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Lecture du chapitre 16 | |
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Nom de l'œuvre : Passé - La fin d'un monde | Nom du chapitre : XV - Une vie de mensonge |
Écrit par Tyranocif Rex | Chapitre publié le : 27/12/2013 à 23:01 |
Œuvre lue 34677 fois | Dernière édition le : 27/12/2013 à 23:01 |
18 Février - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf 0 Au crépuscule de mon existence Et tandis que mes semblables S'élèvent de nouveau vers les cieux de la décadence Oublieux de l'équilibre sans lequel nulle vie ne demeure Je ne puis passer sous silence la fin de ce siècle Dont je fus le témoin L'importance qu'a mon patronyme C'est l'Histoire qui la déterminera Car l'Homme n'est ni maître ni esclave du destin Il en est un acteur Il fut un temps où les hommes construisirent de fiers monuments Il fut un temps où ils dominèrent les flots par de splendides navires Il fut un temps où les armées de la Raison faisaient trembler le sol Et, d'un pas cadencé, lui permirent de tutoyer les maîtres anciens du cosmos Mais l'ivresse des sommets nous fit perdre le sens commun Le progrès nous fit oublier les traditions Et ce que nous appelions conservatisme n'était en fait que bon sens Tout cela pour une seule chose L'Ambition Temple des Anciens Epitaphe du Chevalier Datation : + 80 Le soleil me brûlait le visage de son éclat ardent. Sur le sol sablonneux du désert d'Hoenn, mes pas étaient de plus en plus lourds. Autrefois, je fus Denaro Wolf. Maintenant, je ne suis plus qu'un homme qui erre dans un territoire hostile. La chaleur me pesait tant. Depuis combien de temps étais-je tourmenté par ces terres d'illusion et de souffrance ? J'avais l'impression que cela faisait une éternité que j'errais ici, telle une âme damnée. Je n'avançais maintenant presque plus, il aurait suffi d'une chute pour que plus jamais je ne me relève. C'est finalement ce qui advint : le pied pris dans un rocher, je m'effondrai et ma tête se retrouva brutalement dans le sable brûlant. Je perdis connaissance. Etais-je mort d'épuisement ? Il semblait que non, car un temps indéterminé plus tard j'entendis des bruits de pas écrasant le sable se rapprocher de moi et se faire de plus en plus audible au fur et à mesure de l'avancée des secondes. Puis, plus rien : les bruits de pas furent supplantés par une voix. C'était une voix féminine et joviale. - Un soldat du Consortium, ici ? Il est encore vivant et il est si jeune...Sardonis en est donc réduit à ces extrémités : envoyer des enfants effectuer ses basses besognes. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici, si loin de Lavandia ? La voix se tut ensuite, et je sentis une force me soulever avant de me déposer sur ce qui devait être une épaule. Le sable ne me brûlait plus le visage et je me laissais porter par cette femme, incapable de bouger. J'étais si épuisé par ces journées d'errance dans le désert qu'il m'était tout simplement impossible de ne serait-ce qu'ouvrir les yeux. A un autre moment toutefois, j'entendis autre chose. Un bruit de moteur assourdissant fendit en effet le silence du désert. Ce bruit surprit d'ailleurs tellement ma sauveuse qu'elle se cacha dans une dune en regardant les alentours. J'ignore ce qu'elle y vit, mais elle laissa échapper quelques mots. - Rudolph Estenia, que manigance-tu ici à Hoenn ? Puis, elle reprit sa route. Où elle me conduisait, je l'ignorais. Mais elle semblait très bien connaître le Consortium pour mentionner deux Directeurs Consortium en aussi peu de temps. De mon côté, je finis par succomber pour de bon à la fatigue et je perdis donc connaissance. Quelques heures plus tard, je me réveillai dans un environnement tout autre. Je me trouvais dans une grotte où il faisait étonnamment frais. Allongé sur un lit naturel de pierre recouvert de paille, et j'étais partiellement dévêtu et recouvert de pansements. Devant moi, la