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Lecture du chapitre 21 | |
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Nom de l'œuvre : Passé - La fin d'un monde | Nom du chapitre : XX - La Brigade Noire |
Écrit par Tyranocif Rex | Chapitre publié le : 27/12/2013 à 23:04 |
Œuvre lue 34653 fois | Dernière édition le : 27/12/2013 à 23:05 |
9 Avril – 4 AM Narrateur : Inconnu De Jadielle à Argenta, il n'y a qu'un chemin. Ce chemin, c'est la Forêt de Jade. Un chemin dangereux, voilà comment le qualifient depuis des générations les voyageurs de tout bord qui passent par ici. La Forêt de Jade, c'est un véritable labyrinthe dans lequel l'ampleur de la végétation rend difficile toute orientation. C'est aussi le repaire de nombreux pokémons sauvages si affectueux avec leurs visiteurs qu'ils ne se privent pas de les piquer au vif, au sens propre comme au figuré. Oui, la Forêt de Jade c'est tout cela à la fois. Ou plus exactement, ça l'était à une époque reculée. Comment ? La plus grande forêt de Kanto, voire même du continent, a changé ? Et bien oui, la Forêt de Jade a changé. J'ai pu, nous avons pu nous en rendre compte en la traversant. Je m'imaginais une forêt gigantesque et menaçante, je n'ai vu qu'un petit bois étriqué où il serait bien difficile de se perdre. Je m'attendais à une forêt d'arbres, j'ai vu une forêt d'arbres. Effectivement, à ceci près que c'était une forêt d'arbres coupés. Cette forêt d'arbres coupés, on ne pouvait y échapper : à l'entrée comme à la sortie de la forêt, il fallait faire une marche de plusieurs kilomètres dans ce décor lunaire. C'était surréel, un peu comme si on avait tondu un gigantesque wattouat. En parcourant ce panorama sinistre, j'avais eu deux réactions successives. La première était un sentiment de terreur, qui me glaçait le sang : que s'était-il passé ici ? Cette forêt, jadis orgueilleuse, était décapitée. La seconde était une question plus rationnelle, mais non dénuée de colère : pourquoi ? La réponse, pourtant, me faisait face avec arrogance. C'était comme si elle me lançait un défi. Cette réponse, c'était Argenta. Argenta, la ville accrochée sur les flancs du Mont Sélénite, avait elle aussi beaucoup changé. Mais ce changement était différent de celui de l'auguste forêt que nous traversions : loin de régresser, la cité s'était industrialisée et la fumée noire que crachait, constamment, les cheminées des usines de charbon situées sur les hauteurs en constituait la preuve la plus éclatante. Les ressources, sans cesse plus nombreuses, que nécessitait le fonctionnement vingt-quatre heures sur vingt-quatre des usines expliquait la déforestation qui avait fait ses ravages ici. Le contraste était saisissant, et me faisait prendre conscience encore plus nettement de l'impérieuse nécessité de suivre Octave. L'Homme avait décidément un grain. Paradoxalement pourtant, ce génocide de la nature avait facilité notre arrivée à Argenta. En seulement trois jours, nous étions arrivés à l'entrée de la grande fumeuse de Kanto. Nous marchions dans la rue principale de la ville. Elle était très longue, et menait tout droit vers les usines de charbon, hissées à des altitudes diverses sur le Mont Sélénite. En revanche, dire que cette avenue était belle tenait plus du mensonge qu'autre chose. Les retombées de particules de charbon sur la ville, contrecoup direct de l'activité industrielle, avaient noirci le sol pavé à un point tel qu'on aurait dit qu'une neige d'ébène recouvrait le plancher des vastes. La population n'était pas plus reluisante. Les trois quarts des badauds avaient pour tout vêtement des guenilles trouées, tandis que le quart restant mendiait et volait avec la complicité de rattata kleptomanes. La santé de tous était misérable : ils toussaient, éternuaient, crachaient. Les rares à avoir la chance de posséder des mouchoirs s'en servaient comme de masques à gaz, les autres faisaient