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Lecture du chapitre 62 | |
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Nom de l'œuvre : Entre infini et au-delà | Nom du chapitre : On ne change pas |
Écrit par Cyrlight | Chapitre publié le : 31/7/2014 à 00:04 |
Œuvre lue 96796 fois | Dernière édition le : 1/6/2017 à 18:48 |
Quelques jours plus tard, ils se rendirent tous à Doublonville, comme Sandra le leur avait annoncé. Elle devait retrouver Blanche, la Championne locale, en début d'après-midi, aussi quittèrent-ils l'Arène après le déjeuner. Cassy se demandait comment ils allaient pouvoir parcourir la distance qui les séparait de la capitale en aussi peu de temps, mais elle eut bientôt sa réponse. Alors qu'elles patientaient devant le bâtiment, Sylvain les rejoignit aux côtés de son Kadabra. La créature se déplaçait lentement, semblant plus léviter que marcher. Ses yeux dévoilaient une profonde intelligence et une aura de puissance paraissait émaner d'elle. - Merci d'avoir proposé de nous téléporter, déclara la dracologue. Grâce à ça, nous serons sur place en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Cassy connaissait cette capacité, mais elle n'avait encore jamais eu l'occasion de l'expérimenter. Certains pokémon psy, comme Abra et ses évolutions, la maîtrisaient dès la naissance, mais simplement pour eux-mêmes. Pour qu'un dresseur puisse en bénéficier, cela nécessitait un long entraînement. Plus la distance à couvrir était grande ou plus le nombre de voyageurs était élevé et plus le risque de commettre une erreur était important. Le pokémon réapparaissait parfois au mauvais endroit, à mi-chemin ou encore dans une zone dangereuse, comme au-dessus de la mer, par exemple. Ses destinations étaient cependant limitées aux lieux qu'il avait déjà visités. La téléportation ne fonctionnait pas si le point d'arrivée était inconnu. Cassy faisait confiance à Sylvain. Il n'aurait pas proposé d'utiliser ce moyen de transport s'il n'avait pas été sûr de sa fiabilité. Il prit la patte de Kadabra d'un côté et la main de la jeune fille de l'autre, tandis qu'elle-même saisissait celle de Sandra, formant ainsi une chaîne qu'ils lièrent en cercle. Le front du type psy s'illumina et le halo grandit, au point de les engloutir tous les trois. Par réflexe, Cassy ferma les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, Ébènelle et la montagne sur le flanc de laquelle la ville était bâtie avaient disparu. Elles avaient laissé la place à une cité plus vaste, plus moderne, mais aussi plus animée et plus bruyante. Doublonville. - Vous avez quartier libre jusqu'à dix-sept heures, indiqua Sandra, mais si vous avez terminé ce que vous avez à faire avant, vous pourrez me rejoindre à l'Arène. Sylvain, est-ce que tu sais où elle se situe ? - Dans les quartiers nord-est, non ? - Exactement. Blanche adore recevoir, alors n'hésitez pas. Elle vous servira sa spécialité, le chocolat chaud qui contient plus de sucre que de chocolat. Personnellement, je l'ai toujours trouvé imbuvable. Sur une grimace, Sandra tourna les talons, sa cape flottant dans son sillage. Sylvain rappela son Kadabra dans sa pokéball, puis suggéra à Cassy de commencer par acheter toutes les affaires dont elle aurait besoin pour son entraînement avant de lui faire visiter la ville, ce qu'elle approuva. Elle fit l'acquisition du strict minimum dans un magasin d'articles de sport, soucieuse de ne pas dépenser toutes les économies qu'elle avait emportées avec elle en quittant le Bourg-Palette. Elle devait s'assurer de toujours conserver une petite réserve, au cas elle serait de nouveau contrainte de prendre la fuite, ce qu'elle n'espérait pas. Elle avait bien trop à accomplir à Ébènelle. - Que dirais-tu d'aller faire un tour à la fête foraine ? lança joyeusement Sylvain. Leur grand-huit est impressionnant. - Un grand-huit ? répéta Cassy. Qu'est-ce que c'est ? Elle n'avait jamais encore entendu ce mot saugrenu auparavant, mais comme son ami la fixait avec des yeux ronds, elle supposa qu'il devait être assez connu. Elle se mordit la langue, car elle avait l'impression d'être revenue aux premiers jours de sa nouvelle vie, à l'époque où tout ou presque lui était encore étranger. - Des montagnes russes, si tu préfères. Ces grands manèges à sensations fortes que l'on trouve dans les parcs d'attraction. - Ah oui, je vois ! En réalité, Cassy ne voyait pas du tout, mais Sylvain ne parut