femme qui m'avait sauvé lisait un journal qu'elle avait extrait de mon sac à dos. Elle lut à voix haute. [img]http://img4.hostingpics.net/pics/656358GazetteXV.png[/img] Après avoir lu la une de ce journal, elle le jeta violemment par terre. Après être enfin sorti de la torpeur de ce réveil difficile et plein de courbatures, je levai pour la première fois les yeux vers cette mystérieuse femme. C'est alors que j'eus un choc : une longue chevelure brune et des yeux bleus. Aucun doute n'était possible : la demoiselle qui m'avait sauvé s'avérait également être la Directrice de l'Information du Consortium. Personne ne connaissait son nom hormis le Directorat, car elle était chargée des services d'espionnage du Consortium. A ce titre, garder le mystère sur son identité réelle était indispensable pour bien remplir sa mission. Et pourtant, c'était bien cette femme qui me faisait face. Cela expliquait du coup pourquoi elle connaissait tant le Consortium : elle en était issue. Mais que pouvait-elle bien faire ici, si loin de Doublonville ? Et pourquoi m'avait-elle secouru alors que je n'appartenais pas à son Département ? A toutes ces questions et à bien d'autre, elle allait répondre au cours d'un échange qu'elle engagea immédiatement après avoir remarqué que je la regardais. Tout en parlant, elle faisait les cent pas dans la grotte avec les mains dans le dos. - Ah, tu es enfin réveillé petit soldat de Sardonis. N'aie crainte, je ne te veux aucun mal. Sinon je t'aurais laissé crever dans le désert. Mais avant que j'aille plus loin, je te poserais une simple question : pourquoi Sardonis t'a envoyé ici ? J'étais méfiant. Ce qu'elle me faisait subir ressemblait à s'y méprendre à un interrogatoire en règle. Pendant toute mon enfance, j'avais grandi avec le rêve de servir dans l'Armée du Consortium. Tout cela ressemblait trop à un piège et surtout j'avais trop à perdre pour pouvoir tomber dedans comme un rattata dans les fils de la toile d'un migalos. Instinctivement, je tentai donc de me lever tout en refusant frontalement le dialogue avec cette brune dont la ruse n'était plus à prouver. - Laissez-moi, vous savez très bien que je n'ai pas le droit de vous répondre. Je dois remplir ma mission. Mais ce qui aurait pu être une magnifique preuve de probité et de discipline ne fut qu'un pitoyable échec. Endolori et affaibli par des jours d'errance dans le désert le plus grand et le plus dangereux du monde, je ne parvins pas à mettre un pied devant l'autre et m'écroula donc sur le sol. La femme à la longue chevelure brune laissa échapper un rire avant de me prendre par l'épaule et de me reposer délicatement sur le lit. Puis, elle poursuivit la discussion que j'étais désormais contraint, de gré ou de force, à subir. - Une forte tête hein ? J'aime ça ! Mais où crois-tu aller comme ça petit homme ? Le désert de Hoenn est immense et je suis la seule ici à en connaître les chemins. Mais comme j'ai beaucoup de temps à perdre, si tu ne veux pas répondre à cette question sensible nous commencerons par faire plus ample connaissance. Ah, les hommes...Qui es-tu tout d'abord : as-tu une famille qui attend ton retour ? Réponds à mes questions et je répondrais aux tiennes très volontiers. J'aurais bien voulu mentir, mais à quoi bon ? La Directrice de l'Information devait être passée maîtresse dans l'art de détecter le mensonge. Et je me connaissais assez pour savoir que le mensonge n'était pas vraiment ma tasse de thé. La question qu'elle me posa éveilla en moi un sentimentalisme que j'avais pensé avoir enfoui au plus profondément de mon être depuis bien longtemps. Qui étais-je ? Avais-je une famille ? Oui, il me semble bien qu'avant que je rejoigne l'Armée du Consortium un couple avait dû m'engendrer. Je répondis donc presque naturellement à cette question anodine, qui n'engendrait après tout aucune violation du contrat qui m'unissait au Consortium. - Je suis né il y a dix-neuf