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Lecture du chapitre 19 | |
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Nom de l'œuvre : Passé - La fin d'un monde | Nom du chapitre : XVIII - Une juste cause |
Écrit par Tyranocif Rex | Chapitre publié le : 27/12/2013 à 23:03 |
Œuvre lue 34674 fois | Dernière édition le : 27/12/2013 à 23:03 |
18 Février - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf La porte était maintenant ouverte. Face à moi s'étendait à présent un long tunnel rocheux. C'était un tunnel analogue à celui que j'avais emprunté six heures plus tôt pour rejoindre les Concordiens, à ceci près que des torches éclairaient le chemin et que d'étranges bustes de pierre avaient été gravés à même la roche. Ces bustes, répartis dans des cavités sur les parois gauche et droite du tunnel, donnaient l'impression aux visiteurs que cet endroit était gardé par eux. Associé aux effets de lumière rougeoyants des torches sur les parois, tout concourait à donner à l'endroit une ambiance presqu'occulte. En tout cas, elle était clairement intimidante. Irène s'avança, m'invitant à la suivre. Je m'exécutai, suivant au maximum les pas de l'ancienne Directrice du Consortium pour ne pas la perdre de vue. En même temps, j'observais craintivement ces étranges bustes dont les visages paraissaient si vivants qu'ils semblaient prêts à parler. Sentant l'inquiétude irrationnelle qui m'assaillait, Irène se mit à parler sans pour autant stopper sa marche. - Je te sens tendu, Denaro...ce sont les bustes qui te perturbent tant ? Oui, moi aussi lorsque Sébastien m'a emmenée ici pour la première fois ici j'étais mal à l'aise. Tu as vu comment, où que l'on se trouve, ils semblent nous fixer ? J'ignore qui les a sculptés, et encore moins quand. Nous l'ignorons tous. Mais un des membres du Conseil affirme que ces bustes représenteraient vingt Maîtres Destogorides, du temps où la Ligue Pokémon avait encore un pouvoir. C'était bien avant l'ère du Consortium... C'est tout ce que dit Irène. A ce petit point d'information succéda en effet un long silence. Un long silence qui n'était interrompu que par le crépitement des torches et le bruit sourd de nos pas. Une ambiance de mort régnait ici : l'ambiance d'un tombeau. Oui, j'avais la sensation que ces bustes cachaient quelque chose. Ils représentaient les Destogorides, les maîtres légendaires de la Ligue Pokémon. Très peu porté à la science historique, ce n'était pourtant pas la première fois que j'entendais ce nom. Mais où avais-je bien pu le croiser ? Je me triturai les méninges quelques secondes, tout en ralentissant sans m'en rendre compte mon rythme de marche. Ces quelques secondes se transformèrent imperceptiblement en minutes. Irène était maintenant à cinquante mètres de moi, et s'approchait de la sortie, qui s'avérait être en apparence un cul-de sac. C'est à ce moment précis que je me souvins de ma première rencontre avec les Destogorides. Cela remontait à plus d'un an, mais je m'en souvenais comme si c'était hier. Comment oublier une telle journée ? C'était le 22 mars – 20, deux mois après mon enrôlement dans le 71ème Corps d'Armée de l'Armée du Consortium, que je fis la rencontre des Destogorides dans l'opération commandée par celui qui n'était encore à l'époque que Directeur de la Sécurité : Siegfried Sardonis. Cette opération représentait à merveille Sardonis : elle était sanguinaire et sans la moindre once de pitié. Les ordres avaient été clairs : il fallait détruire purement et simplement le Palais Royal des Destogorides et exterminer tous ses résidents. Tout cela n'a été qu'un immense bain de sang, mais j'étais encore à l'époque complètement fanatisé par la propagande de mes supérieurs. Il fallait vaincre le fanatisme, faire périr les apôtres de l'ordre ancien afin de