sans et aggravaient l'insalubrité ambiante en éternuant sur leurs voisins. Incommodé par cette avenue où les damnés de la terre allaient et venaient, j'osai m'adresser à Octave pour la première fois depuis notre départ de Jadielle - C'est atroce ici. On est censés aller où ? Octave ne dit mot pendant cinq cent mètres. Puis, il finit par sortir de son splendide isolement pour me répondre. - Tout droit. Mais nous allons prendre les petites rues. Tout droit, c'était le Mont Sélénite. C'était tout proche, Argenta était une ville peu étendue sur l'axe nord-sud. Elle épousait les flancs de la montagne plutôt que d'être bâtie sur elle. Et pourtant, Octave voulait faire un détour par les petites rues. Je me mis donc à regarder ce qu'il entendait par petites rues. Je regardais à gauche : il y avait effectivement de petites venelles sinistres. Je regardais à droite : c'était rigoureusement la même chose. L'avenue n'était certes pas très avenante avec ses particules de charbon qui encombrent les bronches et ses ouvriers en guenilles, mais au moins l'itinéraire était clairement balisé. Là , c'était un saut vers l'inconnu. Qui aurait envie de se perdre dans un labyrinthe urbain dans une telle ville ? Je n'étais vraiment pas convaincu : je fis donc part de mes doutes au Destogoride. - Les petites rues ? Mais...tu as vu la gueule qu'elles tirent ? Si on va par-là , non seulement on va perdre du temps, mais en plus on risque de se perdre. Cette fois, Octave répondit plus rapidement. Il n'attendit pas cinq cents mètres pour me répondre. - Se perdre, c'est précisément ce que je veux qu'on fasse. Regarde derrière toi. J'obéis. Des quatre coins d'Argenta, des hommes tout de noir vêtu avaient jailli. Musclés, balafrés et au regard menaçant, ils l'étaient tous. Tous, ils marchaient en cadence vers nous dans une régularité implacable. Un d'entre eux attira mon attention. Non pas qu'il était moins patibulaire que ses collègues : il l'était d'ailleurs encore plus. Mais il avait la particularité d'avoir un visage horriblement mutilé à cause d'une cicatrice profonde qui traversait en diagonale son visage, de l'œil droit jusqu'à la bouche. En plus de cela, des anneaux lourds étaient solidement accrochés sur ses deux bras puissants, donnant le sentiment d'une puissance physique incommensurable à chacun de ses mouvements. Il me faisait peur, et j'avais bien raison de le craindre. Croisant mon regard, le groupe d'hommes en noir se mit à accélérer soudainement. Octave m'agrippa par le bras et se mit à courir tout aussi soudainement, me forçant à le suivre. Il prit la première venelle sur la gauche. Comme toutes les autres venelles d'Argenta, elle était très mal éclairée et sentait très mauvais. Le groupe d'hommes s'engouffra ensuite à son tour dans l'étroit chemin. La course dans le dédale de rues de la cité s'engagea alors. Dans une intersection, Octave prit le chemin de droite. Le groupe nous suivait de près : on entendait le bruit de leurs pas déchirer le silence du quartier, qui contrastait d'ailleurs nettement avec l'avenue principale que nous venions de quitter. Dans deux autres intersections, Octave prit deux fois de suite la voie de gauche. Il devait espérer perdre nos poursuivants dans ce véritable labyrinthe que j'avais pressenti à peine quelques minutes plus tôt. La conclusion de tout cela est que nous finîmes par retrouver l'avenue. Octave ne s'arrêta pas pour autant : les hommes en noir étaient toujours là . Bousculant les badauds, il décida donc de replonger dans les bas-fonds de la métropole, mais cette fois de l'autre côté. La course reprit alors de plus belle. Une intersection, deux intersections, trois intersections : cela aurait pu durer une éternité. Mais les brutes ne semblaient pas ne serait-ce que commencer à fatiguer. Mais le pire était encore à venir : face à nous, un cul-de-sac. Un mur de tôle nous faisait en effet face, mettant