ans à Autequia, sur les flancs du Mont Chimnée. La seule famille que je n'ai jamais eue était un pauvre couple de paysans qui ne survivaient que grâce à la fertilité des terres volcaniques de la région. Voilà , vous avez votre réponse. Maintenant à moi de vous poser une question : qui êtes-vous exactement, madame la Directrice de l'Information et que faites-vous ici ? Satisfaite, la brune aux yeux azur répondit avec une douceur et une gentillesse qui endormit progressivement ma méfiance. - Ah, tu vois que quand tu fais des efforts tu arrives à quelque chose. Bien, je vais répondre à ta première question. Mais avant que je te révèle ce que je suis vraiment, laisse-moi te dire une chose. Tu es sacrément privilégié jeune homme, car mis à part le Directorat je n'ai révélé mon identité à personne jusqu'à présent. Mais comme tu m'es sympathique, je ferais une exception pour toi. Je suis Irène, duchesse de Vermilava et il est vrai que j'ai effectivement été Directrice de l'Information du Consortium. Oui, je sais les titres de noblesse ne veulent plus rien dire en cette époque de folie. Et c'est bien dommage. Mais tu voulais savoir qui j'étais, je t'ai donc répondu. Ainsi, la Directrice de l'Information non seulement s'appelait Irène, était de noble extraction et surtout n'appartenait plus au Consortium. Voilà qui non seulement me mit en confiance, mais me rendit également plus spontané à son égard. Sans lui laisser la possibilité de me poser une autre question, je l'interrompis. - Vous avez quitté le Consortium ? Irène de Vermilava aurait pu se vexer de mon outrecuidance. Mais il n'en fut rien. Bien au contraire, elle semblait ravie de cette spontanéité et cette vigueur d'esprit que je venais de recouvrer. Elle me répondit donc, toujours avec cette voix douce. - Ah, tu me semble bien enthousiaste tout à coup. Mais ce n'est pas un souci, car comme je l'ai déjà dit j'ai le temps. Pendant dix ans je fus Directrice de l'Information du Consortium. A l'époque, j'étais encore emplie de la naïveté et du même enthousiasme juvénile que le tien. Après le meurtre de mon père, Armand VI de Vermilava, par une troupe de mercenaires de la Devon SARL je criais vengeance. Je voulais créer un monde où tout serait sous contrôle. Un monde où j'aurais pu prévoir l'arrivée de ces mercenaires en empêcher la mort de mon père. Mais au fil des années, j'ai dû me confronter à la dure loi de la politique : à Doublonville, les Directeurs n'avaient que faire du Bien Commun. Rudolph Estenia par exemple, le Directeur Scientifique maintenant en fuite, prétendait créer le paradis sur terre en transformant les hommes en machines sans cœur. Il voulait détruire l'Amour et accéder à la gloire éternelle. Il ne vivait que pour lui-même, jamais pour les autres. Sardonis, l'ancien Directeur de la Sécurité est devenu Président à vie du Consortium. N'est-ce pas la preuve absolue de cette obsession des dirigeants du monde pour leur profit personnel ? J'ai élevé la voix durant les séances du Collège des Directeurs bien des fois. Jamais je n'ai été écoutée. Bien au contraire, on prenait à chaque fois mon humanité pour de la faiblesse. Alors, j'ai quitté le Consortium. Et désormais, je ne sers que le Bien Commun. Les utopies folles et vaniteuses de ma jeunesse, j'en ai fait le deuil. Et j'espère que tous les autres hommes reviendront à la raison et se révolteront contre le Consortium. Les fous qui gouvernent à Doublonville...mettent en péril l'existence même de la vie sur Terre. Si je t'ai sauvé, c'est aussi parce que je voyais en toi le reflet de ce que je fus. J'ai vu trop d'hommes se faire manipuler par la propagande Directoriale. Je me fiche bien au fond de la mission que t'as donné Sardonis, car l'essentiel est ailleurs : veut-tu, comme moi jadis, te faire berner jusqu'au bout par ces pourris ? Ils sont passés maîtres dans l'art de manipuler les masses en leur faisant miroiter des lendemains