favoriser l'instauration d'un âge de paix où le Consortium et la Science supplanterait enfin la Ligue et la Superstition. Des Destogorides, sous forme humaine comme pokémon, j'en ai tué des dizaines sans faire la moindre distinction d'âge ou de sexe. Tout le monde y passait : les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards. Ceux qui voulaient s'enfuir étaient bombardés par l'artillerie. Nous n'avions pas de pokémons, ils en avaient : c'était le combat de la technique face à la nature. C'était le combat de la Barbarie face à l'Amour. Combien d'enfants de ces ancêtres illustres dont le buste trône dans ce tunnel ais-je tué ? C'est moi, Denaro Wolf, qui ait tué l'Archevêque. C'est moi, Denaro Wolf, qui ait tué Octave et vu de mes propres yeux Sardonis ordonner la destruction de sa Bibliothèque ; que l'on estimait être la plus riche du monde en ouvrages anciens. C'est moi, Denaro Wolf, qui est le responsable de tant de crimes. En me remémorant tout ce déchaînement de violence que j'ai accompli contre les Destogorides et les pokémons, je ne pus m'empêcher de m'écrouler sur le sol en sanglots. Dans mon écroulement, ma pokéball me glissa des mains et atterrit sur le sol, à quelques mètres de moi après quelques rebonds. Sous le sol, elle libéra mon chamallot. Me voyant ainsi prostré en train de pleurer sur le souvenir de mes crimes passés que ce lieu avait réveillé en moi, chamallot se rapprocha de moi d'abord avec son traditionnel air impassible. Puis, rapidement, la tristesse s'empara également de moi. J'avais beau ne lui avoir rien dit, et cela n'aurait de toute manière servi à rien puisqu'il n'est pas un pokémon psy, il me comprenait parfaitement. Je le sentais. C'est lui qui me donna la force, après quelques minutes de sanglots abondants mais nécessaires, de me relever et de rattraper Irène. Mais la blessure profonde que j'avais infligée à ces bustes en m'attaquant à leurs descendants, où tout du moins que je pensais leur avoir infligé du fait du regard inquisiteur que je croyais voir en eux, cette blessure je la sentais en moi. Pour la première fois de ma vie, je ne donnais plus la souffrance : je la ressentais. Etais-ce cela le dur chemin de la rédemption ? Je finis donc par rattraper Irène. Elle se trouvait dans un cul-de sac, mais cela ne semblait nullement l'inquiéter : à la place, elle faisait les cent pas. Au vu de cette ronde psychotique, j'en déduis qu'elle devait m'attendre depuis un certain temps. Me voyant enfin arriver en courant et haletant, elle se rapprocha de moi pour me dire quelques mots. - Enfin tu es là ! Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ? Essoufflé, je parvins toutefois à lui répondre rapidement. - Un passé douloureux a refait surface...Mais je vais mieux, maintenant. Elle est ici la sortie ? Pourtant, je ne vois aucun passage. Paradoxalement, ce moment de faiblesse que je venais de subir m'avait rendu plus fort. Les pleurs et le regret purifient l'âme et lui permettent d'avancer. Désormais, ce passé ne me faisait plus peur. Il est vrai que j'avais été un monstre à une époque, mais plus maintenant. Et si je ne sais quel rescapé de ma folie meurtrière venait à s'avancer vers moi demain, j'étais dorénavant capable de le regarder en face et de m'excuser avec sincérité. Maintenant, seul m'importait la vie que j'allais mener au sein des Concordiens. Je devais tout à Irène et les pokémons. Ma question interloqua Irène, mais était aussi fort compréhensible pour un néophyte tel que moi dans la mesure où ce qui nous faisait face ne ressemblait nullement à une porte. Face à nous, c'est une simple paroi semblable à beaucoup d'autres qui nous barrait la route. Elle était composée de la même roche que les alentours, et nulle différence chromatique ne la distinguait des autres surfaces