pas s'en apercevoir. Il lui proposa son bras, qu'elle saisit, et l'entraîna à travers les rues bondées de Doublonville. C'était la première fois que l'adolescente visitait une cité aussi peuplée que celle-ci, à laquelle même Féli-Cité ne pouvait être comparée. La fête foraine était installée dans le centre-ville, sur une immense place qui permettait d'accueillir tous les stands. Cassy, pour qui il s'agissait d'une découverte, était émerveillée. Toutes ces couleurs, ces musiques et ces délicieuses odeurs qui flottaient dans les airs étaient un pur plaisir. Sylvain la conduisit jusqu'à un immense enchevêtrement de rails qui s'élevaient dans les airs. Un Dracaufeu de métal, long d'une dizaine de mètres, se déplaçait à une vitesse impressionnante. Des gens étaient assis à l'intérieur et poussaient des cris, mélange d'amusement et de frayeur, les bras levés vers le ciel. - Deux tickets, s'il vous plaît, réclama le Topdresseur au forain qui se trouvait dans une cabane colorée. - Attends... Tu veux que je monte là -dedans ? s'exclama Cassy, qui était tout sauf rassurée par ce qu'elle voyait. On ne peut pas aller manger des beignets, plutôt ? - Nous irons après. Ne t'inquiète pas, tu n'as rien à craindre. C'est absolument sans danger. Tu vas avoir un peu peur, au début, mais en fait, c'est super, surtout la descente, quand le vent te fouette le visage. Cassy se força à sourire, mais sa bouche crispée trahissait son manque de conviction. Elle saisit la main qu'il lui tendait et se laissa conduire jusqu'aux wagonnets, qui s'étaient immobilisés au niveau du sol. Sylvain insista pour qu'ils prennent place dans le tout premier. Les mains crispées sur la barre métallique qui faisait office de sécurité, l'adolescente foudroya son ami du regard, avec une expression qui disait très clairement : « Si nous mourons, je te tue. » Cela ne manqua pas de faire rire Sylvain, au moment où le manège se remettait en mouvement. - Ah non ! s'écria-t-il pour couvrir le grondement des rails. Je t'interdis de fermer les yeux. Ce n'est pas drôle, sinon. - Ah non, je t'interdis de fermer les yeux, intima-t-il en apercevant ses paupières closes. Tu vas rater le meilleur, sinon. Cassy ne se résolut à les rouvrir qu'à contrecœur. Le wagon était en train de franchir une montée vertigineuse et elle appréhendait la descente qui s'ensuivrait. La tête à l'arrière et secouée par les soubresauts, elle ne se sentait pas bien, presque nauséeuse. Elle décida de serrer les dents, au cas où il lui vienne l'envie de hurler. - Prête ? demanda Sylvain alors qu'ils avaient presque atteint le sommet. C'est maintenant que les choses sérieuses commencent. Le véhicule s'affaissa brutalement vers l'avant et le ventre de Cassy percuta la barre de sécurité, qui lui coupa le souffle. Échouant à se contenir, elle poussa un cri de terreur, tandis que les autres riaient aux éclats. Comment faisaient-ils pour ne pas être terrifiés alors qu'ils filaient à toute allure sur une structure à la solidité plus que douteuse ? L'adolescente avait mal partout, car elle ne cessait d'être projetée de tous les côtés et heurta Sylvain à pas moins de quatre reprises. Elle songea toutefois qu'il s'agissait d'une juste punition, puisque c'était lui qui l'avait forcée à monter à bord de cet enfin de torture. Elle lui en garderait rancune jusqu'à la fin de ses jours. La dernière descente arriva enfin, mais ce fut également la pire, car elle se terminait par un looping. Cassy craignait que son épouvante ait raison d'elle au point de la faire s'évanouir. Elle lutta contre la peur jusqu'à ce que le manège s'immobilise, à l'endroit exact où il avait démarré. Les sécurités se désactivèrent et la jeune fille put rejoindre la terre ferme. Elle chancela, car elle avait les jambes cotonneuses et la tête qui lui tournait. Sylvain passa un bras autour de sa taille pour pallier ses pertes d'équilibre, pendant qu'elle se remettait de cette désastreuse expérience qu'il nommait « grand-huit ». Il la soutint jusqu'à un banc, sur lequel il l'installa le temps qu'elle reprenne ses esprits, un peu à l'écart de la foule. - Je t'avais dit que c'était sans danger ! - Tu parles, je crois que je vais être malade, répliqua-t-elle en portant une main à sa bouche pour réprimer un haut-le-cœur. - Je sais exactement ce qu'il te faut pour que tu ailles mieux. Une barbe-à -papa. Cassy grimaça. Qu'était-ce encore que cette chose au nom plus qu'incongru ? Si elle posait la question à Sylvain, son ignorance risquait d'éveiller des soupçons chez lui, mais si elle se taisait, elle risquait d'être embarquée malgré elle dans un nouveau manège à sensations fortes, ce dont elle se passerait volontiers. La décision la plus sage lui parut de refuser, mais le temps qu'elle la prenne, son ami avait déjà disparu. Craignant de se perdre au milieu de tous ces gens, Cassy décida de ne pas bouger. Elle ne savait pas où trouver Sylvain, au contraire du Topdresseur qui n'aurait qu'à revenir la chercher à la même place. Il ne tarda d'ailleurs pas à réapparaître avec un bâtonnet dans chaque main, tous deux rehaussés d'une sorte de nuage rose, semblable à la toison d'un Lainergie. Il en tendit un à Cassy, qui s'aperçut que cette masse était aussi poisseuse qu'une toile de Migalos. L'odeur qui s'en dégageait n'en était pas moins appétissante et elle imita le jeune homme qui en avait pincé un morceau avec ses doigts pour le porter à sa bouche. Elle fut surprise par ce goût délicieux, auquel elle ne s'attendait pas, tandis que le sucre fondait sur le bout de sa langue. C'était succulent, même si cela ne valait pas une bonne glace à la menthe et au chocolat. Quand elle eut terminé, elle lécha ses doigts collants, profitant pleinement de leur saveur. Sylvain se moqua d'elle, car un filament rose s'était accroché à sa joue. Elle voulut le balayer, mais il fut plus rapide. D'un revers du pouce, il l'essuya, et sa main s'attarda quelques secondes contre la peau de Cassy, avant qu'il la retire précipitamment. Écarlate, l'air mal à l'aise, il détourna les yeux. L'adolescente l'observa sans comprendre et se leva pour jeter le bâton de sa barbe-à -papa dans la poubelle la plus proche. - Par quelle activité es-tu tentée ? interrogea Sylvain lorsqu'il osa de nouveau croiser son regard. Le lancer de pokéball ? La pêche aux Psykokwak ? La pince à Poké-poupée ? - La pêche aux Psykokwak ! Elle fit ce choix avec enthousiasme, car elle adorait pêcher. Elle avait adoré, du moins, car elle n'avait plus pratiqué ce loisir depuis longtemps. Elle se souvenait qu'enfant, elle passait de longues heures en compagnie de son père au bord de la rivière, à tenter d'attraper des Écayon que sa mère servait ensuite au dîner. Sylvain mena Cassy jusqu'à un stand où des pokémon en plastique flottaient dans un bassin qui leur arrivait aux genoux. On remit à la jeune fille une canne à pêche rudimentaire, au bout de laquelle pendant un hameçon arrondi qu'elle devait faire passer dans l'anneau que les faux Psykokwak portaient sur la tête. Elle n'avait rien perdu de l'adresse qu'elle possédait autrefois, malgré son manque de pratique. Elle captura un grand nombre de cibles et, après avoir été félicitée par le forain, il lui désigna toute une panoplie de cadeaux parmi lesquels elle pouvait choisir celui qu'elle désirait. Elle se fit remettre un Minidraco en peluche. - Toujours des dragons, constata Sylvain, amusé. - C'est presque une obligation. Je suis l'apprentie de Sandra, je me dois donc de lui faire honneur. - Je n'arrive toujours pas à croire que vous soyez devenues amies, toutes les deux. Il va me falloir du temps pour me faire à cette idée. - Je n'irais pas jusqu'à dire que nous sommes vraiment proches, mais l'antipathie qu'elle m'inspirait a laissé place au respect, et je dirais même à une certaine admiration. Les deux adolescents avaient recommencé à parcourir les différentes allées bordées de stands. Sylvain fit halte à hauteur d'une femme qui vendait des confiseries pour lui acheter des graines d'Héliatronc grillées, affirmant que c'était son péché mignon. Il proposa à Cassy d'en piocher une poignée, qui ne tarda pas à la remettre dans le sachet. Si elle avait encore en bouche le délicieux souvenir de la barbe-à -papa, elle trouvait ceci totalement immangeable. Le Topdresseur haussa les épaules, heureux d'en avoir plus pour lui seul. - Et maintenant, que faisons-nous ? demanda-t-il. À moins que tu ne veuilles rejoindre Sandra à l'Arène ? - Je... Hum... Eh bien... Cassy écouta à peine la question de Sylvain, car elle était distraite. Son regard avait accroché un point qui se trouvait juste derrière lui, et par lequel elle se sentait inexorablement attirée. Sans fournir de réponse plus complète à son amie, elle le contourna pour se diriger vers cet endroit qui monopolisait son attention. |
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