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Lecture du chapitre 1 | |
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Nom de l'œuvre : Rayquaza [Hoenn - 2014] | Nom du chapitre : Les vacances de Kyogre et Groudon |
Écrit par Requiem | Chapitre publié le : 2/8/2014 à 18:14 |
Œuvre lue 3739 fois | Dernière édition le : 25/8/2014 à 00:42 |
Cette histoire se déroule avant que les continents actuels ne se soient formés et que les grands océans ne recouvrent une partie du globe. A une époque plus simple mais plus terrible aussi, où les Primaux, ancêtres des Pokémon, régnaient sur mer, terre et air. Trois d’entre eux jouissaient d’une puissance extraordinaire et se partageaient le monde d’alors. Le premier était Kyogre, le Primal seigneur des eaux et de ses habitants. Le second se nommait Groudon et gouvernait les vastes étendues rocheuses et désolées. Venait Rayquaza enfin, roi des cieux, protecteur silencieux du monde qui s’agitait sous son firmament. C’est dans cette contrée sauvage et cruelle, par un jour où les rayons du soleil perçaient une épaisse couche de nuages, que commence donc notre récit. Groudon mâchait nonchalamment un crâne de Charkos, ses pas le promenant lourdement le long du vieux sentier qui menait jusqu’à la grotte qui était son chez lui. Il avait passé sa journée à traquer un troupeau de Tropius, indolent mystherbivore, dont la chair délicate et sucrée ravissait son palais délicat. Manque de chance ce matin-là , il avait été attaqué par une meute sauvage de carnassiers qui avaient tenté de lui mâchouiller la gorge à grands coups de gueule aux crocs acérés. La horde de Primaux inconscients était composée de quatre Charkos et d’un Rexilius dont les attaques répétées n’étaient que piqures de Genesect pour le Primal terrestre. Au final, Groudon n’avait fait qu’une bouchée de ses adversaires : décapitant l’un d’un coup de griffes, enfonçant la cage thoracique d’un autre par un ample mouvement de queue rotatif. Le Rexilius avait succombé à un rejet gastrique envoyé par Groudon, le faisant fondre sur place. Le puissant Primal se plaisait à appeler cette technique la roue de feu car il trouvait que cela sonnait bien. Devant la débâcle, les deux derniers Charkos rescapés s’étaient alors enfuis. Groudon ne craignait pas leurs attaques physiques mais il ne pouvait rivaliser longtemps avec la vitesse des puissantes pattes agiles des crânes durs. Il réussit néanmoins à en coincer un dans un cul-de-sac et le dévora sur place pour calmer ses nerfs. C’était le crâne de ce Charkos qu’il était actuellement en train de suçoter, songeant avec mélancolie au troupeau de Tropius dont il avait perdu la trace. Il passait non loin d’une étendue d’eau quand il vit la tête de son bon ami Kyogre émerger des lugubres profondeurs. Il le salua de la patte. « Bien le bonjour, mon cher. Comment allez-vous aujourd’hui ? - Ma foi, répondit Kyogre, ça pourrait aller mieux. - Comment cela ? Racontez-moi tout ! » le pressa alors Groudon en s’approchant d’un peu plus près de la grande flaque liquide. Kyogre poussa un long soupir, faisant mouvoir sa nageoire caudale pour provoquer un remous agacé. « Eh bien, je me trouve fatigué de toujours devoir trancher les problèmes des autres Primaux. Pas plus tard que ce matin, deux Amonistar femelles sont venues me voir en prétendant chacune que l’œuf qu’elles avaient trouvé était le leur. « Or vous savez bien que la façon dont arrivent ses œufs n’a jamais pu être véritablement expliquée. Il suffit qu’un mâle et une femelle compatibles aient l’air de bien s’entendre et… pouf ! Un œuf ! Alors comme j’étais dans l’incapacité de déterminer qui était la mère, et qu’aucun mâle n’est venu revendiquer sa paternité, j’ai déclaré que les deux plaignantes seraient