un terme définitif à notre avancée. Octave stoppa net, me lâcha et laissa échapper une grossièreté. - Merde ! Il se retourna alors, et moi à sa suite. Les hommes en noir étaient à présent devant nous, et le mur derrière. Nous étions faits comme des rats, ils le savaient et en jubilaient. Les voyant s'approcher, galegon criait pour espérer les intimider. C'était certainement la dernière initiative d'une situation désespérée. Terrifié par ces mines peu pacifiques, j'osai néanmoins poser une question à Octave. - Qui sont ces hommes ? Avec une mine défaite mais néanmoins loin d'être soumise, il me répondit tout en regardant l'homme aux anneaux s'avancer vers nous. - C'est la Brigade Noire...La Milice du Consortium. Arrivé devant nous, il s'arrêta brutalement. Qu'allait-il nous faire ? D'abord, il se contenta de nous regarder avec sévérité. Puis, avec une violence mais aussi une puissance qui nous surprit tous les deux, il nous prit par le cou avec ses deux bras et nous souleva sans le moindre effort. C'est alors, et alors seulement, qu'il se mit à parler. - Et bien, qu'avons-nous là ? Deux imprudents qui font du tourisme chez moi. Que venez-vous faire à Argenta ? J'aime pas les nouveaux venus, et j'aime encore moins courir avant le déjeuner, alors je vous préviens : vous avez intérêt à filer doux. Nous étions en train d'étouffer, et c'est un interrogatoire en règle qu'il nous faisait subir. Aucun de nous deux ne dit mot, d'abord parce que nous en étions incapable et aussi parce que nous ne voulions absolument pas nous trahir. Mais malheureusement, il faut croire que notre mutisme ne satisfaisait pas le bourreau qui nous étranglait. Il se remit à parler, ou plus exactement à hurler. - J'attends : que venez-vous faire à Argenta ? Audacieusement, Octave parvint à donner à l'homme une explication. Enfin, parler d'explication était excessif : c'était plutôt un mot d'esprit. Il n'était pas suicidaire non plus. - Euh, voyez-vous on est vos plus grands fans alors on voulait un autographe de vous. Il n'apprécia pas. C'était prévisible. Avec une force inouïe et à trois reprises, il nous cogna sur le mur. Je saignais. Octave saignait aussi. Je souffrais. Octave aussi, mais contrairement à moi il ne le montrait pas. Cet homme ne connaissait pas la pitié. Néanmoins, cette brute avait négligé quelque chose : galegon. Me voyant souffrir, le tank sur pattes entra en effet dans une rage folle et non seulement mordit les mollets de la brute épaisse, mais en plus lui sauta dessus. L'homme, surpris, s'écroula par terre avec cent vingt kilos sur lui. Il hurlait. - Ah, sale bête. Je vais te buter et te faire fondre dans les usines, pourriture ! L'homme et le pokémon se battirent pendant cinq bonnes minutes. Hélas pour nous, un des hommes en noir sortit alors une pokéball en métal de laquelle jaillit un Mackogneur. Le colosse n'eut bien sûr aucun mal à soulever galegon. Mais, avec de la suite dans les idées, il le projeta de manière à ce que le pokémon acier s'encastre dans le mur, qui s'écroula aussitôt. Dans ce déluge de violence, moi et Octave manquâmes de peu la mort : le pokémon armurfer m'effleura en effet d'un cheveu lorsqu'il se transforma en boulet de canon de calibre 90 millimètres. Après s'être remis de ses émotions et tandis que l'homme aux anneaux se relevait péniblement avec plein de courbatures, Octave eut encore un bon mot. D'ailleurs, j'ignore encore comment il pouvait trouver le temps de faire de l'humour dans des situations pareilles. - C'est ce qui s'appelle un départ en fanfare. La masse de muscles était debout. Et elle était en colère. - Je vais vous faire passer l'envie de vous foutre de ma gueule, les deux gugusses. Sardonis ne m'a pas nommé ici pour que je me fasse ridiculiser par les premiers abrutis venus. Puisque vous ne voulez pas me répondre, on va accélérer la procédure. Ecoutez-moi bien, tous les deux ! Nos espions