rocheuses du tunnel. C'est pourquoi Irène sourit d'abord, avant de me répondre tranquillement. - Oui, en apparence ce n'est qu'une voie sans issue. Mais tu sais Denaro, il y a beaucoup de choses dans le vaste monde qui paraissent ne pas exister. C'est un passage secret, encore un. Maintenant, suis-moi : le Conseil se trouve juste derrière. Suivre Irène ? Je ne compris d'abord pas, étant attaché à l'intégrité de mon nez. Cette incompréhension s'avéra toutefois être de courte durée, en tout cas jusqu'à ce que la stupéfaction ne m'atteigne lorsque je vis Irène traverser le mur comme un passe-muraille. Ainsi, ce mur n'était qu'une illusion ? Pour ne pas rester seul dans ce tunnel sordide et aussi parce que désobéir à Irène n'aurait servi à rien, je m'engageai moi aussi en direction de l'intrigante paroi. A mon tour, je la traversai comme un spectrum traverse les murs de manoirs hantés les nuits de pleine lune. Chamallot me suivit immédiatement après, sans éprouver la moindre difficulté. J'étais stupéfait : comment une telle chose pouvait être possible ? Je me retournai d'abord en arrière, afin d'essayer de comprendre. C'était invraisemblable : la paroi semblait, ici aussi, réelle. Et pourtant, elle ne l'était pas. Perturbés, moi et mon pokémon nous retournèrent ensuite de nouveau afin de suivre Irène qui se trouvait à quelques pas de nous. C'est là qu'un spectacle grandiose nous attendait. Devant nos yeux ébahis, s'étendait en effet une immense salle circulaire en roche finement gravée du sol au plafond, en passant par les murs. Au fond, le sol surélevé avait permis d'installer de hautes tables semblables à celles que l'on pourrait trouver dans des tribunaux. Là , cinq personnes me regardaient avec intérêt tandis que je me rapprochais d'eux. En contrebas et à mon niveau, des piliers encerclaient une dalle de pierre. Sur cette dalle était gravé une fois encore le symbole que j'avais déjà remarqué tantôt, juste avant ma confrontation avec l'excentrique Saturne. En fait, à bien y regarder c'était même exactement la même dalle à ceci près qu'elle était cette fois en pierre et non plus en métal. Mais ce qui était le plus impressionnant, c'était l'immense vitrail qui s'étalait en hauteur sur les murs de la pièce. Je faisais la toupie en tournant sur moi-même afin de pouvoir admirer cette œuvre d'art. C'était magnifique : bien que je ne comprenne pas vraiment quel était le message des vitraux, ils représentaient des pokémons légendaires très connus qui se combattaient. J'étais émerveillé et ignorant. Cette ignorance, c'est la voix d'un des cinq personnages qui me fixaient depuis leur promontoire qui l'anéantit. - Magnifique, n'est-ce pas ? C'est la Fresque des Destogorides. Elle représente les moments-clés de la constitution du monde par les Douze dieux majeurs du Panthéon. Comme je doute que les jeunes d'aujourd'hui soient intéressés par la mythologie, laisse-moi te montrer comment il faut la lire. Voit en haut, devant toi : Arceus, après avoir créé l'univers et triomphé du Xort'Majora que tu vois enterré tout en bas de la fresque sous un tas de cendres, dirige l'ordre cosmique et est le Dieu des Dieux. Il est à la source de tout. En dessous, figure Rayquaza. C'est le Dieu de la Voûte Céleste. Son souffle a plongé Kyogre, le Dieu des Mers et Groudon, le Dieu de la Terre, dans un profond sommeil après que leur combat ait crée l'Ordre Terrestre. A la gauche et à la droite d'Arceus, ses fils et seconds règnent à ses côtés : ce sont Dialga, le Dieu du Temps, et Palkia, le Dieu de l'Espace. Leur affrontement a créé les dimensions, au même titre que celui de Kyogre et Groudon a permis l'éclosion de la vie que tu vois représentée par Mew, le Pokémon Primordial, sur la surface terrestre et au-dessus du Xort'Majora. Entre eux, en