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Lecture du chapitre 2 | |
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Nom de l'œuvre : L'ombre d'une soeur [Horreur] | Nom du chapitre : La vengeance de Morgause |
Écrit par Cyrlight | Chapitre publié le : 30/10/2014 à 23:22 |
Œuvre lue 6650 fois | Dernière édition le : 30/10/2014 à 23:22 |
Pourquoi Morgause était-elle revenue ? Ce fut la première question que Morgane se posa à son réveil. Ce retour inattendu la perturbait : sa soeur ne lui apportait que des malheurs. Elle ne l'avait pas vue depuis quinze ans, si ses souvenirs étaient bons, et elle ne s'en portait pas plus mal. Si ses migraines s'étaient calmées, elle avait toujours la tête lourde, comme après une nuit d'ivresse, or elle ne buvait jamais. Dans sa chambre, les volets étaient fermés et les rideaux tirés, pourtant l'unique rayon de soleil qui se faufilait à l'intérieur lui faisait mal aux yeux. A l'aide de sa télékinésie, elle tira la tenture afin de le faire disparaître. Elle avait passé une bonne nuit malgré les évènements de la veille, cependant elle ne se sentait guère en plus grande forme. Entre son combat et les soins apportés à Alakazam, elle avait sans doute dépensé trop d'énergie. Cela lui était déjà arrivé autrefois et elle mettait généralement plusieurs jours à se régénérer entièrement. Cette fois, néanmoins, c'était un problème. Elle n'avait pas envie d'être diminuée physiquement et mentalement quand Morgause rôdait dans les parages. A cause de son manque de vigilance lors du combat, elle avait encore permis à sa jumelle de triompher d'elle. Qui savait quel coup bas elle pouvait être en train de manigancer quelque part, tapie dans l'ombre ? Morgane ne croyait pas du tout à une simple visite de courtoisie, pas après toutes ces années. Elle ne se souvenait même plus pour quelle raison elle s'était disputée avec sa soeur au point de se séparer d'elle alors qu'elles n'avaient que huit ans et, lorsqu'elle tentait de réfléchir à cette question, elle se heurtait à un pan flou de sa mémoire qui réveillait ses maux de tête. Elle repoussa la couverture de laine sous laquelle elle était étendue et alluma sa lampe de chevet. D'ordinaire, elle ne l'utilisait jamais, préférant de loin enflammer les chandeliers avec ses pouvoirs psychiques, mais là , elle préférait les économiser, le temps pour elle de se sentir entièrement rétablie. Un bon petit-déjeuner lui ferait du bien, après lequel elle irait rendre une petite visite à Alakazam afin de voir comment il guérissait. Elle pourrait ainsi lui administrer une éventuelle décoction fabriquée par ses soins. Elle fit glisser ses longues jambes sur le matelas, mais se figea lorsqu'elle les posa sur le sol. Elle avait l'habitude de sentir la pierre grise et froide sous ses pieds, or là , ils baignaient dans un liquide tiède. Morgane baissa aussitôt les yeux et dans ses iris obscures se refléta la tâche de sang qui s'étendait le long de son lit. Il provenait d'un Roucool décapité dont le corps s'était vidé de tout son fluide et dont la tête était posée avec soin sur la coiffeuse. Le miroir était lui aussi ensanglanté, mais pas par des éclaboussures. Les traits écarlates formaient un mot, qu'elle parvint à lire en plissant les paupières. Vengeance Elle resta de marbre face à cette mise en scène macabre. Il en fallait bien plus que cela pour parvenir à l'effrayer, si tant est que cela soit possible. En revanche, il y avait quelque chose qu'elle craignait dans cette histoire : les motivations de Morgause. C'était elle, à n'en pas douter, qui avait préparé cette petite surprise funèbre pendant que Morgane dormait encore. Sa jumelle possédait elle aussi des dons ésotériques, au moins aussi puissants que les siens, et s'introduire dans sa chambre pendant son sommeil avait dû être pour elle un véritable jeu d'enfant. Que lui voulait-elle, soudain ? Elles s'étaient toujours haïes depuis leur prime jeunesse. Pourquoi chercher vengeance maintenant, et surtout vengeance de quoi ? D'aussi loin que la Championne croyait se souvenir, car elle se remémorait très mal son passé, il n'y avait jamais rien eu d'autre entre sa soeur et elle qu'une rivalité absurde. Elle laissa des traces de pas rougeâtres dans son sillage lorsqu'elle se dirigea vers la commode afin de prendre une serviette pour essuyer le sang du Roucool qui lui collait à la peau. Elle attrapa ensuite les deux parties du corps du pokémon, les enroula dans un drap noir pareil à un linceul, puis les emporta avec elle hors de ses appartements. Elle n'avait pas l'habitude de mettre le nez à l'extérieur. A part de temps en temps à la fenêtre, elle ne trouvait aucun intérêt à respirer l'air du dehors. Ce jour-là , pourtant, elle fit une exception. Elle mit le cadavre décapité dans un seau et sortit sur la terrasse qui occupait une bonne partie de l'arrière de l'Arène. Là , à l'aide d'une boîte