à Jadielle m'ont rapporté que deux individus avaient l'air de fouiner un peu trop dans des affaires qui ne les regardent pas. Et comme vous êtes les premiers à venir de là -bas depuis ce rapport, ça doit être de vous qu'il s'agit. Par conséquent, vous êtes des suspects. Et la politique de la maison, c'est que tout suspect est un coupable qui s'ignore. Donc, vous allez crever. Octave souriait. La sérénité qu'il affichait à chaque instant était vraiment perturbante, même pour moi qui étais avec lui. Il répondit avec une ironie mordante à l'homme de la Brigade Noire. - Quelle argumentation imparable ma parole ! Résumons donc : on est un peu trop curieux, donc il faut nous tuer. Mon petit doigt me dit que t'a dû sécher l'école un bon nombre de fois quand t'étais môme pour tenir un raisonnement pareil, mec. Mais dis-moi : pourquoi donc la curiosité est-elle condamnée à mort, homme à l'intellect peu commun ? La réponse de la brute fut aussi brève que claire. - Secret Défense, connard ! Immédiatement après, Octave répondit à son tour. - Réponse typique de petite frappe qui n'a aucune idée des enjeux qui ont cours au-delà de sa pitoyable existence. Mais je compatis : ça doit être dur d'être considéré du matin au soir comme un débile congénital tout juste bon à effectuer les basses besognes de Sardonis. Le truc que tu n'as pas l'air de comprendre, c'est que par ta connerie et celle de tes sbires, tu as détruit le mur derrière nous. Pas très fin, le colosse se contenta de dire un seul mot qui résumait bien au fond ce qu'il était. - Et ? Octave finit ainsi, imperturbable. - Et nous allons prendre congé. Adieu, passe le bonjour de la part de Sardonis et dis-lui ceci : il ne pourra jamais m'anéantir, pour la simple raison qu'il n'est qu'un esclave. C'est ce moment-là que choisit Octave pour me prendre à nouveau par la main. Aussitôt après, nous traversâmes le mur détruit avant de nous mettre à courir. Mais cette fois, nous allions réussir à les vaincre. J'avais en effet une idée : utiliser galegon pour les arrêter définitivement. Depuis que le mackogneur d'un des sbires du chef de la Brigade Noire l'avait projeté de l'autre côté du mur, il nous attendait en effet à l'autre bout de la rue. En un regard, il comprit ce que je voulais qu'il fasse. Tout d'abord, il attendit que nous soyons passés derrière lui, c'est-à -dire que nous ayons pris une des deux intersections qui se trouvaient à l'extrémité de la voie : soit à gauche, soit à droite. Octave choisit de prendre le chemin de droite. Puis, et c'est là que se trouvait le coup de génie, alors que la troupe de la Bridage Noire fonçait à pleine vitesse vers nous, galegon se plaça au centre de la venelle de manière à bloquer le chemin. Or, avec quatre-vingt-dix centimètres, le pokémon était suffisamment gros pour bloquer complètement le chemin. Le dispositif était prêt : il suffisait à présent à mon char vivant de se mettre à charger nos poursuivants, la tête de manière à effectuer un coup de bélier ravageur. Le résultat fut sanglant et d'une horreur telle qu'il vaut mieux passer le détail des évènements sous silence. Tout ce qu'il faut retenir de cette attaque c'est cela : un triomphe total. Tous les miliciens étaient soient morts, soit si grièvement blessés qu'ils étaient mis hors course. La justice immanente était rendue, et l'acier le plus pur l'avait accomplie. Ces assassins étaient morts par là où ils avaient péché. Sa besogne faite, galegon nous rejoignit ensuite rapidement en se fiant à son odorat et aux traces de pas que nous avions laissées. Arrivé juste derrière nous, il se mit à crier pour nous avertir de sa présence. Octave s'arrêta et, en voyant l'état du crâne de Skuld, se mit à éclater de rire. Moi au contraire, j'étais assez choqué il faut bien le dire. Sa tête, et plus largement son corps, était immaculée de sang. Le Destogoride trouvait ça amusant. Si amusant d'ailleurs, que