dessous de Arceus mais au-dessus de Rayquaza, le Trio Originel les empêche de se réunir et assure ainsi l'équilibre cosmique : ce sont Créhelf, Créfollet et Créfadet. Ce sont les représentants d'Arceus sur Terre. Les Zarbis sont ses messagers, que tu vois autour de lui. Retourne-toi maintenant : après avoir créé le monde, une partie des Douze s'est soit endormie, soit a rejoint Arceus dans les Colonnes Lances. Pour assurer l'équilibre terrestre, Rayquaza a créé Ho-Oh et Lugia afin de veiller sur l'Ordre Terrestre en son absence, sur terre comme sur mer. C'est lui qui protège de ses ailes cet orbe terrestre que tu peux voir. Lui aussi, les Zarbis le servent. Ce sont les Zarbis Alpha, tandis que les émissaires d'Arceus sont appelés dans les textes les Zarbis Oméga. Beaucoup les confondent. A gauche, à droite et en bas de la Terre les trois Dieux du Climat balaient les cieux en apportant foudre, gel et activité volcanique : ce sont respectivement Electhor, Artikodin et Sulfura. Ici aussi, beaucoup d'ignorants prétendent que Groudon est le père de Sulfura alors qu'il est issu du Dieu des Cieux, Rayquaza... Il restait deux parties des vitraux qui me restaient encore inconnues, respectivement situées sur ma gauche et ma droite. Je n'en avais cure, mais contrairement aux précédentes, ces parties étaient plus endommagées. L'étrange érudit était tout de blanc vêtu, avec une capuche qui masquait son visage. Il n'eut pas le temps de terminer son explication, qui m'ennuyait mortellement bien que je n'osais pas l'interrompre. Il m'effrayait presque : qui savait de quoi il pouvait être capable ? Heureusement pour moi, un autre des cinq hommes assis en hauteur lui donna un coup de coude avant de lui intimer l'ordre de se taire. - Silence ! Je sais que tu ne nous as rejoints que récemment, mais ce n'est pas la peine pour assommer notre invité avec tes leçons de théologie qui n'intéressent que toi. Approche-toi, Denaro Wolf. Nous avons à te parler. L'homme était musclé. Il l'était d'ailleurs tellement que la musculature de Sardonis, qui m'avait toujours impressionné, semblait presque de la bagatelle en comparaison. Il était borgne, une grande cicatrice lui parcourant à la verticale son œil droit crevé, et son aspect général était assez intimidant. Autant dire qu'il valait mieux ne pas faire le malin. Irène me regardait, sans esquisser le moindre sourire. Dire qu'elle était au garde-à -vous était un euphémisme. Je me rapprochai donc, me plaçant au milieu de l'immense dalle entourée de piliers. La brute épaisse qui avait cloué le bec à l'érudit encapuchonné reprit ensuite la parole, sur un ton extrêmement sévère et méfiant. - Bon, Irène nous a dit que tu es un soldat du 71ème Corps d'Armée du Consortium qui souhaite rejoindre nos rangs. Elle nous a également dit que tu as triomphé de l'épreuve de Saturne, et si j'en crois le pokémon qui est à tes côtés elle n'a pas menti. Mais dis-moi, pourquoi un criminel de guerre de la pire espèce comme toi veut rompre avec une vie de vice qui t'assure richesse et gloire ? Je fixai de mes yeux verts la masse de muscles éborgnée qui me fixait sans grand intérêt. Mon cœur battait la chamade : l'homme semblait prêt à se lever et à me décapiter à main nue séance tenante. Calmement, je respirai un grand coup et lui répondit non sans une tension certaine dans la voix. - Parce que des pokémons m'ont convaincu que la richesse et la gloire, comme vous dites, n'apporte que le malheur à autrui. Et apporter le malheur à autrui, apporte en dernier recours le malheur à soi-même. Je veux combattre pour une cause qui ne soit plus celle du crime, mais celle de la Vertu. Je veux combattre pour que les monstres du Consortium qui ont profité de ma faiblesse d'esprit juvénile paient leurs crimes. Je veux que Sardonis meure, et