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Lecture du chapitre 4 | |
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Nom de l'œuvre : Sentaï Scoop | Nom du chapitre : The sentaï fury road - partie II |
Écrit par Tracy | Chapitre publié le : 7/10/2015 à 19:16 |
Œuvre lue 11100 fois | Dernière édition le : 7/10/2015 à 19:36 |
Chapitre 4 The sentaï fury road - partie II C’est ainsi que le lendemain matin, sur le chemin de l’école, Hongo, Ken et les autres eurent la surprise de voir placarder dans toute la ville des affiches aguicheuses pour la course de karts municipale opposant la Sentaï School à la Vilain School. Les employés municipaux avaient travaillé toute la nuit, rémunéré au black sur le budget normalement alloué à l’orphelinat, pour le plus grand plaisir du maire Pintade qui ne voulait pas à payer d’heures supplémentaires en nocturne. Hongo haussa un sourcil, Bibi collée à ses baskets. « Pourquoi y a mon nom sur cette affiche ? - Je me disais bien que ça cachait quelque chose ce pseudo-cour de prévention à la sécurité routière, dit Vipère. - En même temps j’ai eu plusieurs séances à la Saint-Richard et on n’a jamais utilisé le jeu "Gran Turismo V" pour nous sensibiliser à la sécurité au volant… Renchérit Olys. - J’en ai marre de cette école, lança Hongo. Ca va encore finir en eau de boudin cette affaire… - Reste cool Hongo, ils nous ont épargné les monster-trucks au moins, fit remarquer Duke. - C’est samedi prochain ! S’écria Keiji. T’auras jamais le temps de t’entraîner. » Et en effet, Hongo n’eut pas le temps de s’entraîner et l’auteure n’a pas le temps de décrire les évènements qui séparèrent la description de l’affiche publicitaire du jour J … Le maire Rodolphe Pintade avait mis les petits plats dans les grands et les grands dans des chaudrons géants sans débourser un centime des caisses municipales, là était le talent de R. Pintade. Si les frais de la Sentaï School avaient été exorbitants pour l’achat d’un kart de grande marque suffisamment rapide et du matériel d’entretien adéquat, la municipalité n’avait pas eu à ouvrir sa bourse pour l’organisation de la course, elle s’était entièrement auto-financée par les sponsors. La plupart des commerçants de la ville avaient loué un stand pour être près de la ligne de départ. La Vilain School avait aussi mis la main au porte-monnaie, une telle publicité pour son école, le directeur John H. Stratéquerre ne pouvait pas faire l’impasse dessus. Le menton saillant, le regard vicieux et perçant, une barbichette machiavélique et des oreilles pointues que même Légolas lui aurait enviées, Stratéquerre dans sa longue toge de gourou maléfique se promenait dans l’allée centrale… En sifflotant. Stratéquerre était le directeur de la sinistre Vilain School ainsi qu’accessoirement le père de Vipère et par extension l’oncle de Duke. Il rejoignit son vieux rival, Ultra-Sama. « Alors que penses-tu de ma petite idée d’une course entre ton école et la mienne ? Chantonna Stratéquerre. - T’aurais pas pu trouver plus onéreux ? Cracha Ultra Sama. Ca m’a couté une fortune et à toi aussi ! - C’est vrai mais pendant que ton école se reconstruisait trèèèèèss lentement, mes petits filous de la Vilain School se multipliaient et faisaient des progrès. Les caisses de l’école se portent merveilleusement bien ! - Ravi de le savoir, mais ça ne va pas durer. A l’issue de cette course j’aurais à nouveau l’école la plus populaire du pays ! - Ah ah, ça je demande à voir. Il y a trop de héros de nos jours : ils ont si peu de travail qu’ils en viennent à jouer dans des films ! » Stratéquerre pointa du doigt le panneau d’affichage du grand rex au-dessus de leurs têtes où se bousculaient les affiches de blockbusters tels que "L’homme-cigale", "Les gardiennes de l’univers" ou encore "The Revengers III". « Voilà ce que deviennent tes diplômés : des saltimbanques ! Non, ce sont de vrais méchants qu’il n’y a plus de nos jours, poursuivit Stratéquerre. Les magnats du pétrole et les traders ça ne compte pas ! Un bon vieux savant fou avec huit tentacules ou une souris maléfique rêvant conquérir le monde, ça c’est du palpable ! - On a déjà le hamster*, merci du cadeau, pas besoin d’une souris en plus ! Répliqua Ultra-Sama. *Voir : « Serge le hamster de l’Enfer », si si ça existe vraiment, c’est publié et tout ! - Je te rassure mon vieil-ennemi, il y aura toujours une place de surveillant de cantine à la Vilain School pour toi quand ton école sera définitivement out. Et j’ai déjà fait repeindre les chaises pour ma fille et mon neveu. - Ceux-là je te les rends quand tu veux mais tu n’toucheras pas à une brique de mon école ! » Grogna Ultra-Sama. Tandis que les deux principaux se crêpaient le chignon comme deux vieilles copines de scrabble, Hongo, Ken et leurs camarades arrivaient sur place. Par réflexe, Olys prenait des photos des environs, la ville était en effervescence. En mode poissonnière, Vipère avec un bloc note sous le bras, un panier rempli d’argent et une casquette de croupier braillait : « En avant les paris ! Qui va gagner entre la Sentaï School et la Vilain School ? La côte est à 1 contre 1 ! Qui n’a pas encore prit son pari ? » Duke lui lança un regard en biais éloquent mais ne fit aucun commentaire. « Y’a tellement de stands qu’on se croirait sur la caravane du tour de France… Dit-il à ses copains. - Ouais mais celui qui roxe le plus c’est Wallace Wilka ! Chantonna joyeusement Keiji. » En effet, le stand mobile de Wallace Wilka était assailli de toutes parts par les passants gourmands et les élèves de la Sentai-School. Le confiseur distribuait des milliers de sucreries gratuitement. Entre les produits Wilka et la boulangerie Rolqwir made-in-France-and-Yamato, le stand de petits pains aux saucisses de Tôa était presque déserté. Tofu Leformidable dans son coin, réussissait à