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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 6
Nom de l'œuvre : Le silence des Wattouat Nom du chapitre : Les origines du mal
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 26/3/2014 à 13:56
Œuvre lue 6859 fois Dernière édition le : 26/3/2014 à 13:56
Clarice Chaglam faisait les cents pas devant la cellule du Dr Persian, en attendant qu'il ait terminé de lire le document qu'elle venait de lui transmettre. Lorsqu'elle sentait son regard glisser du papier à son propre corps, elle se sentait frissonner. Elle n'aimait pas qu'il la fixe de cette façon.

- Cramois'île ? Où je serais logé dans la prison pokémon à moitié ensevelie sous la cendre du volcan ? Comme c'est charmant.
- Effectivement, depuis l'éruption, l'île n'est plus ce qu'elle était autrefois, mais ça reste quand même un très bel endroit. J'aimerais beaucoup y faire un tour si l'occasion se présentait.
- Justement, Clarice, c'est à présent votre tour. Souvenez-vous. Une information contre une information. Cela aura beaucoup plus de valeur à mes yeux que cette ridicule proposition de Jack Crawford pour tenter de m'amadouer.
- Vous êtes un éternel insatisfait, Dr Persian, mais j'accepte.
- Bien. D'ailleurs, à ce sujet, je vous saurai gré de transmettre à votre patron mes sincères condoléances pour le décès de sa femme.
- Comment savez-vous...
- Non, non, Clarice. C'est moi qui pose les questions, aujourd'hui. Quel est votre plus mauvais souvenir d'enfance ?
- La mort de mon père. Il s'est fait renverser par une voiture qui roulait trop vite. J'étais petite et ma mère avait déjà disparu depuis longtemps. Je me suis retrouvée perdue : il était tout pour moi.
- Et à présent, de qui êtes-vous la plus proche ? Crawford ? Maintenant que Bella est morte, vous avez le champ libre. Libre de vous étaler au grand jour.
- Ce genre de remarque est déplacé, docteur, surtout en un pareil moment. Si je suis proche de quelqu'un, c'est de ma camarade, Ardélia Fouinar, à l'académie de la FIAP.
- Pourquoi elle ?
- Elle me comprend et me soutient. J'ai l'impression qu'elle m'apprécie à ma juste valeur. Elle sait aussi trouver les mots pour me motiver quand je perds espoir, pour me pousser de l'avant quand je lâche prise.
- Intéressant, agent Chaglam. Il doit être vraiment bon de vous connaître d'une façon plus... personnelle.

Ses babines se retroussèrent en un sourire qui lui fit dresser les poils sur son échine. Il secoua cependant la tête de gauche à droite, comme pour la rassurer. Il s'approcha de la vitre en plexiglas, ses pattes molletonnées n'émettant pas le moindre son sur le sol en pierre, jusqu'à ce que ses moustaches la frôlent presque.

- Qu'avez-vous découvert sur le nouveau cadavre ?
- Il y avait un objet délibérément enfoncé au fond de sa gorge.
- De quoi s'agissait-il ?
- Un morceau de Chrysacier.
- Qu'est-ce que cela signifie, d'après vous ?
- Je n'en ai pas la moindre idée.
- Etait-ce la première fois que le tueur mettait quelque chose dans la bouche de l'une de ses victimes ?
- Oui.
- En êtes-vous certaine ?
- Je... Non. Je ne me suis pas occupée des autres corps, alors les agents qui m'ont précédée ont très bien pu passer à côté.
- Imaginons que tous les cadavres contenaient un bout de Chrysacier. Qu'en pensez-vous ?
- Ce sont de simples suppositions, Dr Persian, or je ne m'appuie que sur les faits et les preuves pour mener mes hypothèses.
- Dans ce cas, ne partons pas du principe s'il y en avait, mais qu'il y en avait.

A la vue de son assurance lorsqu'il prononça cette phrase et de l'étincelle qui illumina son regard, Clarice Chaglam comprit.

- Vous savez qui il est, n'est-ce pas ?
- Je vais prendre le temps de réfléchir à l'offre de ce cher vieux Crawford. Je vous remercie d'être venue me l'apporter, Clarice. J'ai été ravi de vous revoir.
- Mais...
- Vous pouvez disposer, à présent.

Elle ne releva pas. Discuter avec Persian alors qu'il n'y était pas disposé serait comme converser avec un mur : elle n'en tirerait rien de bon. Elle décida de capituler en espérant qu'il accepterait la proposition de la FIAP, même si elle n'y croyait guère.

En chemin, alors qu'elle regagnait l'école où elle devait se rendre en cours dès le début de l'après-midi, Clarice fit une halte dans le bureau de Jack Crawford. Il travaillait assidument en compagnie de Will Mangriff, mais malgré leur acharnement, ils ne parvenaient pas à conjecturer d'autres traits du profil psychologique de Monsieur Peau, en dehors de ceux qu'ils possédaient déjà.