qu'enfin la paix entre humains et pokémons soit de nouveau possible. Mon discours militant mais sincère ne semblait avoir en rien altéré le visage empli de scepticisme de la masse musculaire qui me faisait face. En plongeant mon regard dans le sien, je sentais qu'il était persuadé que je mentais. Brutalement, il donna un ordre au membre du Conseil situé tout à droite. - Comme tu parles bien. Mais des beaux parleurs, des espions, j'en ai vu passer des dizaines ici. J'espère pour toi que tu ne mens pas, sinon mon mackogneur va avoir un cadeau ce soir. Lirina, c'est bien toi qui a un pokémon qui sait sonder le cœur des hommes ? Alors, libère-le ! Je veux savoir à qui j'ai affaire. La dénommée Lirina était une femme relativement âgée, vêtue d'un vêtement en tissu pourpre et décoré de symboles en or. Elle avait des yeux blancs, comme si elle était aveugle. D'un geste, elle sortit une de ses pokéballs et la pointa vers l'avant de la dalle sur laquelle je me trouvais. Avant de libérer son pokémon, elle répondit faiblement. Sa voix était chevrotante, mais aussi un peu démente. - Mais bien sûr, Grand Maître Xanathor. C'est le moment de vérité, qui de l'Ombre ou de la Lumière se cache dans ce jeune cœur ? Nous allons le savoir tout de suite. Instantanément après, un pokémon de type Psy en sortit et atterrit juste devant moi. La soudaineté de son arrivée me fit reculer de quelques pas par réflexe. Chamallot n'était pas plus rassuré que moi. C'était un hypnomade qui nous faisait face. Il se rapprocha de nous au maximum, avant de mettre son pendule en face de nos yeux et de l'agiter tout en glissant quelques mots. - Endors-toi, humain. Je vais sonder ton âme... Je m'endormis aussitôt, sans m'en rendre compte. Il est très difficile de lutter contre l'hypnose exercée par un hypnomade, à fortiori sans entrainement préalable. A mon réveil, le pokémon baissa son pendule, se retourna et annonça à voix haute les résultats du travail qu'on lui avait demandé d'effectuer. J'étais angoissé, et ce d'autant plus que Xanathor, le Grand Maître du Conseil, ne trouvait rien de mieux à faire que de faire craquer les os de ses mains. - Lumière. J'ai vu que son âme était il y a encore peu de temps dominée par l'Ombre, mais ce n'est plus le cas. L'Ombre recule en lui, au profit de la Lumière qui est maintenant dominante. Vous pouvez lui faire confiance, et ce d'autant plus qu'il veut accomplir sa rédemption. Sa détermination à servir les pokémons et les intérêts du Parti Concordien est sans faille. Je laissai s'échapper un ouf de soulagement en entendant la réponse favorable que donnait l'hypnomade de Lirina à mon égard. Irène, pour la première fois depuis notre entrée ici, esquissa également un sourire. Xanathor, quant à lui, semblait déçu de ne pas pouvoir ramener un punchingball humain à la maison ce soir pour ses pokémons de type Combat. Professionnel, il se contenta de prendre une feuille de papier et un crayon avant de tirer les conclusions de ce test ultime qu'il m'avait fait subir. - Très bien. Au nom du Conseil du Parti Concordien, tu es accepté dans nos rangs. Etant donné que tu as un pokémon de type Feu et Sol et que tu es plutôt courageux si j'en crois le dossier que Saturne nous a transmis après ton épreuve de ce matin, tu es affecté au Groupe Groudon. Irène, nous te chargeons de le guider vers ses quartiers. La séance est levée ! Les cinq membres du Conseil Concordien quittèrent ensuite les uns après les autres la pièce sans m'adresser le moindre regard. Ils sortirent par la fausse paroi par laquelle j'étais entré une petite heure plus tôt. Si j'en croyais ma montre optique, il était maintenant 18h40. Désormais seul avec Irène, elle se rapprocha de moi et se mit à mes côtés sur la dalle rocheuse. Elle me dit quelques mots, les premiers