Elu. Et on peut dire que tu m'auras fait courir : mais tu es fait comme un rat désormais.

Après avoir hoché la tête brièvement en direction du Palais Noir avant de nous refaire face, il continua ensuite :

- Oh, tu t'inquiètes pour ton ami ? Allons, n'aie pas peur : tu vas très bientôt le rejoindre. Mon Seigneur sera ravi d'être ton hôte.

Il se mit ensuite à rire de folie puis à hurler de souffrance. Il mit ses mains sur son masque, tentant de le retirer de toutes ses forces tout en parlant tout seul :

- Non, laisse-moi sortir ! Je ne leur veux aucun mal.

Un hurlement plus puissant que les autres s'ensuivit ensuite, déchirant la nuit. Puis, la voix psychotique se refit entendre :

- Il est agaçant à gémir tout le temps, tu ne trouves pas Elu ? Désolé de t'avoir fait attendre, je sais que tu es impatient de rejoindre ton ami. Le temps d'ouvrir les portes du Paradis, et ce sera chose faite.

L'homme masqué rit alors aux éclats, ravagé visiblement par la folie. Puis, il projeta ses bras avec les mains ouvertes en direction du portail avant d'émettre une puissante vague télékinétique qui ouvrit avec violence l'entrée du Palais Noir. Dans le même temps, le médium déplaça la sphère psychique dans laquelle nous étions enfermés devant lui et avança vers l'intérieur de la forteresse. La cour centrale du fort était composée en cercles autour de laquelle se trouvaient des baraquements sur les flancs du complexe et une immense tour au centre. Des gardes se trouvaient un peu partout, et avaient tous subi des mutations génétiques plus ou moins poussées avec des pokémons : certains avaient un corps de ponyta et une tête d'humain, d'autres un cou démesurément long ainsi qu'une collerette à l'arrière qui les faisaient ressembler à des arbok humains. Tous étaient totalement horribles, immondes et abjectes : l'endroit me terrifiait.

Voyant la terreur sur mon visage, l'homme masqué sourit avant de se rapprocher de moi et de dire :

- Tu n'es pas content de rencontrer tes nouveaux amis ? Allons, tu ne tarderas pas à ressembler à eux.

Après un nouveau rire dément, l'homme activa par télékinésie un bouton se trouvant sur la base de la tour. Instantanément, une trappe circulaire et métallique s'ouvrit sur le sol. Notre geôlier nous y fit tomber dedans. Après plusieurs minutes de chute durant laquelle la sphère psychique se désagrégea progressivement, nous atterrirent sur une table d'opération immaculée de sang. Je me relevai, prit mon pokémon sur l'épaule et fit le tour du propriétaire : la pièce dans laquelle nous étions était petite. On y sortait par une unique porte qui était blindée, tandis que sur tous les murs étaient adossées des tables de travail remplies d'instruments et de liquides étranges. Il y avait notamment une incroyable quantité de fioles accrochées au-dessus d'une de ces tables. En lisant l'étiquette d'une d'entre elles, je pus lire :

Génotype d'insécateur


Immédiatement après, la porte blindée s'ouvrit. C'est là qu'apparut un homme en blouse blanche, aux yeux bleus cachés par des lunettes et des cheveux longs. Il avait des prothèses métalliques sur tout le corps : son cou était en acier, ainsi que ses mains et ses pieds. En marchant, il faisait un bruit similaire à celui d'un robot. L'homme enleva ses lunettes pour nous regarder. Son regard était effrayant de perversion et d'avidité. J'avais vraiment l'impression qu'il était prêt à me tuer dans l'instant. Il fit ensuite quelques pas afin de nous forcer à reculer, puis se mit à parler sur un ton froid et cynique :

- Enfin. Enfin je t'ai devant moi, Elu. N'aie crainte, tu es un spécimen trop précieux pour que je prenne le risque de t'abîmer pour le moment. Je suis Rudolph Estenia, le maître de ces lieux. Suis-moi, j'ai beaucoup de choses à te dire.