d'allumettes, elle incendia le tissu. Les restes du volatiles se consumèrent entièrement en l'espace de quelques minutes, puis elle jeta les cendres en direction du ciel, où une bourrasque les entraîna en virevoltant. Elle les regarda s'éloigner jusqu'à disparaître, puis retourna dans le bâtiment en prenant grand soin de fermer la porte dans son dos. Morgause était folle et la savoir dans les parages mettaient les nerfs de Morgane à vif. Pendant un instant, elle songea à avertir l'agent Caillou de sa présence à Safrania, mais elle se ravisa presque aussi vite que cette idée lui était venue. Après tout, sa cadette n'avait encore rien fait de mal pour le moment et elle ne pourrait rien prouver pour l'histoire du Roucool, surtout pas après avoir immolé son corps. De surcroît, elle ne se rappelait pas avoir jamais parlé à quiconque de sa jumelle. Puisqu'elles ne s'adressaient plus la parole, elle avait appris à taire son nom, à l'effacer de sa mémoire et à se faire passer aux yeux des autres pour une fille unique. Qui la croirait si elle évoquait soudain une soeur dont elle avait tu, voire nié l'existence pendant quinze ans ? Non, elle devait s'occuper seule de tout cela. Il s'agissait de sa jumelle. C'était apparemment pour elle qu'elle était revenue et personne d'autre n'avait besoin d'être impliqué dans une affaire qui ne concernait que sa propre famille. Elle ignorait ce qu'était devenue Morgause après leur séparation. Elle-même était partie en voyage initiatique très jeune, à l'âge de huit ans seulement, car elle ne souhaitait plus rester chez elle. Elle n'en avait pas eu de nouvelles depuis son départ et voyait très peu ses parents. D'ailleurs, jamais elle n'abordait avec eux le sujet tabou de sa cadette. Il s'agissait d'une vraie sauvageonne à l'instinct animal. Pendant toute leur enfance, elle avait sûrement passé plus de temps à vagabonder dans la forêt qui bordait leur maison qu'à l'intérieur. Qu'il pleuve ou qu'il vente, elle partait pendant des heures et finissait par revenir trempée ou échevelée avec sa Feuforêve. Morgane était presque sûre de pouvoir la trouver là -bas encore à ce jour. Elle avait des questions à lui poser, des questions qu'elle n'avait pas eu le temps de formuler la veille. Elle devait absolument savoir ce que Morgause lui voulait. Elle ne se souvenait pas du tort qu'elle avait pu lui causer, mais quel qu'il soit, elle ne voyait pas l'intérêt d'une revanche quinze ans après. Elle avait beau réfléchir, elle ne se remémorait aucun détail. Elle se rappelait les cris, les disputes... Plusieurs fois elles en étaient également venues aux mains. Dans tous ces conflits, toutefois, aucun n'était plus digne qu'un autre d'avoir créé un schisme entre les deux soeurs. Elle ne comprenait pas... D'ordinaire, elle avait une excellente mémoire mais là , elle avait tout oublié. Sans doute s'était-elle trop astreinte à ne pas repenser à cette époque qu'elle n'y parvenait naturellement plus, bien que cela semble désormais nécessaire. Elle tira une croix sur son petit-déjeuner et s'habilla directement. Elle prit des vêtements dans lesquelles elle se sentait à l'aise, à savoir un T-shirt uni et un pantalon blanc, puis jeta une cape sur ses épaules car l'air automnale était plutôt frisquet. Une rapide visite à Alakazam lui permit de constater une très nette amélioration dans l'état de santé du pokémon. Elle lui appliqua un onguent sur ses plaies afin que cela les aide à cicatriser, puis quitta l'Arène avec ses cinq autres pokéballs en poche. Au sud de Safrania, il y avait un bois dense. C'était au coeur de ces arbres qu'elle avait grandi en compagnie de sa famille. Elle se demanda un instant si sa mère était au courant du retour de Morgause. Sûrement. Elle avait toujours été leur préférée et c'était elle, Morgane, qui avait longtemps été tenue pour responsable de son départ. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait quitté si tôt la maison familiale, car elle n'avait plus supporté ce genre de réflexion désobligeante. A une heure aussi matinale, elle croisa peu de gens dans les rues de la ville et ne s'en porta pas plus mal. Comme elle sortait rarement, pour ne pas dire jamais, de son Arène, sa présence au dehors n'aurait fait qu'attirer l'attention sur elle et soulever une multitude d'interrogations, ce qu'elle tenait à éviter. Personne n'avait besoin d'être au courant pour l'existence de sa jumelle. Un vent frais soufflait sur l'est de Kanto et la Championne le sentait porteur de mauvais présages. Depuis la veille au soir, elle n'avait plus l'esprit tranquille. Comment l'aurait-elle pu en sachant que si sa soeur désirait quelque chose, une vengeance ou autre, elle ne reculerait devant rien pour l'obtenir, exactement comme quand elle lui volait ses bonbons lorsqu'elles étaient encore petites ? Elle s'enfonça dans la forêt sans carte, sans repère. Elle ne s'était pas rendue ici depuis près de