cela lui inspira un nouveau mot d'esprit. - Il faut croire que ton pokémon aime le vin rouge. Quel humour grinçant ! Tout en répondant à ce cynique infatigable, je lui adressai un regard réprobateur tout en faisant semblant de trouver ce qu'il faisait de dire drôle. - Très drôle, Octave. Mais si l'Octave que je connaissais était un comique, et cela je le savais déjà depuis maintenant plus d'un an, il savait aussi redevenir sérieux très rapidement. Après tout, il doit falloir ces deux dimensions pour survivre dans ce monde de fou. Trop de sérieux conduit à la dépression. Mais pas assez de sérieux mène au contraire à la mort. Il regardait au loin avec ses yeux bleus comme le cristal : le Mont Sélénite nous attendait, au loin. Tout en ayant sorti un vieux chiffon de ma poche pour débarbouiller Skuld de tout ce sang, j'avais remarqué ce regard. Il semblait ailleurs, l'esprit plongé dans des réflexions si érudites que seul le vieux Xatu aurait pu les sonder. Maintenant que nos relations s'étaient détendues, renforcées par l'épreuve que nous venions de vivre ensemble, j'engageai le dialogue plus facilement. - Tu ne veux toujours pas me dire où est-ce qu'on va et ce que tu attends de moi ? Adossé sur une des parois de la venelle, il cessa de fixer le Mont Sélénite pour tourner son regard vers moi et me répondre. J'avais enfin réussi à attirer l'attention de cet homme bien mystérieux. - N'aie crainte, tu sauras tout très bientôt. Mais puisque la Brigade Noire ne va plus nous importuner maintenant, je peux bien commencer ici. Nous allons au cœur du Mont Sélénite : là -bas, se trouve ma Bibliothèque. Voit-tu, le Consortium a peut-être brûlé tout le savoir amassé au cours des siècles par les Destogorides lors de cet assaut funeste dont je t'ai parlé la dernière fois, pendant des années j'ai pris le soin de rassembler les copies de tout le savoir du monde dans un endroit secret. Cet endroit, retiré du monde et par conséquent protégé de ses tourments, c'est là que nous allons. Intrigué par cette nouvelle, je lui répondis ensuite. - Je vois...Et tu penses que le savoir qui se cache là -bas nous aidera à trouver des réponses ? Car j'ai encore en mémoire ce que m'a dit Rudolph Estenia : « La Lune Blanche parviendra certainement à affaiblir la Lune Noire, mais pas à empêcher le destin de s'accomplir ». Tu crois qu'il existe une autre solution pour contrecarrer les plans du Consortium ? En entendant ces mots, Octave sourit. Puis, il répondit à son tour. - Rudolph Estenia...Vois-tu, ce bon vieux Professeur a à la fois tord et raison. Il a raison dans l'état du monde d'aujourd'hui. Mais il a tort dans l'état du monde d'hier. La vérité, c'est que pour Rudolph Estenia comme pour beaucoup d'autres choses, tu apprendras bien vite que tout n'est jamais tout blanc ou tout noir. Le monde est gris, et surtout il est changeant. Mais ne te pose pas trop de questions pour l'instant : je te dirais tout ce que tu dois savoir dans la Bibliothèque. Voilà qui était étrange : plus il répondait à mes questions, plus le mystère s'épaississait. Mais, comme il me l'avait demandé, j'essayai de chasser toutes ces questions qui m'assaillaient de ma tête. Les heures passèrent donc, à ne rien faire de spécial. Nous reprenions des forces, et en particulier mon pokémon qui avait besoin de repos pour réparer les fractures accumulées dans son blindage au cours de ces deux combats qu'il avait mené dans la journée. La nuit commençait à tomber. Je venais juste de terminer le nettoyage de mon pokémon de tout ce sang qu'il avait sur lui. C'est ce moment que choisit Octave pour reprendre la route. Il me dit simplement, sobrement mais fermement ces quelques mots. - Seleroc va bientôt remplacer solaroc. C'est le moment d'y aller. Dépêchons-nous, Rubens déteste attendre. Et quand on dit reprendre la route, Octave ne la reprenait pas à moitié : c'était au pas de course. J'avais