rameuter quelques clientes en proposant ses charmes, mais sa nourriture à base de tofu bio en revanche ne se vendait pas. Une larme de désespoir coulait le long de la joue joufflue de Tôa Girara. « C’est quand même le comble… Geignit Tôa. Tout mon chiffre d’affaire ne repose plus que sur les étudiants de la Vilain School… La honte s’est abattue sur mon entreprise, je suis déshonoré… Si ça continue je vais devoir me faire seppuku. - Un petit contrat de mariage avant de mourir ? » Gloussa Vipère en lui faisant les yeux doux et en lui tendant un document notarial à signer. Tôa préféra ne pas répondre. Egal à lui-même, le gentil Keiji tenta de le consoler. - C’est pas grave Tôa, dit-il en revenant de chez Wilka, des bonbons plein les poches. Ils sont quand même vachement bons tes pains en farine de saucisse. Tu devrais t’associer à Wilka tiens, vous pourriez… - JAMAIS ! Plutôt mourir !!! » Gronda Tôa en provoquant un véritable tremblement de terre sous les pieds de Keiji. - Amplitude sismique 4, indiqua Ken. Pas mal mais peut mieux faire… » Tandis que Keiji s’éloignait d’eux en trottinant comme un campagnol apeuré, Tôa se tourna vers Shinobi. « Tu ne devrais pas le laisser bouffer toutes ces cochonneries… La sermonna Tôa. - Grâce à ces bonbons il n’entre plus jamais en mode so-dark, se justifia Bibi. - Rassure-moi : toi tu n’en manges pas ? Les joues de Bibi s’empourprèrent. - Non…. ma ligne…Hongo. - Ah tant mieux, merci Hongo… Hongo ?!? » Le beau brun s’amena auprès d’eux, une sucette dans la bouche, dressée comme une cigarette. « Non pas toi Hongo ! Se lamenta Tôa. - Elle est finie depuis longtemps, mais garder le bâtonnet dans la bouche me rajoute des points de ténébritude. Ca fait comme une cigarette mais fumer c’est mauvais pour la santé. » Amusée, Olys photographia la scène, c’est alors qu’un adulte l’interpella. « Eh vous là , avec l’appareil photo ! - Quoi ? Moi ? » Demanda Olys, anxieuse. C’était Ultra Sama qui s’avançait vers elle du pas décidé d’un tyrannosaure affamé. « Vous savez vous servir d’une caméra ? Lança brièvement le principal. - Euh, oui bien sûr… - Parfait ! Tenez ! » Ultra Sama lui claqua une caméra numérique entre les mains et tourna les talons. Il était déjà en train de s’éloigner quand il lui donna ses dernières directives. « Je vous charge de filmer la course pour les archives de l’école, c’est important, tâchez de faire ça bien. » De cette manière, le principal espérait avoir une preuve des tricheries des élèves de Stratéquerre pendant la course. Olys, elle, était penaude. (Mais je m’en fiche moi de cette course de beaufs, c’est Ken qui m’intéresse.) A contrecœur, Olys rangea son appareil photo et enfila la lanière manuelle de la caméra. Elle chercha ensuite des yeux Ken Eraclor dans la foule, Hongo, Bibi et Tôa étaient toujours là , le quatrième larron ne devait pas être très loin. Elle commença à filmer tandis qu’elle cherchait toujours Ken Eraclor dans l’objectif. Elle grimpa en haut des tribunes pour le chercher des yeux depuis un point culminant, c’est là qu’elle réalisa que la vue n’était pas assez bonne pour prendre une vidéo de qualité pendant la course. A défaut de trouver Ken, elle aperçut mademoiselle Gégé qui sermonnait des pom-pom-girls. « Vous n’avez pas honte d’utiliser vos corps de la sorte ? Vous n’êtes pas des objets ! Ne donnez pas du grain à moudre à cette bande de phallocrates ! - Mais nous on veut juste encourager Hongo, se justifia une élève de deuxième année en jupette en agitant ses pompons. - Mademoiselle Gégé ! L’interpella Olys, tandis que Bibi s’approchait par derrière des pom-pom-girls comme le requin des dents de la mer. Le circuit est trop grand, comment je fais pour filmer toute la course ? - C’est évident : vous montez dans le kart avec monsieur Wing ! Répondit mademoiselle Gégé ; derrière elle, les supporters sexy se faisaient tabasser par Shinobi. - Quoi ?!? Mais vous rigolez ??? S’écria Olys. - Restez polie mademoiselle Allen ! Il est temps de montrer à tous ces machistes que vous méritez votre place dans cette école ! » (Nan mais dans quelle galère je me suis fourrée moi…) Mademoiselle Gégé tourna le dos à Olys et s’adressa aux pom-pom-girls défigurées et couvertes de bleues. « Quant à vous mesdemoiselles, allez-vous changer immédiatement ! - Tu me feras office de copilote, dit Hongo qui avait entendu la conversation entre Gégé et Olys. Essayes d’être à la hauteur Loïs. - C’est Olys… » Grommela-t’elle. Un homme très grand vêtu d’une tunique violette criarde et d’un grand chapeau haut-de-forme composé de sucres d’orges alignés et entrelacés s’avança vers eux avec une prestance très sucrée. Olys le reconnut tout de suite, Hongo lui était déjà prêt à aboyer. « Hongo Wing ? Demanda l’homme d’une voix mielleuse. - Ouais c’est moi. C’est pour quoi encore ? » L’homme s’inclina avec élégance pour se présenter, il dégageait un agréable parfum de caramel et de chocolat qui ouvrait l’appétit. « Je suis Wallace Wilka. Laissez-moi vous offrir ce coffret de sucettes aromatisées à plus de cinquante parfums différents. » L’excentrique ouvrit un coffre en bois décoré comme une boîte de cigares sous le nez d’Hongo et lui présenta un alignement de sucettes colorées. Une veine palpitante apparut sur la tempe de Tôa Girara qui se tenait juste derrière Hongo et Olys, prêt à rugir. « J’aimerais que l’entreprise Wilka devienne le sponsor officiel de la Sentaï-school pour cette course. - Y’a déjà un sponsor ! Râla Tôa en tirant sur le bras d’Hongo qui réussit malgré tout à attraper la boîte de sucettes. La société Girara-Ringalls et ses pains à base de farine de saucisse ! - Euh… Non Tôa l’interrompit Olys, manquant ainsi une occasion de se taire. Techniquement le sponsor de la Sentaï c’est la boulangerie Rolqwir… - C’est en négociation avec le principal de votre école