trois ans, à la mort de son père. Elle avait rapidement exprimé ses condoléances à sa mère avant de repartir. Morgause n'était pas venue, ce jour-là . Savait-elle seulement que leur géniteur n'était plus ? Le sixième sens de Morgane lui murmurait que sa soeur ne se trouvait pas dans la maison de leur enfance et elle décida de l'écouter, persuadée qu'il avait raison. Effectivement, sa cadette était bien trop intelligente, si elle manigançait quelque obscur dessein, pour aller se cacher dans le premier endroit où l'on penserait à venir la chercher. Elle se mit donc en devoir d'explorer tous les endroits où sa jumelle était susceptible de se tapir dans les environs. Il y avait de nombreux arbres creux et tout autant de grottes qui feraient pour Morgause une tanière idéale. Elle eut beau explorer chacun de ces endroits, elle ne retrouva pas sa trace. Alors qu'elle s'apprêtait à baisser les bras, elle songea à utiliser ses pouvoirs psychiques pour tenter de la localiser. Puisque sa soeur était une puissante praticienne, elle pourrait probablement percevoir son aura. Elle se souvint cependant de sa décision de ne plus se servir temporairement de ses dons et fit donc appel à son Mentali. Il huma l'air à plusieurs reprises, en vain. La bise ne suffisait pas à porter jusqu'à lui la moindre trace du passage de Morgause. A contrecoeur, Morgane choisit de renoncer. Elle commençait à avoir froid et, à cause de l'agoraphobie qu'elle avait développé après des années passées dans la solitude, elle ne supportait pas de rester trop longtemps loin de son Arène. Alors qu'elle parcourait le même chemin en sens inverse afin de regagner l'orée du bois, elle eut un étrange pressentiment. Elle n'avait pas besoin de ses pouvoirs pour cela, mais elle percevait très nettement quelque chose de malsain dans les environs. Elle avait une impression anormale et pensa pendant une seconde qu'elle était en train de rêver. Pourtant non, elle ne rêvait pas. Sa soeur était bien revenue pour un motif qui lui était encore inconnu, mais qu'elle comptait bien découvrir. Elle n'avait pas dit son dernier mot. Elle rentrerait chez elle se reposer davantage et elle reviendrait cette nuit, lorsque ses talents psychiques seraient à leur apogée, en espérant qu'elle se soit régénérée d'ici là . Elle devait être à mi-chemin de Safrania lorsqu'elle entendit un bruit particulier. Elle regarda les alentours : si elle écoutait un bourdonnement, c'était qu'une nuée de Dardargnan ne devait pas être loin. Elle n'avait pas peur des insectes, ils étaient proches du type psy, d'une certaine façon. Elle dut néanmoins bien vite admettre qu'il n'y avait pas le moindre pokémon dans les environs, sans quoi ils l'auraient attaquée, surtout s'ils étaient en essaim. Elle passa son auriculaire dans l'orifice de son oreille et le secoua légèrement à l'intérieur. Apparemment, c'était encore ces maudits acouphènes qui la reprenaient. Elle n'avait jamais souffert de cela auparavant, sauf quand elle poussait ses pouvoirs dans leurs derniers retranchements, cependant elle était certaine de ne pas en avoir abusé tant que cela au cours des derniers jours. Dès qu'elle serait de retour à l'Arène, elle prendrait une potion afin de diminuer ce désagréable sifflement dans sa tête. D'ordinaire, ses médicaments artisanaux fonctionnaient plus que ceux de l'infirmière Joëlle. Elle n'avait donc pas à s'inquiéter. Les arbres s'espaçaient de plus en plus au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de la sortie de la forêt. Elle commençait même à entendre l'activité grouillante de Safrania, à quelques centaines de mètres d'elle. Elle pressa le pas, désireuse de retrouver son antre, mais s'arrêta presque aussitôt. Un élancement lui vrilla le crâne. Elle porta une main à son front en serrant les dents pour ne pas crier. La souffrance qu'elle éprouvait était atroce, à un point tel qu'elle aurait pu se lacérer la chair avec ses ongles pour tenter de l'oublier. D'un bras tremblant, elle réussit à attraper l'une des pokéball fixées à sa ceinture. Sa Lippoutou eut à peine le temps d'apparaître qu'elle s'effondrait déjà sur son épaule. Morgane tenta de s'exprimer, mais elle savait que si elle cessait de se mordre les lèvres, elle hurlerait de douleur. Elle prit le risque de communiquer par télépathie : - Entoure-moi d'un Mur Lumière et ramène-moi à la maison, d'accord ? La créature au corps glacé posa ses mains sur elle pour l'entourer d'un halo iridescent. Cela apaisa un peu sa dresseuse, qui parvint à regagner en lucidité alors que Lippoutou l'aidait à avancer en la soutenant par la taille. Elle en était certaine, désormais : elle n'était pas malade. Si le Mur Lumière atténuait ses maux, c'était parce qu'une attaque psychique en était à l'origine. Comme par hasard, l'apparition de ses symptômes coïncidait avec le retour de Morgause... |
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