qui chantent. Face à la fois au récit de sa vie et le discours militant que me faisait Irène, je ne savais pas vraiment que répondre. Depuis tout jeune, comme tous les jeunes de mon âge j'avais été éduqué dans l'amour de soi et du Consortium. Nous ne vivions que pour jouir, jamais pour la concorde. Nous ne vivions que pour consommer, jamais pour perdurer. Comment réagir face à une telle contradiction entre ce qui m'avait construit pendant des années et la remise en cause brutale de ces convictions bien ancrées dans mon esprit comme dans celui de la quasi-totalité des humains de mon temps ? Nous construisions les plus grands bâtiments en détruisant les montagnes. Nous construisions les plus grands bateaux en faisant travailler les pokémons comme des forçats. Nous jouissions d'un niveau de vie sans penser aux conséquences que cela avait sur notre âme et sur l'équilibre du monde. Une seule réaction était possible : le rejet. - Non, cela ne peut être vrai. Vous devez mentir, j'ignore quel illuminé vous a fait entrer dans le crâne de telles absurdités. Rudolph Estenia a certes été un monstre, mais Sardonis va reprendre le contrôle de la situation ! Le système ne peut être aussi vicié, c'est vous qui exagérez. Le gouvernement veut notre bien à tous, ce n'est pas maintenant que les pokémons sont à notre merci que nous allons retourner à l'âge de pierre. Je ne veux pas en entendre plus ! Laissez-moi tranquille. Je me mis ensuite en position fœtale et, comme un enfant, me mis à pleurer. La réplique que je venais de donner à cette si douce Irène m'étonnait moi-même, c'était comme si je venais de recracher des années de propagande de la gazette de Doublonville en quelques secondes avec toute la violence de la jeunesse. Je voulais y croire encore, à ce confort rassurant du prêt-à -penser, mais je n'y arrivais pas. Le discours d'amour et de concorde d'Irène s'insinuait en moi, mais j'avais peur. La peur de l'inconnu : c'était cette peur plus que l'adhésion en soi à l'idéologie mortifère du Consortium qui maintenait dans un état de sujétion l'humanité et la conduisait vers le désastre. Cela, je ne le compris que plus tard. Prostré, luttant entre dogme et idées généreuses, je souffrais. Quant à Irène, elle ne m'en voulut même pas. Elle était même attristée de me voir dans cet état et, fidèle à son caractère, elle comprit parfaitement ce que je ressentais. Elle se contenta ainsi de dire quelques mots. - Je comprends. Moi aussi, au début je ne voulais pas me rendre à cette dure réalité. Et cette prise de conscience n'a été que progressive chez moi, pardonne-moi. Je n'aurais pas dû te brusquer. Laisse-moi juste te poser une question : pourquoi as-tu rejoint l'Armée du Consortium ? La diplomatie : cette femme maîtrisait cet art à la perfection. Quoi de plus naturel après tout pour une espionne professionnelle. Progressivement, je commençais à me calmer et à digérer ces révélations. Je ne les acceptais néanmoins pas encore, mais le doute était maintenant installé dans mon esprit. Je relevai la tête, puis mon corps endolori et la regarda de nouveau. La compassion se lisait dans son regard. Je répondis sobrement - J'ai rejoint le Consortium pour connaître l'aventure, m'enrichir et surtout devenir quelqu'un. Irène allait poursuivre, quand soudain un tremblement vibra dans la grotte. Sur ma gauche, dans un angle, une porte cachée s'ouvrit. De là jaillit un homme qui m'agrippa par le cou et sortit une pokéball. Il appuya ensuite sur le bouton d'activation, et de là jaillit un gobou. Il me força ensuite à regarder le pokémon et vociféra : - Petit idiot. Regarde ce pokémon, tu crois vraiment que tes divagations de jeune ambitieux qui ne pense qu'à sa pomme valent plus que l'amour et la beauté de ces bestioles ? Les pokémons ont été là bien avant que ta mère ait ne serait-ce que commencé à penser à bécoter ton père. Tu crois vraiment que cela vaut la peine de gâcher