mon cher jeune et dodu concurrent, se félicita Wallace Wilka. Aussi délicieuses que soit ta farine de saucisse, tu ne pourras rien faire pour m’arrêter, moi et mes bonbons aux mille saveurs. Mais il te restera toujours tes clients de la Vilain School… - Grr… C’est ce qu’on verra ! » Lança Tôa, avant de s’éloigner, il devait reprendre son calme. C’est alors que Wallace Wilka se tourna vers Olys et s’inclina devant elle avec un large sourire. (Je n’aime pas son sourire faussement innocent, on dirait moi.) « Chère demoiselle la copilote, j’ai également une douceur pour vous… » Il lui tendit une boîte en velours ressemblant à s’y méprendre à une celle d’une bague ou d’une alliance. Le confiseur l’ouvrit lentement, révélant non pas un bijou mais une série de petits chewing-gums serrés les uns contre les autres. « Merci… » Dit simplement Olys en acceptant le cadeau, elle pensait que ce serait mal venu de refuser. Wilka s’en repartit et Hongo décida de goûter une de ses sucettes. Il jeta le bâtonnet trop mâchouillé qu’il tenait toujours entre les dents et sortit une nouvelle sucette de son étui. « Je ne suis pas un adepte des bonbons d’habitude mais il faut reconnaître que ceux-là sont succulents », dit Hongo. Olys et lui rejoignirent leurs amis qui voulaient leur souhaiter bonne chance avant le départ. En arrivant à côté de Keiji, Olys lui lança sa boîte de chewing-gums. « T’en veux pas ? S’étonna Keiji. - Ca fait vulgaire pour une fille de mâcher du chewing-gum », répondit Olys. La bonne éducation de la Saint-Richard-la-croix-d’or-sur-la-flouze avait laissé quelques restes chez la jeune fille. Keiji la remercia et s’empressa de mettre un chewing-gum dans sa bouche pour y gouter. « B…ce. Murmura Bibi avec timidité à son petit ami. Hongo lui sourit avec beaucoup de charme. - Merci Bibi… » Devant Olys et Duke impassibles, il approcha doucement ses lèvres de celles de Shinobi. (Pourquoi je filme ça moi ?) Tremblante, Bibi ferma les yeux et s’avança un peu quand Keiji s’immisça brutalement entre les deux amoureux. « Bonne chance Hongo !!! » Hongo n’eut pas le temps de reculer et il déposa son baiser sur la joue du fils Jasper. En s’apercevant de son erreur, il recula de dégoût et faillit se mettre à vomir. Olys fit un grand plan sur son visage en espérant que le beau ténébreux rende son déjeuner devant la caméra. Bibi, folle de rage, cogna sur son frère. « Mais euuuhh, arrêtes Bibi je l’ai pas fait exprès, j’t’assure ! » Tôa qui s’était calmé revint à son tour vers eux, les bras chargés. Il portait un panier en osier et une boîte en carton qui contenait plusieurs paires d’écouteurs noirs reliés à de petits micros. Vipère trottinait derrière lui. « Tenez, mettez ces casques. Ils nous permettront de rester en contact avec vous pendant la course. » Olys et Hongo accrochèrent leur oreillette et placèrent le micro devant leur bouche. Tôa, Ken et les autres firent de même. « D’où tu sors ces trucs-là ? Demanda Hongo. - T’as oublié que j’étais milliardaire ? Wilka ne m’a pas encore tout volé… Oh et je vous ai préparé une collation au cas où vous auriez faim pendant la course. » Il tendit le panier à Olys qui l’ouvrit. Elle haussa un sourcil en apercevant le contenu. « Des bananes ? - Pas n’importe quelles bananes, c’est ma nouvelle trouvaille culinaire : le banana-saucisse. Takoyaki* m’a aidé sur ce coup là .» *Takoyaki LeMagnifique, cousin germain et rival de Tofu, mais grand ami de Tôa Girara-Ringalls. Bienvenus dans l’univers impitoyable de la restauration… (Oh my god…) « D’extérieur, ça ressemble à une banane ordinaire mais à l’intérieur c’est un pain fait à base de farine de saucisse parfumé à la banane. » (Qui a envie de manger un truc comme ça. QUI ?!?) « L’enveloppe est constituée de vraies fibres de bananes, mixées avec de la graisse de porc. Elles sont faciles à ouvrir comme ça mais ça les rend encore plus glissantes si on les laisse trainer sur le sol. - Ok ok, merci Tôa mais on n’a pas toute la journée, s’impatienta Hongo en voyant l’heure tourner. Viens Alix. - C’est Olys. » Siffla l’apprentie journaliste entre les dents. Elle commençait sérieusement à envisager de provoquer délibérément un accident de kart où Hongo pourrait malencontreusement perdre l’usage de sa langue... (Désolée Bibi, mais ce serait pour la bonne cause.) Finalement, Hongo et Olys, caméra toujours bien en main, descendirent sur la piste. « Je me suis renseignée sur ton adversaire, Maximilien Leroux… Ce ne sera pas évident de gagner face à lui. » Dit Olys. En bonne journaliste, elle sortit son calepin de notes et le lut à voix haute : « Son père est un ancien champion du Paris-Dakar, il a effectué sa première course à treize ans alors qu’il n’avait pas le permis. Un jour, il aurait changé les quatre pneus de sa voiture en moins de vingt minutes et à mains nues, sans le moindre outil. Sa mère quant à elle a été abandonnée à la naissance sur une autoroute, où elle a ensuite été recueillie puis élevée par une bande de motards. Elle savait conduire un tricycle avant de savoir marcher. - Personne n’intimide Hongo Wing, Eloïse, saches le. Personne. - C’est O-l-y-s… » Olys se pinça l’arête du nez. (Penser à quelque chose de beau, d’apaisant, de pacifique : un papillon, une fleur, une tronçonneuse…) C’est alors que surgit devant eux le fameux adversaire. Comme Olys l’avait appris lors de son enquête, le concurrent adverse était en dernière année à la Vilain School. Il était tout aussi brun et encore plus ténébreux qu’Hongo. Il portait un blouson en cuir autrement plus rebelle que celui de Guy l’cobra, déchiré de partout avec des clous et des rivets cousus dessus. Il avait également un regard fou et le visage très marqué qui donnait l’impression qu’il avait quarante ans et non pas dix-sept… « Alors c’est toi le pauvre bougre qui a été choisi pour