officiellement les parents du futur enfant à parts égales de responsabilités. - Deux femelles ? s’exclama Groudon, abasourdi. Ah cher ami, vous êtes bien plus avant-gardiste que moi. - Je le sais bien ! Vous en êtes encore réduit à imposer la violence à vos sujets pour vous faire obéir, et devez fréquemment réprimer des rébellions contre votre personne. Ne niez pas, je vois bien ce que vous tentez de cacher entre vos dents ! - Ne parlons pas politique, vous savez bien que c’est un sujet qui ne nous sied guère. Souvenez-vous de ce qu’il s’est passé la dernière fois que ça nous est arrivé. » Kyogre acquiesça silencieusement en réprimant un frisson. Il n’aimait pas se rappeler de ce souvenir particulier. Ce jour-là , les deux copains avaient mangé un peu trop de miel et cela leur était monté à la tête. Au final, un continent entier avait été englouti par les eaux et il avait plu sur l’océan des gerbes enflammées pendant cinq jours, suffoquant ou ébouillantant des milliers de Primaux innocents. « Je sais ce qu’il vous faudrait ! » reprit alors Groudon d’un air triomphant. « Plait-il, mon ami ? - Il vous faut partir quelques temps, loin du tumulte de la cour et des intrigues de palais. Prenez le large et laissez vos soucis derrière vous. Pour quelques jours au moins. - Ah si seulement ! Mais que se passerait-il si je devais m’absenter ? - C’est bien votre problème, répliqua Groudon en secouant la tête. Vous mettez au point une administration sensée vous faciliter les démarches légales et, au final, vous avez si peur que votre système artificiel ne tourne plus sans votre présence que vous n’osez plus prendre de vacances. - Vous… Vous avez raison. » s’inclina enfin Kyogre devant la rhétorique implacable de son interlocuteur. Il y avait longtemps qu’il ne pouvait plus se la couler douce en surfant tranquillement ou pratiquer sa grande passion : la plongée sous-marine. Il était peut-être temps pour lui de décompresser et de prendre du recul sur sa vie actuelle de procureur des flots. « Je veux bien partir une semaine. Ou deux, si le travail ne me manque pas trop, enchaîna le Primal marin. Mais il ne faut pas que l’endroit soit trop éloigné de mon domaine, au cas où il y aurait une urgence. » Groudon réprima un sourire. Son compère s’inquiétait toujours trop, provoquant parfois chez lui un caractère ombrageux. Le Primal terrestre préférait voir les aléas de la vie du bon côté et avait souvent le visage aussi radieux que le soleil à son zénith. Il se mit à réfléchir à un endroit peu distant qui serait capable de distraire Kyogre. A chaud, aucune idée ne lui vint. « Mmmh. » fit-il en se grattant le menton du bout de sa griffe. Le problème avec un monde qu’ils avaient eux-mêmes participé à créer, c’est qu’ils en connaissaient le moindre coin et recoin. Difficile donc de dénicher un endroit exotique à explorer. Cogitant à une vitesse extrême, le Primal bipède eut soudain un éclair de génie qu’il s’empressa de partager avec sa contrepartie aquatique : « Et si nous créions notre propre paradis ? Un endroit rien qu’à nous où nous pourrions nous relaxer sans avoir à supporter les tracas du quotidien ? - Vous parlez d’un jardin secret ? » Kyogre paraissait très excité par la perspective. « Mais ne devrions-nous pas en faire part à notre collègue des cieux ? Il ne sera pas très content s’il découvre que nous avons modifié une partie du monde dans son dos. » Les larges épaules rattachées au corps puissamment bâti de Groudon se haussèrent avec indifférence. « Ne mêlons pas ce rabat-joie à notre joli projet. Il est bien pire que vous avec son délire de race pure terrienne. Et il doit être bien trop occupé à empêcher les Primaux lunaires d’émigrer de leur monde mourant au nôtre pour se rendre compte que nous avons