- Ah, agent Chaglam, vous tombez bien. Nous nous demandions justement ce qu'avait pu donner votre entrevue avec Persian.
- Pas grand-chose, patron. Il a promis qu'il jetterait un oeil à votre offre, mais je crains qu'il ne la refuse. Tout ce qu'il veut, c'est jouer, que ce soit avec nos nerfs ou la vie de Catherine Pikachu.
- J'en étais sûr, tonna Mangriff. Cet ignoble monstre fera tout pour nous mettre des bâtons dans les pattes.
- Il a tout de même émis une hypothèse intéressante. Il pense que les agents de la FIAP qui se sont chargés des autres corps aient pu passer à côté d'un morceau de Chrysacier coincé dans la gorge de chacune des victimes.
- Je ne pense pas qu'un tel détail ait pu être manqué à chaque fois, Chaglam. Cependant, je veux bien faire une demande d'immolation du dernier cadavre. Même si la famille refuse, avec un mandat, je dois pouvoir y arriver. Vous avez fait du bon travail, je vous en remercie, mais vous devriez retourner à l'école, à présent.
- D'accord, patron. S'il jamais il y a du nouveau, tenez-moi informée.

Clarice s'apprêtait à prendre congé seule lorsque Mangriff se proposa pour la raccompagner. Son imposante carrure l'impressionnait presque autant que les cicatrices qui le mutilaient. Il ne semblait pas doué pour converser, aussi cheminèrent-ils en silence jusqu'à la sortie du bâtiment.

- Agent Chaglam, appela-t-il alors qu'elle le saluait d'un bref signe de tête. J'aurais une requête à vous soumettre.
- De quoi s'agit-il, m'sieur ?
- Je ne veux plus que vous vous approchiez de Persian. Il vous détruira bien avant que nous n'ayons arrêter Monsieur Peau.
- Il faut que quelqu'un s'en charge. Autant que ce soit moi.
- Je ne suis pas certain que vous vous rendiez vraiment compte de l'influence qu'il peut avoir sur votre esprit, agent Chaglam.
- Je vais bien. Etablissez le profil si vous y parvenez, mais comme c'est mal parti, moi je préfère encore tenter ma chance avec Persian, même si ça ne donne rien.

Clarice lui tourna le flanc, sa longue queue s'agitant d'un air méprisant de droite à gauche, tandis qu'elle s'éloignait en direction de l'école, qui ne se trouvait pas très loin du bureau de la FIAP. Elle devait déjeuner en compagnie d'Ardélia Fouinar et tenait cette fois-ci à honorer cet engagement.

Après un fructueux repas de baies, elles se rendirent en cours où Clarice eut un peu de mal à reprendre le rythme, malgré les notes de sa camarade qu'elle lisait tous les soirs. Au bout d'un moment, néanmoins, elle réussit à nouveau à se concentrer sur les paroles de ses enseignants.

Elle passa la journée du lendemain à combler son retard avec l'aide acharnée d'Ardélia, qui parvint presque à lui faire assimiler l'intégralité des leçons qu'elle avait manqué. Chaglam lui en était reconnaissante, et ne manquait pas de le lui faire savoir. Elles se promenaient à l'extérieur en bavardant, le long de la route 2, lorsqu'un Roucool de la FIAP atterrit en hâte devant elles.

- Laquelle d'entre vous est Clarice Chaglam ?
- C'est moi. Que se passe-t-il ?
- J'ai un message pour vous de la part de Jack Sablaireau. Il vous demande d'urgence dans son bureau. Il y a de nouveaux éléments dans l'enquête concernant Monsieur Peau.

Clarice regarda Ardélia qui lui fit signe de suivre le pokémon oiseau. Oubliant toute la fatigue accumulée au cours des derniers jours, elle courut jusqu'au siège de la FIAP où son employeur l'attendait. Il vint l'accueillir en personne à l'entrée, où elle s'arrêta une seconde pour reprendre son souffle.

- Les suppositions de Persian étaient fondées, agent Chaglam. En analysant le corps de la précédente victime, nous avons trouvé au fond de sa gorge des traces de Chrysacier, très altérées mais identifiables.
- Dans ce cas, je ferais mieux de retourner à l'asile. Il acceptera peut-être de m'en dire davantage.
- C'est là tout le problème. Channibal Persian ne s'y trouve plus. Le Dr Cradopaud a jugé intelligent de lui dire que notre offre était fausse. J'ignore comment il l'a deviné, toujours est-il qu'avec le soutien de la mère de Catherine Pikachu, il a réussi à lui obtenir un transfert à Safrania, en échange du nom du tueur.
- L'a-t-il donné ?
- Oui, malheureusement l'enquêteur Paul Charkos n'a pas daigné nous transmettre l'information. Ils sont en train d'essayer de le localiser. Je n'oublierai pas votre coopération, agent Chaglam, et je vous en remercie.
- C'aura été un honneur pour moi de travailler avec vous, patron. Vraiment.