depuis notre entrée dans cette splendide salle de conseil. - Tu vois, ce n'était pas si terrible. Xanathor n'est une brute insensible en apparence tu sais. Il a créé le Parti Concordien, le poids des responsabilités implique une certaine sévérité vis-à -vis des nouveaux venus. A peine Irène eut-elle fini de parler, qu'un bruit assourdissant se fit entendre dans la pièce. C'était comme le bruit d'engrenages qui s'actionnaient. La dalle commença ensuite à descendre profondément sous terre. Ce n'était cette fois-ci pas une trappe mais un monte-charge : décidément, les Concordiens avaient de fantastiques ingénieurs. A moins qu'ils n'aient fait que remettre en service une structure déjà ancienne...Toujours est-il que tout en descendant, nous voyions des portails fermés tout autour de nous au-dessus desquels des inscriptions indiquaient à quoi ces sorties correspondaient. Le complexe qui structurait les sous-sols du Quartier Général du Parti Concordien semblait immense. Pendant ce temps d'attente dans le monte-charge, j'en profitai pour poser une question à la femme qui m'accompagnait. - Dites-moi Irène...Xanathor a dit qu'il m'avait affecté au Groupe Groudon. Ça veut dire quoi ? Amusée par cette question dont la réponse semblait évidente à ses yeux, l'ancienne Directrice du Consortium répondit avec sa gentillesse et son calme si caractéristique. - Le Groupe Groudon fait partie des douze groupes d'intervention que compte le Parti Concordien. Toi qui as été dans l'armée, tu peux voir cela comme l'équivalent d'une armée...à l'échelle de la petite structure que nous sommes bien sûr. Chaque Groupe a une mascotte, qui a été choisie parmi les Douze dieux du Panthéon et qui représente ses valeurs. J'appartiens, par exemple, au Groupe Artikodin. Mon mari, Sébastien, appartient au Groupe Sulfura. De toute façon, nous arrivons : tu vas vite voir tout cela par toi-même. Irène avait vu juste : au moment où elle terminait de me répondre, le monte-charge décéléra jusqu'à finalement s'arrêter. Un portail métallique s'ouvrit ensuite, révélant ce qui se trouvait au-delà . Nous nous engouffrâmes donc dans le chemin qui s'offrait à nous, quittant la dalle rocheuse qui nous avait menés jusqu'ici. L'environnement avait peu changé : sol, parois comme plafonds étaient toujours composés de roche. Mais cette roche était d'une autre couleur : elle était désormais couleur sable, tandis que jusqu'ici la pierre était d'une coloration plus sombre. Surtout, signe que l'on se trouvait de nouveau dans un monde civilisé, cette pierre était finement taillée sous forme de damier de telle sorte que l'on avait plus l'impression d'être dans un château que six pieds sous terre. Après avoir traversé un petit couloir, une immense statue de Groudon en or massif nous accueillit. En-dessous d'elle, des offrandes d'armes, de fleurs et de nourriture avaient été déposées. Je laissai échapper un mot qui résumait à merveille mon état d'esprit en cet instant. - Impressionnant... Mon accompagnatrice ne me laissa toutefois pas m'émerveiller une fois de plus et me demanda de continuer de la suivre. En face de la statue, sur sa droite, figurait un couloir éclairé par des torches. C'est là que nous nous dirigions. Marchant sur la gauche d'Irène, elle me montra la première porte du doigt sans s'arrêter, puis me glissa encore quelques mots. - Ici, ce sont les dortoirs des combattants du Groupe Groudon. C'est ici que tu vas dormir désormais. Bienvenue dans ton nouveau foyer. Nous traversâmes ensuite le reste du couloir, pour déboucher sur une salle rectangulaire assez grande. Là , au nord et au milieu de la pièce, un écran géant était disposé. Il était pour le moment éteint, mais je déduisis très vite que ce n'était que temporaire. Ce n'était que temporaire, car un attroupement déjà