cette course ? - Et toi ? Qui es-tu ? » Lança Hongo en le toisant du regard. Olys fulminait. (Il se fout de moi, je viens de lui dire il y a trente secondes !) « A la Vilain, on m’appelle Bad Max et ça… » Max caressa le capot de son énorme kart rouge et noir. La forme rappelait vaguement la tête d’un, loup enragé avec une rangée de dents pointus en guise de radiateur et de pare-choc. « C’est la Furie de Maria, mon kart de l’Enfer… Car c’est là qu’il va t’emmener ! - Compte là -dessus… » Se moqua Hongo, toujours très sûr de lui. Les yeux fermés, un sourire suffisant sur les lèvres, il hocha la tête d’un mouvement désinvolte pour dégager une mèche de cheveux brun. Dans les tribunes, Bibi manqua de s’évanouir d’émoi. « Je suis Hongo… Hongo Wing. Ta défaite sera ma victoire. (Comment il se la raconte…) Olys gardait la caméra fixée sur les deux duellistes qui se provoquaient du regard, leurs yeux semblaient lancer des éclairs. « Dites, il n’y a que moi que ça choque de faire conduire des mineurs ? Demanda Olys aux deux conducteurs. - Tu vas mordre la poussière… Dit Hongo. - Si c’est toi qu’on appelle poussière, ouais ! » Répliqua Max avec un sourire tordu. (Bon bah apparemment il n’y a que moi…) Après quelques échanges supplémentaires de regards assassins avec Bad Max, Hongo et Olys montèrent à bord du kart de la Sentaï-School, autrement plus ridicule que celui de la Vilain. Le véhicule était bleu-blanc-rouge en forme de croissant. Les couleurs ainsi que l’allure générale avaient été choisis pour des raisons faussement ergonomiques par le principal sponsor qui ornait la portière gauche : "boulangerie Rolqwir"*. * La briocherie Rolqwir tire son nom d’un chevalier français du XVIIIe siècle ayant fait fortune au Yamato dans la fabrication de pain et de viennoiseries. Il n’y a pas de sot métier… « Heureusement que Wilka n’est que le deuxième sponsor, dit Hongo, j’aurais eu encore plus la honte de monter dans un croissant rose bonbon. - Pire : si Tôa avait eu assez d’argent, on serait dans une banane-saucisse géante... - Je te rappelle que je t’entends Olys ! Pesta Tôa dans l’oreillette. - Ah oui, désolée… S’excusa l’apprentie journaliste en rougissant. - Excuses acceptées, bon… Bonne chance à vous deux. Hongo, on croit tous en toi ! Les encouragea Tôa. - Myxomatose et pipe en bois, la Vilain School ne peut pas gagner ! Sauve notre honneur Hongo ! - Fugnigloufigni ! - Ca c’est Chibi Goldo qui vous dit bonne chance, précisa Duke. - Aller aller on prend les paris ! Criait toujours Vipère dans les tribunes, elle aussi avait une oreillette. La côte monte à 1 contre 10, la Vilain School est favorite ! - On ech de touch choeur avec toich Honchgoch ! - Keiji tu ne peux pas arrêter de te goinfrer de chewing-gums wilka une minute ? Râla Tôa. - C’ech l’exitachion ! Vas-y Hongo ! - VAS-Y HONGO DEFONCE TOUT !!! » Le cri de Shinobi déchira les tympans de Hongo et Olys assis dans le kart. « Ah ouais… T’as quand même du coffre quand tu veux Bibi ! Dit Olys. - Bon, attaches ta ceinture Olympe, on va la jouer hard. - C’EST OLYS ! OLYS BON SANG !!! » Cette fois ce fut Duke, Tôa, Bibi, Keiji et Ken qui eurent les oreilles éclatées. Le jardinier colosse de l’école Kenshiro du Otaku, toujours vêtu de son petit tablier piu-piu, était installé au milieu de la route entre les deux karts et tenait les drapeaux à carreaux noirs et blancs du départ levé. « Groumf ? Groumf… GROUMF ! » (traduction = « A vos marques ? Prêts… PARTEZ !) Kenshiro du Otaku abaissa brutalement les drapeaux et les deux bolides démarrèrent dans un jet de flammes provenant principalement du pot d’échappement de la furie de Maria. Olys se cramponna à sa caméra et Hongo appuya sur le champignon. Les deux véhicules au coude à coude descendirent le boulevard à fond la caisse. Olys était crispée, à la fois inquiète et en colère. « Sécurité routière de mes fe… Snif snif ? » Un drôle de fumet chatouilla les narines d’Olys. Elle se serait cru dans une friterie belge. « C’est quoi ct'odeur ? - Les bananes de Tôa ? Répondit machinalement Hongo. - Non ça sent… Ca sent la friture ! - Votre moteur fonctionne à la graisse de saucisse recyclée, lui expliqua Tôa dans l’oreillette. Ça coute moins cher. » Hongo, affligé, ne fit aucun commentaire. Olys tourna la tête pour voir l’énorme pot d’échappement des vilains qui crachait toujours d’énormes flammes et gagnait du terrain. (D’accord, donc nous parce qu’on est les gentils on doit être écolos et on est condamnés à perdre la course en puant la frite pendant qu’eux, parce qu’ils sont méchants, ils ont le droit de gagner la course avec une super bagnole qui roule au barbiturique ou je ne sais quoi d’autre… En tout cas ça n’a pas l’air d’être du sans plomb.) Bad Max avait lui aussi son copilote, un quatrième année en salopette grise surnommé par ses camarades : War Mani, de son vrai nom Manuelo Taglioni, fils de mécano et petit-fils de plombier italiens. « Je peux les doubler Mani… Dit Max avec un sourire malfaisant. T’es prêt ? - C’est quand tu veux. » Répondit War Mani en ouvrant un grand sac qu’il avait caché sous le siège. Bad Max accéléra brutalement et doubla Hongo dans une queue de poisson avant que les deux voitures ne s’engagent dans une rue à sens unique. Hongo freina pour ne pas lui rentrer dedans. « T’es malade?!? Apprends à conduire pov’gland ! » Beugla Hongo par-dessus la portière. Dans un ricanement qui n’annonçait rien de bon, War Mani piocha dans le sac et lorsque la route commença à s’élargir il commença à jeter des trucs sur le route. Hongo fit une embardée, Olys bascula sur le rebord du kart et faillit lâcher la caméra. « Ca va pas ma tête ?!? Tu nous fais quoi là ?!? - Arrête de brailler, y a des tortues sur la route ! Je ne vais quand même pas les écraser ! Ce n’serait pas héroïque ! - Des... Des tortues ?!? » Olys