Je n'avais pas vraiment d'autre choix que de lui obéir : il pouvait m'anéantir à tout moment, j'en avais la certitude. Je le suivis donc. En sortant de la pièce, j'atterris dans une immense salle où étaient disposées plusieurs rangées de modules de stase dans lesquels se trouvaient des humains, des pokémons, des embryons et toutes sortes de chimères qui ne pouvaient sortir que de l'esprit dérangé d'un savant fou. Les murs comme le sol étaient jonchés de squelettes en décomposition, de cadavres et de sang encore humide. Le responsable de cet endroit sordide, tout en s'assurant que je le suivais d'assez près, continua ensuite :

- J'espère que Xerxès ne t'a pas trop effrayé en venant ici. Il est vrai que malgré le Masque de Contrôle, son ancienne identité a quelques résurgences. Mais peu importe : enfin, tu es venu à moi comme je l'avais prévu. Et ton Antoine a parfaitement joué son rôle...

Je ne comprenais pas. De quoi parlait-il ? J'interrompis donc courageusement Estenia, en lui demandant sur un ton de colère et d'incompréhension :

- Que voulez-vous dire ? Antoine n'a jamais été à votre service, c'est un Destogoride.

Le professeur sourit, avant de me répondre :

- Ah, ce que tu es naïf mon pauvre enfant. Antoine a été à mon service depuis la première fois que tu l'as rencontré : c'est moi qui lui ai ordonné de venir à ta rencontre. Je t'étonnerai peut-être en t'apprenant que c'est lui-même qui a tué son cher frère Octave de ses propres mains ? Il a été ma chose depuis le début. D'ailleurs, regarde-le ton cher ami Antoine. Regarde ce qu'il est réellement !

A cet instant, l'index du savant fou pointa vers un des recoins de la salle d'expérience. Là se trouvait Antoine, assis à quatre pattes comme un bébé en train de parler avec le robot qui fut autrefois le père d'Octave. Il semblait totalement idiot, bien loin de l'image qu'il avait donné de lui jusqu'ici. Il touchait l'androïde désactivé avec ses mains, tout en lui parlant comme à lui-même :

- Papa, quand est-ce que j'aurais mon premier pokémon ? Dit Papa, pourquoi t'as pas confiance en moi ? Je serais Maître Pokémon !

Je n'en revenais pas. Je criais à Antoine :

- Antoine, reviens à la raison ! Que fais-tu ? As-tu oublié ton serment ?

Mais il ne me répondit pas. Et, tandis qu'il continuait à parler tout seul comme un enfant de huit ans, le professeur Estenia se mit à rire avant de continuer à me parler :

- Tu perds ton temps, je l'ai trépané afin de lui ôter son cerveau d'adulte pour le remplacer par celui de l'enfant d'un de mes cobayes. Que la Science est amusante, n'est-ce pas ? Bref, maintenant je pense que tu te rends compte de ta situation. Personne ne t'a jamais aidé, toutes tes actions y compris ton combat contre la Matriarche n'ont été permises que parce que je le voulais. Et maintenant, tu es mien. Grâce à toi, mon rêve va pouvoir s'accomplir.

Tu seras l'outil du renouveau de l'Humanité, qui permettra l'émergence d'un monde de perfection débarrassé de la faiblesse des hommes et de l'indiscipline des pokémons. Un monde de machines, sans cet infernal facteur de faiblesse qu'on appelle émotion. Un monde de Raison tourné vers le progrès.


Désabusé, je ne voyais pas l'utilité de m'opposer à lui. Son discours technocratique me révoltait, mais que pouvais-je faire ? Lui envoyer mon pokémon qu'il pouvait détruire en un instant ? Non, je me contentai de temporiser en lui demandant ce qu'il attendait de moi.

- Enfin, te voilà raisonnable. Voit cette stase qui se trouve sur ta gauche : elle renferme mon plus grand projet. Le projet du fondateur de la Team Rocket. Faire renaître Mewtwo, mais en le rendant contrôlable et discipliné. L'échec du premier Projet Mewtwo résidait dans le fait qu'il se reposait trop sur les forces intrinsèques des pokémons. Giovanni était un fin politique, mais un scientifique médiocre comme tous les siens. La Force ne peut être maîtrisée que si on lui ôte toute part de libre-arbitre, de conscience et d'instinct.