conséquent de jeunes comme de moins jeunes gens vêtus d'un uniforme rouge et noir attendaient là , assis. Voyant arriver Irène, tout l'attroupement se releva brusquement pour se mettre au garde-à -vous. Cela aurait impressionné un civil, mais en tant qu'ancien militaire cela ne m'étonnait qu'à peine. Quant à Irène, étonnée elle ne l'était pas du tout. En tout cas, cela ne l'empêcha pas de faire une annonce à voix haute à la meute d'hommes et de femmes en rouge et en noir qui lui faisaient face aussi droits qu'un phasme. - Rompez, Groupe Groudon. Je suis ici pour vous annoncer que le jeune homme qui se trouve à mes côtés vient d'être accepté dans vos rangs. Son nom est Denaro Wolf : accueillez-le comme il se doit ! Ils acquiescèrent, avant de s'asseoir de nouveau en face de l'écran plat. Je fis de même, mal à l'aise comme tout bleu rejoignant un groupe inconnu. Sur ma gauche, un homme assez jeune, aux yeux bridés et surtout qui avait la caractéristique d'être totalement chauve m'aborda. - Alors comme ça, Xanathor t'a affecté ici ? Seuls ceux à qui Saturne a donné un pokémon de type Feu ou Sol nous rejoignent. Dis-moi, quel pokémon t'a-t-il donné ? Je répondis alors, déjà un peu plus à l'aise. L'homme était assez jovial et sympathique, ce qui me changeait des têtes d'enterrement que j'avais fréquenté pendant un an et demi à la Caserne de Doublonville. - J'ai eu un chamallot. Mais laisse-moi te poser une question à mon tour : qu'attendez-vous donc ? Ce n'est pas lui, ni personne dans l'aimable assemblée qui me répondit. Ce fut Saturne en personne. Je ne m'étais pas rendu compte que, pendant que je parlais, l'écran s'était allumé. Par-delà les pixels, le visage si reconnaissable du porygon-z en charge du réseau informatique du Quartier Général était en effet apparu. Il m'interpellait, agacé de mon impertinence. - C'est moi que tu attends, petit impertinent ! C'est moi que vous attendez tous. Je te préviens, Denaro : tu file un mauvais coton. Tu as intérêt à te tenir à carreau, j'ai mis ton nom au Fichier et je me ferais une joie de te radier des listes d'effectifs si tu m'interromps encore une fois. Hu hu hu, que je suis machiavélique n'est-ce pas ? Tout le monde le regardait avec des yeux globuleux sans oser dire un mot. Ceci dit, on sentait bien que tous étaient sur le point d'éclater de rire devant l'autoritarisme théâtral de Saturne. Quant à moi, j'étais un peu honteux même si je commençais à connaître Saturne, ce phénomène. Un peu gêné par l'ambiance à la fois anxiogène et ridicule qu'il venait d'instaurer, il reprit ensuite. - Hum. Je disais donc, si certains ignorants venant d'arriver que je ne citerais pas ne le savent pas encore, c'est moi qui m'occupe du briefing des missions du Groupe Groudon. Or, ô joie pour vous tous : une mission est prévue pour demain. Comme nous accueillons des nouveaux, il ne s'agira toutefois pas d'une mission trop difficile. Du moins, si vos cerveaux, vos bras et vos jambes sont encore en état fonctionnel. On ne sait jamais, les humains sont si fragiles... Il se mit ensuite à rire robotiquement pendant quelques instants. Il était le seul à rire, comme toujours. Il commença ensuite à expliquer la mission que nous devions remplir le lendemain matin. Les choses sérieuses commençaient : tous, nous l'écoutions avec attention. Puis, une fois le briefing terminé, la troupe se dispersa un peu partout dans les locaux réservés au Groupe Groudon. Quant à moi, éreinté par une journée fatigante, je rejoignis les dortoirs que m'avait indiqués Irène après avoir pris à l'intendance mon uniforme de membre de cette section du Parti Concordien. Un lit à mon nom m'attendait. Je m'écroula dessus et m'endormis aussitôt. La nuit promettait d'être courte. |
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