baissa la caméra sur le bitume tandis qu’Hongo dépassait plusieurs tortues vivantes et errantes sur le sol. Certaines étaient renversées et ne pouvaient plus marcher. Dans leurs écouteurs, leurs camarades entendaient tout de la discussion. Keiji les larmes aux yeux se leva brutalement des gradins. « Utiliser des pov’petites tortues innocentes ! Ces monstres de la Vilain School ne reculent devant rien ! Je vais les sauver ! - Eh attends Keiji ! Je viens avec toi ! » L’interpella Duke alors que le jeune Jasper fonçait vers la piste. Au rythme d’un solo de guitare, son chibi sur l’épaule, Duke fila avec Keiji à travers la foule au secours de tortues vertes, suivi de près par Tôa, Bibi et Ken qui ne savaient pas rester en place plus de deux minutes eux non plus. Depuis la loge VIP, Ultra Sama aperçut le petit groupe estudiantin descendre des gradins. « Mais… Mais qu’est-ce qu’ils font ?!? Ah non ! Ah non ! - Restez assis ! » Ordonna le maire à Ultra Sama qui s’apprêtait à se ruer sur ses élèves en sautant par-dessus la balustrade. Fatal Poisson rouge le retint par le col de chemise. « Vous ne comprenez pas ! S’époumona le principal. Ils vont tout gâcher ! - William Lachèvre et tout le reste du conseil municipal nous regardent, alors asseyez-vous ou faites le deuil de votre subvention ! » Ultra Sama se rongeait les doigts jusqu’au sang. « Saloperie ! Grogna Hongo. Il prend de l’avance et je n’peux pas accélérer avec les tortues sur la route ! - Il doit y avoir un moyen de les rattraper en prenant un raccourci, répondit Olys. - T'as un plan de la ville avec toi peut être ? » Rétorqua Hongo. Ken, qui avait entendu la conversation de ses amis dans l'oreillette, décida d’utiliser son GPS intégré pour les aider. « Hongo, à la prochaine rue, prends à droite ! Cria Ken. - Ok… » Hongo tourna violemment le volant et partit vers la gauche, Olys se mit à hurler comme une hystérique. - Il t’a dit d’aller à droite ! - Ouais mais c’est Ken. Laisses-moi faire et restes assise ! » Interdite, Olys attendit de voir où cette ruelle allait les mener. Hongo mit le pied au plancher dans une rue sans tortue et déboula sur une rue en travaux. « Ah tu vois c’est malin ! - Maintenant prends à gauche ! Dit Ken dans l’oreillette. Hongo tourna à droite alors que le panneau "déviation" sommait d’aller à gauche comme le recommandait Ken Eraclor. - Tu te fous de moi ?!? » Beugla Olys en secouant sa caméra tandis qu’Hongo zigzaguait entre les stands d’un marché provençal et provoquait la panique des vendeurs et des clients. Le kart de la Sentaï sortit du quartier dans un nuage d’épices après avoir renversé des étalages de vannerie et de marchands de savons. « Tournez à droite ! » Cria Ken. Sur la gauche il y avait l’entrée d’un parking souterrain, Hongo s’y engouffra aussitôt. Olys mordit dans le plastique de la caméra pour se calmer. C’était ça où elle assassinait Hongo en lui plantant un crayon dans l’œil. Hongo traversa le parking à une vitesse plus que déraisonnable. Les pneus du kart crissèrent sur le sol en béton et laissèrent derrière eux des traces de caoutchouc noir ainsi qu’une légère odeur de saucisse grillée. Hongo fonça vers la sortie mais une barrière leur bloquait le passage. « T’as de la monnaie ? » Demanda précipitamment Hongo. L’aura néfaste, furieuse et terrifiante qui se dégageait d’Olys dans son dos dissuada Hongo de se retourner pour attendre une réponse. Il décida de prendre le taureau par les cornes. « Baisse-toi. » Ordonna-t’il. Il se cacha sous le volant et appuya sur l’accélérateur. Le kart en forme de croissant était beaucoup plus petit qu’une voiture ordinaire et le véhicule réussit à passer malgré le "glong" sonore lorsque la carrosserie toucha la barrière en aluminium. A l’extérieur, le hurlement du moteur de la Vilain School raisonnait en écho dans une rue proche mais Hongo et Olys n’arrivaient pas à savoir d’où provenait le son. « Et là prenez encore à gauche... » Leur fit Ken dans le casque. Hongo tourna immédiatement à droite. Olys était sur le point d’étrangler Hongo à mains nues lorsque leur kart déboula sur une artère principale. Le bolide de la Vilain School arrivait vers eux, Hongo reprit la course en faisant vrombir le moteur. Olys tourna sa caméra vers l’arrière. (J’y crois pas…) « On les a doublé ! S’exclama Olys, épatée. - Mon raisonnement était pourtant sans faille… » Se lamenta Ken dans le casque de communication. Au volant de son kart noir, Bad Max accéléra en fronçant les sourcils, son vilain visage tordu par la contrariété. War Mani s’agitait derrière le siège du conducteur. « Comment ont-ils fait pour passer devant nous ? - T’inquiètes Max, j’ai d’autres petites surprises pour eux. » War Mani sortit un canon de type bazooka qu’il chargea avec des tortues. Il visa le kart adverse et commença à le bombardé. Une tortue rebondit sur la tête d’Olys et atterrit sur ses genoux. Elle l’attrapa pendant qu’Hongo faisait de nouveaux des écarts violents pour éviter la pluie de tortues vertes effrayées. Celle dans la main d’Olys était bleue. « C’est quoi ce truc ? Ce n’est même pas une vraie tortue. » Dans un geste dédaigneux, Olys la balança par-dessus la portière. Avant même de heurter le sol, la tortue bleue explosa comme une grenade. La déflagration secoua le kart et fit un trou dans le bitume. Olys fit les gros yeux derrière la caméra. « Hongo ! Les tortues bleues elles… Elles explosent ! - Ca n’explose pas les tortues ! - Ben celles- là si, elles explosent ! S’excita Olys. - Il commence sérieusement à me gonfler ce Max… Grogna Hongo tandis qu’une veine ressortait de sa tempe. Lâche cette foutue caméra et balance lui les bananes de Tôa ! - Hein ? Mais pourquoi faire ? - Tu veux gagner cette course oui ou brin ? Fais ce que je te dis ! » Olys grimpa sur la plage arrière et renversa le panier rempli de