toute cette beauté juste pour jouir durant un misérable siècle ? Irène, ne perds pas ton temps avec ce jeune blanc-bec : il est comme tous ces crétins qui ne vivent que par procuration avec le Consortium. Laisse-moi l'égorger comme un poulet, il ne mérite que ça pour salir ce sol de son âme corrompue par le Vice. Dire que j'étais mal à l'aise était un doux euphémisme. Irène non plus n'était pas à l'aise. A son tour, elle sauta à la gorge du bonhomme qui m'étranglait avec force avec toute la puissance de la poigne d'un homme dans la force de l'âge. Dans la foulée, elle sortit à son tour une pokéball de laquelle jaillit un autre pokémon. C'était cette fois un arcko. Puis, elle hurla avec la violence d'une harpie. Pris en otage entre deux feux, je ne pus qu'assister à la scène qui s'ensuivit de manière totalement impuissante. - Lâche-le, Sebastien ! C'est à lui de prendre sa décision, et tuer un homme pour ses idées est étranger aux valeurs de notre mouvement. S'il veut rester dans l'Erreur, libre à lui mais nous n'avons pas à verser un sang aussi jeune. Ce serait nous abaisser aux méthodes du Consortium et à devenir comme eux. Je n'ai pas quitté ce gouvernement de meurtriers comme devenir une meurtrière à mon tour. On en était venu à un tableau absolument cocace où j'étais étranglé par l'homme qui était lui-même étranglé par Irène. Sentant que la situation allait lui échapper, l'homme aux muscles d'acier me lâcha violemment en me repoussant sur le mur de pierre pour se concentrer sur Irène. Le choc de mon crâne avec la paroi fut réel, mais bénin : je m'en sortis donc avec un simple bleu. Quant à la joute verbale, elle se poursuivait. - Tu es trop gentille, Irène ! A tous les coups ce mioche est un agent de Sardonis qui est chargé de nous infiltrer. Il faut qu'on le crève avant qu'il ne révèle à ses chefs l'emplacement de notre cachette. Tu ne vas pas me faire croire qu'il est possible de retourner les soldats de l'Armée du Consortium : tu as vu par toi-même comment ils sont formés. Aucun soldat de Sardonis n'est accepté sans subir un lavage de cerveau solide. La querelle se prolongea pendant de longues minutes : tandis que l'homme multipliait les appels au meurtre et avait les yeux injectés de sang tellement la rage de tuer était forte en lui, Irène tentait de le calmer en prenant ma défense. Ils en étaient même venus aux mains et ce qui n'était au début qu'une dispute finit par devenir une véritable bagarre. Seuls étaient témoins de la scène avec moi l'Arcko d'Irène et le gobou de l'homme. Tous semblaient s'ennuyer au plus haut point. Ultime provocation à l'égard de leurs maîtres, ils finirent même par leur tourner le dos et se rapprocher de moi. J'étais terrifié : dans l'Armée du Consortium, les armes à concussion avaient depuis longtemps remplacé les pokémons. Un des premiers enseignements que donnait les sergents instructeurs à la caserne était de voir les pokémons comme des ennemis et des créatures nées esclaves dont l'affranchissement ne pouvait que les rendre dangereux pour l'Homme. Et pourtant, c'était deux pokémons qui me faisaient face. Nous nous regardâmes en chiens de faïence pendant de longues minutes tandis que les deux belligérants se livraient une guerre totale à faire passer Sardonis pour un enfant de chœur. Puis, le gobou grimpa sur mon épaule. Ce fut ensuite le tour du pokémon gecko, arcko. C'est alors que se fut la révélation. Tout l'édifice idéologique dans lequel m'avait enfermé le Consortium pendant des années s'écroula. Les pokémons ne sont pas les ennemis des hommes. Ils ne sont pas non plus des esclaves. Ils sont la condition de la survie matérielle et spirituelle des hommes : sans eux, il n'aurait pas pu se défendre contre les prédateurs. Ils ont tous crée. Le Consortium a toujours voulu cacher cela aux hommes. Utilisant le désir de domination inhérent à l'homme, il les a éloignés de la Vérité. Ce n'est pourtant ni le