Un sourire fugace passa sur les traits de Sablaireau l'espace d'un instant. Clarice le salua poliment, mais elle avait l'esprit ailleurs. Elle ne pouvait croire que Persian pouvait céder au chantage de Cradopaud, lui qui le haïssait tant, ni qu'il s'était allié à la criminelle de Safrania. Quelque chose n'allait pas dans tout cela.

Elle connaissait un Dracaufeu, ancien élève de l'école de la FIAP, qui lui devait un service. Il accepta sans poser de question de la conduire à la ville dorée. Le trajet ne lui prit qu'une heure en volant, alors qu'il lui en aurait fallu davantage si elle avait dû s'y rendre à pattes.

Chaglam raconta un habile mensonge aux policiers qui gardaient l'entrée de la prison pokémon. En leur montrant son badge temporaire suffisamment vite pour qu'ils n'aient pas le temps de le détailler pour remarquer la date expirée, ils acceptèrent de la conduire jusqu'à la cellule du Dr Persian.

Cette fois, il n'y avait plus de plexiglas, juste des barreaux serrés disposés en cercle au sein d'une cavité de la grotte dans laquelle le pénitencier se situait. La tête courbée, il léchait son pelage avec une certaine sensualité. Il leva ses yeux rougeâtres dans sa direction en l'entendant approcher.

- Clarice Chaglam, quelle agréable surprise ! Est-ce Sablaireau qui vous envoie me faire vos adieux ?
- Non, je suis venue vous voir par moi-même.
- Voulez-vous essayer de vous jouer de moi à nouveau ?
- Pas du tout. Je tenais seulement à vous informer que vous aviez raison. Il est fort possible que le corps de chaque victime détenait au fond de la gorge un morceau de Chrysacier.
- Nous y voici, Clarice. Vous savez que vous n'avez jamais été plus proche de la vérité ?
- Non... Je vous en prie, docteur. J'ai très peu de temps devant moi.
- Le temps est une question de point de vue, chère amie. D'ailleurs, que représente-t-il pour vous ?
- Docteur !
- Allons, répondez-moi.
- La mort. Plus le temps passe et plus nous nous rapprochons de la mort. C'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas, c'en est presque... irrationnel.
- Bien. Pourquoi avoir choisi un Chrysacier, d'après vous ?
- Je... Je ne sais pas. La lenteur. La robustesse. La... La...
- Non, absolument pas. Le Chrysacier représente la métamorphose, le passage d'un stade à un autre par le biais d'une transformation lente. Une avancée vers la beauté.
- Serait-ce lié à l'évolution ?
- Comptez-vous évoluer un jour, Clarice ? Ou êtes-vous trop imbue de vous-même pour renoncer à ce corps si parfait ?
- C'est vrai : je m'apprécie comme je suis et je n'ai pas l'intention de changer. Je ne veux pas devenir un énorme Chaffreux.

Comme Persian ne relevait pas, elle trouva le courage de plonger ses prunelles violacées dans les siennes. Il inspira profondément, l'air détendu, puis ferma les paupières, comme lassé par la discussion.

- C'est à votre tour, docteur. Dites-moi son nom.
- Dr Cradopaud, susurra-t-il. Décidément, c'est le jour des visites.

Clarice Chaglam se retourna d'un bond, les griffes sorties, pour faire face au directeur de l'asile qui lui jeta un regard méprisant :

- Il me semble que l'affaire a été retirée à la FIAP de Jadielle, alors vous n'avez rien à faire ici. Dehors !
- J'attends. Dites-moi son nom, répéta-t-elle en demeurant immobile devant la prison de Persian.
Chilton Cradopaud siffla un Tygnon qui vint attraper l'agent Chaglam par le bras pour l'éloigner de la cellule. Beaucoup plus fort qu'elle, il y était presque parvenu lorsque Channibal Persian se décida enfin à parler :

- Clarice, le dossier de l'enquête.

Elle se dégagea brutalement de l'emprise du pokémon pour revenir précipitamment en arrière. Au moment où Persian lui fit glisser les documents au travers des barreaux, sa patte frôla un instant son pelage soyeux, contact qui se transforma en une caresse éphémère. Les forces de l'ordre finirent par avoir raison d'elle, et elle s'éloigna vers la sortie, les feuillets glissés dans son Mouchoir Choix.
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