bananes sur la route. Dans sa fureur, Bad Max n’eut pas le réflexe de les éviter. Il roula en plein de dedans et écrasa la chair à saucisse parfumée à la banane (ou la chair de banane parfumée à la saucisse, au choix), ses pneus en étaient badigeonnés. Bad Max avait du mal à garder le contrôle de son kart qui faisait du fat-planning. Il fit plusieurs dérapages et sortit de la route, il broya deux boîtes aux lettres et un marchand de journaux sur le trottoir avant de revenir sur le circuit fléché. Au même moment dans les gradins, Ultra Sama se tenait le visage à la manière du cri d’Edvard Munch en entendant les explosions (de tortues) dans les rues. « Ils vont tout détruire, tout comme d’habitude… » Pleurait le principal. Son désespoir contrastait énormément avec la bonne humeur de Statéquerre qui scrutait le circuit avec une paire de jumelles. « Pas mal le coup des fausses tortues explosives… Dit-il en griffonnant sur un bout de papier qui ressemblait à s’y méprendre à une grille d’évaluation de lycéen. - Qu’est-ce que c’est que ce cirque Stratéquerre ? Gronda Ultra-Sama, outré. - Je note les travaux de mes élèves. Je leur ai demandé de confectionner des pièges pour la course », répondit Stratéquerre, ravi du résultat même s’il savait que le meilleur restait à venir… De leur côté, Ken, Tôa, Duke, Keiji et Bibi tentaient de retrouver les tortues dans la ville. Ils tombèrent sur les bananes-saucisses écrabouillées. « Ils gâchent de la nourriture ! S’offusqua Tôa en voyant les peaux de bananes éparpillées sur le circuit. - Ils nous laissent une trace pour qu’on les suive surtout ! Lança Duke et suivant les bananes comme le petit poucet. - A pieds on ne les rattrapera jamais… » Se désola Keiji. Ken eut alors un déclic, contrairement à ses camarades lui possédait une super-vitesse. Il était sur le point de partir comme une flèche lorsque Keiji fut soudain pris de vertiges. Il reposa les tortues qu’il portait dans ses bras et se frotta les yeux. « Tout ça me fatigue. J’ai… Envie de… De dor... - Keiji ? Keiji qu’est-ce qu’y t’arrive ? S’inquiéta Bibi. Ça va ? Keiji ! » L’ainé des Jasper s’effondra comme une masse sur le sol. Alors que sa sœur le secouait pour tenter de le réveiller, Tôa l’attrapa par l’épaule. « Laisse le pour l’instant, il faut qu’on déplace les tortues ! - Je crois que j’ai une idée… » Annonça finalement Duke après avoir observé attentivement la route minée de vraies et de fausses tortues. Quelques rues plus loin, dans son kart poussé à toute allure, Hongo porta la main à son front. Olys cligna des yeux, perplexe, et se pencha vers lui. « Hongo ? - Je ne sais pas ce qu’y m’arrive, j’ai… J’ai sommeil tout d’un coup. » Hongo ferma les yeux, il somnolait. « Hongo ? Hongo !!! » Il s’endormit paisiblement comme s’il était dans son lit bien au chaud, sauf que dans les faits il était au volant d’un kart qui fonçait à 110 km/heure à travers les rues de la ville. Le kart commençait à zigzaguer. Olys paniquée lâcha la caméra et la laissa pendouiller à son poignet pour se jeter par-dessus Hongo et se saisir du volant. Elle essayait de maintenir le cap mais elle ne pouvait pas atteindre les pédales. Le cri déchirant d’Olys qui tentait en vain de réveiller Hongo réussit par contre à éveiller la bête qui sommeillait en Bibi… « Quelque chose… Est…. Arrivé…A… Hongo ? Grrr…. RAAAAWWWWWW ! » Dans un hurlement de bête sauvage, Bibi Berzek ressurgit des entrailles de Shinobi et la transforma en un monstre vert assoiffé de vengeance. Hors de contrôle, le kart d’Hongo et Olys fonça dans un stand qui vendait des peluches champignons blanc et rouge. Bad Max et son affreux acolyte italien en profitèrent pour les doubler. « Au secours !!! » Hurla Olys dans le micro-oreillette. Programmé pour réagir à l’appel à l’aide des demoiselles en détresse, Ken fonça en direction du kart mal contrôlé par Olys. Bibi-berzek se mit à courir elle aussi, à la rescousse de sa ténébreuse moitié, et laissa sur place Tôa et Duke au milieu des tortues. Malgré le mode berzek elle restait moins rapide que Ken, mais elle contourna le problème en de fonçant les murs de briques des immeubles qui lui barraient la route et en passant à travers. Ken non plus ne s’embarrassait pas avec les obstacles "légers". Il traversa de part en part le stand de vente de Tofu installé au mauvais endroit. Ken repéra le bolide de Bad Max qui s’apprêtait à tourner au bout de la rue. Il fronça les sourcils, avec l’irrésistible envie de les poursuivre mais Olys continuait de s’égosiller dans l’oreillette. « A l’aide ! J’veux pas mouriiiiir ! » Ken balança sur le kart de Bad Max une marmite de pâte de tofu. Le récipient fit un vol plané impressionnant de 300 mètres avant d’atterrir en plein sur la tête de War-Mani éclaboussant le pare-brise et son acolyte au volant Bad Max. Puis, Ken fit volte-face et fonça vers le kart d’Hongo et Olys. La jeune fille aperçut l’apprenti-héros qui courait à côté du kart et à la même vitesse, mais Olys était trop paniquée pour s’en rendre compte. « Ken ! A l’aide ! » Ken agrippa fermement l’arrière du kart et freina. CRACK ! Le bruit sourd poussa Olys à se retourner : Ken se tenait tout penaud au milieu de la route avec l’arrière train du kart dans les mains. Le kart s’était déchiré en deux comme un véritable croissant, les roues et les sièges arrières étaient désormais à l’air libre. Perturbée, Olys ne regardait plus la route et elle se déporta sur le côté. Elle tourna la tête brusquement et réalisa avec horreur qu’elle fonçait vers la boutique d’un marchand de fruits et légumes. Le commerçant s’enfuit en courant et le choc et Olys ferma les yeux en attendant le choc… Qui ne vint pas. Olys mit quelques secondes à réaliser que le véhicule était stoppé et ne bougeait plus d’un millimètre. Timidement, elle releva la tête pour jeter un coup