apporté quelques modifications géographiques au territoire qu’il prétend défendre. - Alors c’est d’accord. Mettons-nous au travail ! - J’ai peur que ce soit cette perspective qui vous réjouisse le plus… » Kyogre éclata de rire. « Peut-être bien que oui. Il faut toujours que j’ai les nageoires occupées ou je deviens fou, ça vous ne pourrez pas le changer. - Ce n’est guère mon intention. J’ai toujours admiré votre ténacité qui vous empêche de lâcher prise, quel que soit le sujet. - Et moi votre témérité qui vous pousse toujours à bousculer le quotidien, quitte à vous faire des ennemis. - Ahahah ! Mais je les mange au petit déjeuner ! » C’est en riant de bon cœur que les deux amis commencèrent à marcher et nager dans une direction qu’ils choisirent au hasard. Ils discutaient de ce que leur grandiose projet finirait par donner, imaginant déjà ses courbes et ses contours, ses aspérités et ses saillies, le goût qu’aurait sa terre et le bruit que ferait le clapotis des vagues sur son rivage. Ils étaient alors à mille lieux d’imaginer les conséquences que ce départ en vacances aurait sur leur futur et sur celui de tous les Primaux. Incapables de se mettre d’accord sur ce à quoi devrait ressembler leur petit coin de paradis, leurs relations se dégraderaient rapidement et leur mauvaise humeur escaladerait des sommets alors jamais atteints. Le conflit, finissant par se transformer en une guerre ouverte entre les deux amis, déchainerait les eaux et ferait trembler la terre pendant quarante jours et quarante nuits. En effet, le monde se transfigura pendant qu’ici Kyogre orchestrait le déferlement d’un torrent furieux, alors que là Groudon faisait jaillir des montagnes et provoquait des éboulements pour endiguer la montée des flots. Des centaines de milliards de Primaux perdirent la vie. Seuls certains chanceux échappèrent au génocide aveugle. D’autres durent se cacher, comme les Onyx qui creusèrent si profondément la terre que même la fureur de Groudon ne pouvait les y poursuivre ; ou les Relicanth qui plongèrent dans des fonds marins obscurs, inexplorés et froids où Kyogre n’osait se mouvoir. Groudon et Kyogre perdirent beaucoup d’énergie dans leur guerre idiote et s’affaiblirent peu à peu, sans pour autant cesser de combattre. Le carnage fut si terrible et la dégradation du monde si intense que même le grand serpent des cieux, Rayquaza, ne put ignorer ce qu’il se passait ici-bas. Abandonnant la croisade qu’il menait contre les envahisseurs lunaires, il descendit sur Terre, louvoyant habilement entre les nuages, jusqu’à ce que son ombre se détache au-dessus des deux Primaux enragés. Pour calmer les deux adversaires il dût lui-même consumer beaucoup de sa puissance ; car, si à un-contre-un il était devenu plus fort que Kyogre ou Groudon, les attaques combinées du Primal terrestre et du Primal marin lui donnèrent bien du fil à retordre. Après une bataille dantesque qu’aucun superlatif ne pourrait décrire justement, les choses finirent par se calmer. Vidés de leurs forces, Kyogre, Groudon et Rayquaza n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Sans un mot, chacun se retira pour se reposer en son royaume : Kyogre disparut au fond d’une lagune aux reflets de saphir. Groudon s’enfonça dans un sommeil aussi profond que la veine de rubis qui courait au cœur de sa montagne. Mais Rayquaza était le grand perdant de cette tragédie. N’ayant pas le temps de rassembler ses forces, il ne put retenir longtemps les Primaux lunaires de coloniser la planète. Se mordant la queue de dépit, l’ouroboros céleste se retira alors dans les cieux dans un éclair émeraude. Ainsi se forma le monde actuel, par le désaccord malheureux du lieu de villégiature des dieux. |
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