cœur, ni la raison, ni la contrainte qui me fit comprendre cela mais deux petits pokémons en apparence insignifiant. Mais, comme c'est souvent le cas dans l'Histoire, ce qui est insignifiant a paradoxalement beaucoup plus de poids dans le déclenchement des évènements que ce qui a du poids. L'ouragan ne m'a fait pas fait chanceler : c'est la petite brise revigorante du matin qui l'a fait. Les deux petits pokémons avaient senti que quelque chose se tramait en moi : leur mission était en quelque sorte accomplie. Ils reprirent donc leur place sur le lit de pierre, regardant la rixe qui se poursuivait. Prenant mon courage à deux mains et animé d'une force nouvelle, je me levai et cria. - Arrêtez ! Les deux belligérants ensanglantés et bardés de bleus, en entendant ce cri déterminé, s'arrêtèrent instantanément et me regardaient fixement. L'homme monsieur fit ensuite rapidement une roulade sur la gauche de façon à s'accouder sur la paroi située juste devant le lit de pierre et, tout en soufflant, se mit à me fixer avec scepticisme. Quant à Irène, elle s'écroula sans effets de manche en se plaçant face au lit. Tous deux étaient épuisés et m'écoutaient parler. - Vos pokémons m'ont convaincu. Je suis résolu à trahir le Consortium et à suivre votre cause. Une vie d'erreur et de crimes s'arrête pour moi en ce jour, pardonnez-moi. Un silence de mort s'ensuivit ensuite. Intimidé, je lâchai finalement mes ultimes mots de soldat du Consortium. - Heu...je ne suis pas habitué à parler tout seul comme ça, alors vous pouvez me dire ce que je dois dire maintenant ? Vous savez, à l'armée c'est marche ou crève : on nous demande pas vraiment de réfléchir mais plutôt d'obéir aux ordres. Assez honteux, je craignais la réaction d'Irène et de son acolyte. Je craignais surtout la réaction de son acolyte à vrai dire : il n'était pas vraiment du genre tendre. Finalement, ce fut la libération : tous deux éclatèrent de rire. C'était un rire puissant : jovial et spontané. C'était un rire de fraternité qui faisait presque oublier le pugilat qui s'était déroulé seulement quelques secondes plus tôt. Après le rire, l'homme baraqué se leva et se rapprocha de moi. Avec sa musculature, il était imposant et ce d'autant plus qu'il devait faire près de deux mètres puisqu'il manquait à chaque pas de se cogner sur le plafond bas de la grotte. Il posa ensuite sa poigne qui m'effrayait encore sur mon épaule puis m'adressa la parole pour la première fois de façon calme et bienveillante. - C'est bien mon petit. Tu peux m'appeler Sebastien. Pardonne-moi pour tout à l'heure mais je suis du genre sanguin. Bref, bienvenue chez toi : je te retrouve en bas pour la visite du propriétaire. L'homme partit ensuite par la porte cachée d'où il était entré. Irène, quant à elle, ne se déplaça pas. Elle avait été plus sévèrement blessée que Sebastien : sans réfléchir, je m'approchai d'elle pour l'aider mais elle refusa fièrement mon aide. Après avoir enfin pu se relever avec les plus grandes difficultés du monde, elle me dit simplement quelques mots avec son beau regard qui aurait fait pleurer le plus impitoyable des tyranocif du Mont Argenté. - Je suis fière de toi. Tu as rencontré mon mari, on aime bien se battre : c'est aussi ça vivre à l'écart du monde. Ça évite l'hypocrisie, c'est bon pour la vie de couple ! Toujours est-il que je te souhaite la bienvenue dans les rangs du Parti Concordien. Nous réunissons tous les ennemis de la folie suicidaire du Consortium, ta force de caractère nous sera très utile. Tout en boitant, Irène traversa à son tour l'ouverture. Elle était suivie des deux pokémons libérés plus tôt, arcko et gobou. Je les regardais s'enfoncer dans les profondeurs de la montagne. Avant de rentrer à mon tour, je méditai quelques instants. Puis, je lâchai quelques derniers mots avant de courir vers ma nouvelle vie. - Arcko, gobou...merci. |
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