d’œil. Elle tomba nez à nez avec Ken, les pieds dans une pastèque. Le véhicule d’Hongo et Olys, ou du moins ce qu’il en restait, était arrêté à deux millimètres de l’étalage du maraicher. Il aurait pu rester indemne si Ken n’avait pas foncé dedans comme un bourrin. (Co… Comment il a fait pour arrêter le kart ?) Une odeur de caoutchouc brûlé attira l’attention d’Olys. Les pneus de la voiturette fumaient anormalement. C’est alors qu’Olys comprit. (Il a fait fondre les pneus ? Mais… Mais comment ?!?) « Ca va ? Demanda l’apprenti-héros avec son éternel regard stoïque, quelques secondes plus tôt ces mêmes yeux froids lançaient des rayons laser. - Je… Je crois. - Et Hongo ? - Il dort comme une souche mais j’crois pas qu’il soit blessé. Je ne comprends pas ce qu’il lui ait arrivé il s’est endormi comme ça, sans crier gare ! S’écria Olys encore sous le choc. - Monsieur Spectreman nous a mis en garde lors du cours de sensibilisation à la sécurité routière : il faut faire une pause toutes les deux heures et éviter de prendre le volant de nuit pour ne pas s’endormir. - Ken il est trois heures de l’après-midi et ça fait à peine quinze minutes qu’on roule ! - Olys ! Ken ! Vous m’entendez ? Demanda Tôa dans l’oreillette. - Cinq sur cinq Tôa, répondit Olys. - Je suis avec Duke et les tortues, le kart de la Vilain School vient de passer devant nous, ils vont gagner la course ! Grouillez-vous ! - Impossible, notre kart est foutu… Répondit Olys, désespérée. - Myxomatose et pipe en bois ! Bad Max a triché et a bafoué les droits des animaux ! Affirma Ken en brandissant une tortue verte. Ce crime ne doit pas rester impuni, je vais l’arrêter ! - Mais tu vas faire quoi ? Demanda Olys. Eh ! Me laisse-pas là ! Aide moi à sortir de ce tas de ferrailles ! » Olys avait beau l’appeler, Ken avait déjà filé dans un éclair de lumière bleu. Elle était coincée dans le kart accidenté, bloquée entre le siège défoncé et Hongo toujours endormi à moitié allongé sur ses jambes devant l’accès à la portière. C’est alors qu’un pas fit trembler la terre. L’eau contenue dans la bouteille couchée sur la plage avant trembla. Olys frissonna, quelque chose de monstrueux approchait et elle ne pouvait même pas bouger un orteil. Une ombre terrifiante s’étendit le long de la carlingue, Olys retint son souffle… Et c’est finalement Bibi qui apparut à côté du véhicule. Olys soupira de soulagement. « Bibi tu tombes bien ! Il… » En pleine fureur, Bibirosaure-rex arracha violemment la portière du kart qui lui resta dans la main. Olys poussa un cri de frayeur et se recroquevilla à l’arrière de la voiture. « IIiiih ! » Bibi l’ignora, elle n’était concentrée que sur Hongo qu’elle extirpa du kart accidenté et allongea sur le sol. *Mode shojo on* Bibi Bersek redevint la douce Shinobi. Elle prit entre ses mains le visage d’Hongo, évanoui, un mince filet de sang coulant le long de sa joue depuis une coupure à la pommette, le souffle irrégulier, la tête posée sur les genoux de Bibi. Pendant, qu’elle approchait son visage d’Hongo, Olys s’extirpa tant bien que mal du kart démoli, elle avait du mal à tenir debout mais elle tenait fermement la caméra de l’école, bien décidée à retrouver Ken. « Bibi ! Cria Olys en s’éloignant. La course n’est pas finie ! Il faut que tu réveilles Hongo et que tu l’amènes sur la ligne d’arrivée ! Moi je pars retrouver Ken ! » Bibi, toujours dans son trip à l’eau de rose, eut l’impression d’entendre Olys lui parler sur un ton très dramatique : « Oh Shinobi, c’est terrible, Hongo… Hongo ne s’éveillera que s’il reçoit un baiser de son véritable amour. » Alors Bibi se pencha au-dessus du beau visage d’Hongo, inconscient. Ses lèvres avaient l’air si tendres, si chaudes… Elle était si proche qu’elle sentait son souffle… « RRRoooonff psshhh ! RRRoooonff psshhh ! » Bibi s’interrompit, une veine palpita sur son front. « Non mais je rêve : il ronfle ?!? » Brailla la jeune fille, hors d’elle. Olys, elle, trottinait à travers les rues ravagées par les tortues explosives et les écarts de conduite de Max et Hongo à la recherche de Ken. Elle entendit crisser les pneus du kart des vilains dans la rue voisine. Par chance, elle connaissait ce quartier, elle s’engouffra dans une ruelle qui faisait office de raccourci et déboula sur le boulevard. C’est alors qu’elle le vit, droit devant elle : Ken Eraclor. Lentement, Olys abaissa la caméra pour profiter pleinement du spectacle de ses propres yeux. Face au kart de la Vilain School, Ken venait de le stopper d’une main en broyant tout l’avant du véhicule et le moteur. Ken n’avait pas une égratignure. Olys se tenait debout, face au vent, ses cheveux décoiffés flottant au gré de la brise et elle le regardait… Elle le regardait lui : Ken Eraclor, dressé devant le bolide ennemi, le torse gonflé, les muscles de ses bras saillants, quelques mèches de cheveux noirs tombant sur son front sans une goutte de sueur pour les emmêler, ses sourcils froncés durement plein de ténébritude et le regard toujours imperturbable. Olys sentait son pouls battre la chamade et une chaleur inhabituelle envahir ses pommettes… Elle n’entendait plus rien d’autre que les battements de son propre cœur et ne voyait rien d’autre que Ken de… Merde le mode shojo était toujours actif ! *Mode shojo off* Olys secoua la tête pour reprendre ses esprits et dressa à nouveau la caméra pour récupérer les dernières images. « Ce garçon est fait d’acier ma parole… » Souffla Olys très impressionnée en filmant la scène. Ken relâcha le kart qui tomba en morceaux à ses pieds. Bad Max était tellement secoué qu’il ne réalisa pas ce qui se passait, son pare-brise était toujours recouvert de pâte de tofu et il n’avait pas vu Ken emboutir son véhicule. « I… Il s’est passé quoi ? Demanda War-Mani avec sa marmite coincée sur la tête il ne voyait rien non plus. Max ? Max, il