C'est là où tu interviens. Car contrairement à tous tes semblables, tu as toujours refoulé ton égo. Certes, c'était au profit d'une cause que tu jugeais supérieure mais là n'est pas l'essentiel : tu es le seul humain suffisamment stoïcien et discipliné pour pouvoir servir de matrice au génotype de Mewtwo. Puis, une fois que la fusion génétique sera complète de manière à ce que la puissance de Mewtwo soit associée avec ton absence de conscience propre qui pourrait conduire l'esprit à se rebeller contre le corps, j'intègrerais ce génome en moi et ainsi plus personne ne pourra plus s'opposer au règne de la Science sur la terre. Un monde de progrès continu sans morale pour s'y opposer...voilà quel doit être l'avenir du monde. Les prétendus Dieux, à commencer par la Lune Noire, s'écrouleront devant moi et le monde connaîtra un nouvel âge d'or.


En entendant le projet fou de Rudolph Estenia, je reculai sans même le vouloir, terrifié. Il voulait que, comme Antoine avant lui, je lui serve à accomplir ses bas desseins. Le savant était totalement mégalomane, comme si des années de frustration envers le monde des hommes venaient de s'exprimer. Mais quelque chose d'autre m'intriguait : il avait dit que la Lune Noire se soumettrait à lui. Pourtant, Estenia n'était-il pas du Consortium et donc lié de plus ou moins près à ce sinistre projet de ressusciter le Xort'Majora ? Tout en m'éloignant de lui, je lui posai cette question. Il me répondit alors :

- Non, je ne suis pas un de ces laquais de la Lune Noire. Je vois bien plus haut que d'être la chose d'un spectre ténébreux qui fait pleurer les petites filles durant la nuit. Ceci dit, tu as raison sur un point : oui, le Consortium n'a d'autre but que d'obéir aux volontés de la Lune Noire. Et donc oui, il veut ressusciter le Xort'Majora. Il a déjà commencé à le faire. Et c'est aussi pour cela que tu dois t'unir à Mewtwo et à moi : car je suis le seul à même d'empêcher le monde de courir à sa perte.

Que crois-tu pouvoir faire seul, Elu ? Crois-tu vraiment que le réveil de la Lune Blanche parviendra à empêcher le réveil du Xort'Majora ? La Lune Blanche parviendra certainement à affaiblir la Lune Noire, mais pas à empêcher le destin de s'accomplir. Sait-tu réellement ce qu'est le Xort'Majora ? J'en doute : comme tout le monde après tout tu dois t'en faire une idée très floue. J'ai étudié le sujet pendant des années, et je vais te révéler ce que cette chose est réellement. Il s'agit d'un pokémon venu du fond des âges, antérieur à la création du monde. Lorsque Groudon créa la terre, il l'a fait à partir d'un noyau : ce noyau, c'est le Xort'Majora que l'on appelle aussi Kyurem, l'Etre du Néant. Si Kyurem est réveillé, le Néant qui l'habite plongera le monde dans un froid tel que toute forme de vie sur terre disparaîtra instantanément. Ce sera la fin du monde.


Face à tant d'informations, je fus pris d'un malaise. Après avoir repris mes esprits, je me relevai tout en réfléchissant devant le scientifique qui commençait à s'impatienter. Ainsi donc, Rudolph Estenia malgré tout son pouvoir était une sorte d'ennemi de l'intérieur du Consortium ? Paradoxalement, et malgré la folie vaniteuse qui était la sienne, le savant avait raison. Que pouvais-je faire, seul face à un empire doté de moyens énormes et un pokémon à la puissance démesurée ? Je devais m'allier à lui malgré la haine que je lui vouais pour avoir fait subir tant d'horreurs à tant de gens. Mais allais-je faire le bon choix ? J'étais rongé par un dilemme insoluble : qui avait raison ? Mon vieux maître xatu ou le génie subversif du Consortium ? Deux chemins s'offraient à moi au fond à moi. Je pouvais mourir par loyauté aux Douze en refusant de me soumettre à Rudolph Estenia. Ou bien je pouvais mourir comme le souhaitait le scientifique, mais en ayant une chance beaucoup plus élevée de sauver le monde de la dévastation.