du mal à le suivre, mais je parvins au bout d'un moment à m'habituer à son rythme et à réagir sur ce qu'il venait de dire. - Tu as parlé de Rubens...C'est qui ? Le Destogoride répondit légèrement. A vrai dire, à chaque pas qui nous rapprochait du Mont Sélénite il semblait plus détendu et avenant. - Mon peintre. Je plaisante. C'est le nom que j'ai donné à mon archiviste, qui est aussi mon unique pokémon. Tu verras : comme tous les bibliothécaires il est un peu sec mais quand on lui demande quelque chose, il le fait avec zèle. C'est tout ce qu'il me dit jusqu'à notre arrivée jusqu'à cette fameuse bibliothèque secrète. Pour y accéder, nous commençâmes tout d'abord par rejoindre l'avenue par laquelle nous étions arrivé en entrant à Argenta. Puis, il fallait gravir les contreforts du Mont Sélénite. Le dénivelé était important, mais notre motivation commune était trop forte pour qu'une simple montagne, fut-elle habitée par des mélofée, ne nous fasse reculer. Sur le chemin, galegon nous obligea à faire une petite halte près des usines charbonnières. Pour faire quoi, on pourrait se demander ? Mais pour manger bien sûr ! Le pokémon avait des besoins tels que pour sa croissance il devait manger des kilos entiers de fer par jour. Les fondations des usines, voilà qui semblait l'intéresser au plus haut point. Après notre départ, un détail doit toutefois être noté : il semblerait que toutes les usines d'Argenta se soit subitement écroulées. Mais qui cela peut bien intéresser après tout ? Ah oui effectivement, les ouvriers et les capitaines d'industrie. J'avais oublié ce détail. Toujours est-il qu'après plusieurs heures de randonnée à travers la montagne, et plusieurs autres à se perdre et se reperdre dans les grottes labyrinthiques du Mont Sélénite, Octave me demanda de m'arrêter. - Stop ! Nous sommes arrivés. Je regardais partout autour de moi : il n'y avait que des murs de pierre peuplés quasiment exclusivement de nosferapti. Quant au sol, les cailloux se confondaient aisément avec les racaillou. Bref, il n'y avait rien ici de surprenant pour une grotte de la région de Kanto. Dans un mélange d'incompréhension et de fatigue, j'exprimai mon scepticisme à Octave. Il en rit, avant de me répondre factuellement. - Mais la Bibliothèque se trouve dans nul autre endroit qu'ici. Elle est en face de toi, le temps de donner le mot de passe à Rubens. Le Destogoride recula, tout en me faisant reculer par la même occasion. Puis, il remplit ses poumons avec de l'air pour pouvoir annoncer clairement à voix haute le fameux mot de passe. - J'aime la peinture flamande, surtout quand elle travaille avec Alexandrie ! A cet instant, le mur en face de nous se fractionna avant que les deux parties de ce qui était en fait une sorte de portail en pierre ne se séparent vers le haut et vers le bas dans un fracas qui faisait résonner un écho puissant dans toute la grotte. Lorsque le silence revint dans le Mont Sélénite, une bibliothèque immense nous attendait. On n'en voyait même pas le fond. Octave entra à l'intérieur, et moi à sa suite. Le portail se ferma ensuite immédiatement. En voyant un tel camouflage, pas étonnant du coup que personne n'ait jamais trouvé cette bibliothèque. A gauche comme à droite, des étagères géantes étaient remplies de livres. Le gigantisme ambiant semblait presque menaçant, à tel point que je me sentais tout petit face à tant de savoir. Au centre enfin, se trouvait un guichet rempli d'une montagne de livres qui faisait qu'on ne voyait même pas si un guichetier se trouvait ou non à l'intérieur. Je regardais rapidement les titres : ils traitaient presque exclusivement d'Histoire et de mythologie. Ne voyant pas son archiviste, Octave regarda un peu partout. Il était tout aussi perplexe que moi. A voix basse mais néanmoins audible, il osa poser cette question. - Rubens, tu es là ? |
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