s’est passé quoi ? - Ken ! Cria Olys. Il faut rejoindre les autres ! » Ensemble, l’apprenti héros et l’apprentie-journaliste foncèrent en direction de la ligne d’arrivée. Olys remarqua que malgré la super-vitesse dont il était capable, Ken s’adaptait à son rythme de course, cela la fit sourire. En approchant de la ligne d’arrivée, ils entendirent les spectateurs en liesse amassés dans les gradins et autour de la route. Olys se demanda pourquoi avant d’apercevoir Shinobi Jasper. Olys sourit du coin de la bouche, puis elle releva sa caméra. Bibi, dans un relent du mode bersek mais avec un soupçon de fleur bleue et une belle touche d’héroïsme, portait dans ses bras Hongo toujours inconscient et avançait d’un pas décidé vers la ligne d’arrivée. Suivie de près par Olys qui ne voulait pas en perdre une miette, sa caméra rivée sur Shinobi, l’apprentie-héroïne et son amoureux assoupi dans ses bras passèrent devant la foule en délire et franchirent la ligne d’arrivée avant Bad Max. Tôa et Duke arrivèrent à leur tour. Tôa trainait Keiji en le portant sur ses épaules, le jeune Jasper dormait comme un bébé en suçant son pouce. Duke à ses côtés jouait un air entrainant de guitare tout en marchant. Attirées par la musique, la cinquantaine de tortues abandonnées par Bad Max et War-Mani suivait tranquillement le jeune musicien de Hamelin et son chibi goldo. Tous les élèves de la Sentaï School descendirent des tribunes et vinrent à leur rencontre, ravi que leur champion, même endormi et sans son kart, ait gagné la course. Bad Max arriva enfin, boitillant lamentablement en s’aidant d’une béquille de fortune fabriquée avec des clefs à molettes. Son copilote rampait derrière lui, il avait perdu plusieurs dents dans l’accident. « C’est… C’est impossible : je n’ai jamais perdu une seule course de ma vie !!! » Hurla Bad Max pris de folie sous les regards médusés et déçus de ses camarades de promotion. L’infirmier de la Vilain School, docteur Ed de Pouvantaille, dû intervenir avec une camisole de force. « Vroum-vroum ! Vroum-vroum ! Piaillait Bad Max, le regard fou, ligoté comme un saucisson. - Maintenant on va pouvoir l’appeler Max le malade. » Déclara Ken avec satisfaction. « Nié nié nié nié nié ! » Faisait Ultra-Sama à Stratéquerre dans les gradins en lui tirant la langue. Le directeur de la Vilain School tremblait de rage. A l’inverse, le maire semblait aux anges. Il souffla une bouffée de son cigare dans le nez de son adversaire William Lachèvre. L’allure mafieuse du magistrat caprin n’avait rien à envier à Rodolphe Pintade. « Pas trop dégoûté mon cher William ? » Etrangement, l’opposant politique se mit à sourire. « Non, à vrai dire je viens juste de trouver un nouvel argument électoral… » Il tourna le dos au maire et s’éloigna en sifflotant. Interdit, Rodolphe Pintade regarda son adversaire s’éloigner jusqu’à ce qu’un doigt sévère lui tapote l’épaule. « Excusez-nous monsieur le maire… » Derrière lui se tenaient une vingtaine de commerçants et de propriétaires mécontents d’avoir des tas de ruines à la place de leurs étalages ou de nouvelles aérations de deux mètres sur deux dans leurs murs. « Pourrions-nous discuter des frais de réparations de nos installations ? - Et du remboursement des marchandises ? » Renchérit le vendeur de fruits couvert de jus de pastèque. - Ah oui je… Balbutia le maire gêné. Voyez ça avec mes associés ! » Dit il précipitamment avant de se cacher derrière Fatal Poisson rouge et Glaciale Ecrevisse. Allongés sur des lits de fortunes apportés par le docteur Blackjack, l’infirmier de la Sentaï School, Keiji et Hongo commençaient à s’agiter dans leur sommeil. « Ca y est ? Vous émergez enfin ? Demanda Duke avec un petit sourire. Keiji s’étira et bailla à s’en décrocher la mâchoire. - Moouaaaah ! J’ai bien dormi dites-donc. Alors qui c’est qui à gagner ? - Shinobi. - Hein ? Fit Hongo dans une grimace en se grattant le menton, il n’était pas encore très bien éveillé. - ……dormi……porté……pour toi. » Lui dit doucement Bibi, les joues rouges et le sourire soulagé de voir son amoureux réveillé et en bonne santé. Hongo se plaqua une main contre le front et se releva. « La honte… - On s’en fiche du moment que vous avez gagné ! » Lança Vipère qui revenait vers eux, des liasses de billets plein les mains. La vile adolescente était d’humeur joyeuse, l’allure boulangère du kart de la Sentaï School n’avait pas rassuré les parieurs qui avaient surtout misé sur la Vilain School. Les gains de Vipère étaient conséquents. « C’est tout de même bizarre que vous vous soyez endormis en même temps, fit remarquer Olys. - Je suis sûr que ce sont les bonbons de Wallace Wilka qui ont fait ça ! - Oh c’est bon Tôa, arrêtes avec ta jalousie ridicule ! Répliqua Hongo, levé du pied gauche. - C’est vrai, renchérit Keiji, c’est absurde. Pourquoi il aurait fait ça ce gentil monsieur ? En plus il a donné des bonbons à presque tout le monde, j’vois pas pourquoi y’aurait que moi et Hongo qui se seraient endormis. - Dans ton cas, on pourrait envisager l’overdose… Suggéra Duke. Mais Hongo n’a mangé que deux sucettes. Je n’crois pas que ta théorie soit exacte Tôa. - Greu-mleuh-mleuh… Répondit Tôa, les bras croisés. - En plus j’ai perdu ma boîte à sucette dans l’accident, donc pas moyen de vérifier ce que tu dis. Laisse tomber Tôa. » Vexé, Tôa laissa ses amis en plan et retourna seul à sa maison. Vipère reniflait avec jubilation ses billets verts et n’accorda aucune importance au départ de Tôa. Olys le regarda s’éloigné, avec un petit pincement au cœur pour le pauvre bougre, mais elle détourna assez vite le regard car quelque chose l’obnubilait au point du lui faire oublier tout le reste, les amis, la course, la joie de la victoire et les sucreries… Cette chose, c’était Ken Eraclor. A suivre... |
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