Finalement, ce fut le second choix qui l'emporta. Je dis donc au professeur Estenia :

- Très bien, je me soumets à vous. Faites de moi ce que vous voulez, vous m'avez convaincu. De toute façon, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent n'a été permis que parce que le destin a voulu que je ne meure pas. Si mon heure est venue, et bien ainsi soit-il.

L'homme à la blouse blanche fut alors pris de surprise. Il avait depuis le début de la conversation les mains fermement accrochées à ses poches intérieures, comme s'il était prêt à m'attaquer et s'attendait à ce que je lui résiste. Pour la première fois, il abandonna son sourire pervers d'amateur d'empirisme immoral pour un sourire neutre et presque compatissant. Il sortit ses mains métalliques de ses poches, se rapprocha de moi et les mis sur mes épaules tandis que j'avais baissé la tête en signe de soumission. Puis, il me dit doucement :

- Tu as fait le bon choix. Grâce à ton sacrifice, tu me permettras d'accomplir mon rêve tout en sauvant le monde de la dévastation. Si tu avais résisté, tu m'aurais prouvé que je m'étais trompé sur ton compte et que tu n'étais en fait qu'un autre de ces humains vaniteux. Pour avoir été le seul à être parvenu à me surprendre, je vais t'accorder un ultime souhait avant ta mort. Que désires-tu le plus au monde ?

Instinctivement, je pris mon pokémon dans mes bras et les mit devant moi. Le galekid me regardait fixement, un peu effrayé. Je le regardai à mon tour en souriant, avant de relever la tête vers le professeur Estenia. Je lui répondis ensuite, sur un ton empli d'émotion :

- Je veux que rien n'arrive à mon pokémon. Je ne veux pas que vous l'endommagiez ni que vous l'altériez comme tous les autres pokémons qui ont eu le malheur de tomber entre vos griffes par le passé. Je veux que vous preniez soin de lui...et lui trouviez le moment venu mon successeur.

L'air grave, le savant prit mon pokémon qu'il garda ensuite dans ses bras à la manière d'une mère protégeant son enfant. Puis, il me répondit :

- Très bien. Ta volonté sera faite. Installe-toi à l'intérieur du module de stase situé sur la gauche de celui de Mewtwo. Le processus va enfin pouvoir démarrer. J'ai attendu ce moment pendant si longtemps...

Je m'exécutai ensuite avec discipline tout en savourant mes derniers instants de vie. L'intérieur du module de stase était totalement blanc, composé au sol de cercles concentriques séparés par de fins circuits. Au centre se trouvait une sorte de trappe sous la forme d'un ventilateur qui permettait au liquide de stase de pénétrer et d'endormir l'hôte qui y était enfermé. Diverses molécules devaient également être acheminées par ce biais afin de modifier l'hôte selon les désirs du scientifique. Après être entré, le professeur se rapprocha de moi. Puis, tout en me fixant, il appuya sur un bouton qui referma le module de stase et sur un autre qui m'immergea dans un liquide qui me rendit progressivement amorphe. Les derniers mots que j'entendis furent les suivants :

- Stérilisation du module de stase : effectuée. Neutralisation du réseau nerveux du sujet : effectué. Processus de fusion génotypale : 0 %. Bien, tout fonctionne comme prévu.

Puis j'entendis le professeur s'éloigner et mon pokémon me regarder avec tristesse mais aussi une certaine résignation. Je perdis ensuite l'usage de mes sens et n'entendis plus que le silence le plus total.

VI

Le destin est facétieux
On croit le diriger
Alors que c'est lui qui nous dirige

Pour accomplir la volonté des Douze
J'avais dû être trahi par celui que je croyais être mon ami
J'avais dû m'allier à celui que je croyais être mon ennemi
Pour empêcher la boîte de Pandore de s'ouvrir
Je devais me soumettre au Dieu de la Vanité
Je devais mourir pour la Science


Temple des Anciens
Epitaphe du Prophète
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