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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 5
Nom de l'œuvre : Sentaï Scoop Nom du chapitre : Love me sentaï - partie I
Écrit par Tracy Chapitre publié le : 7/10/2015 à 19:17
Œuvre lue 11101 fois Dernière édition le : 7/10/2015 à 19:36
Chapitre 5

Love me sentaï - partie I

D’un geste machiavéliquement théâtral qui aurait fait pâlir les dernières années de la Vilain School, Olys écarta les cintres de ses chemises dans sa garde-robe pour atteindre le fond de son placard.
Comme tout bon enquêteur/psychopathe (veuillez barrer la mention inutile), méthodique, maniaque et névrosé qui se respecte, Olys avait composé sur son mur une mosaïque dédiée exclusivement à Ken Eraclor.
Il y avait des photos de lui partout, à toutes les échelles, dans toutes les positions, dans toutes les tenues et dans tous les décors : Ken assis en classe, Ken en tenue de sport, Ken en slip en train de se changer dans les vestiaires des garçons, Ken en maillot-de-bain, Ken avec ses lunettes à la bibliothèque, Ken avec serge le hamster démoniaque que la Vilain School avait relâchée pour des raisons indéterminées et qui était désormais la mascotte de la classe de Bibi, Ken en tenue traditionnelle du Yamato prise au retour du voyage scolaire, Ken en tutu de danse…
En admirant plus qu’en observant son mur, elle remarqua qu’il manquait toujours une photo de lui sur les toilettes. A vrai dire, la seule fois où elle avait réussi à le suivre au petit coin en escaladant la chasse d’eau du cabinet voisin et glissant sa tête entre deux tuyaux d’arrivée d’eau, sa carte mémoire était déjà pleine.
Elle s’en était mordue les doigts car le jeune homme avait eu un comportement pour le moins étrange. En effet, il s’était simplement assis tout habillé sur la cuvette de toilette, battant abaissé, avait attendu quelques minutes puis avait pris quelques feuilles de papier hygiénique, les avaient chiffonnées méticuleusement comme s’il faisait un origami, puis jetées dans le WC avant de tirer la chasse d’eau. Olys avait trouvé ça suspect… Elle avait aussi trouvé suspect qu’il se lave les mains avec de l’huile de vidange plutôt qu’avec l’eau du robinet, huile qu’il cachait d’ailleurs dans un faux flacon de déodorant glissé dans son sac à dos.
Il lui manquait également une photo de Ken lorsqu’il a réussi à intercepter à mains nues les deux karts le jour de la course. Olys avait une caméra à la place de l’appareil photo ce jour-là mais sous le choc elle n’avait pas eu le réflexe de le filmer.
« Je sais que tu caches quelque chose… Dit Olys à voix haute, les yeux rivés sur le visage parfait et mystérieux de Ken pris en gros plan. Et je découvrirai ce que c’est. Peu importe le prix à payer, je ne quitterai pas cette école avant de savoir ce que tu caches derrière tes petits yeux bleus et froids. »
Dans un sourire presque dément et fasciné, Olys fronça ses sourcils plein de détermination.
« Tu es à moi Ken Eraclor…
- Chérie, je t’entends parler toute seule… Gloussa la voix fluette de madame Allen. Tu es sûre d’avoir bien pris tes médicaments ?
- Oui maman… Soupira Olys. Je… Je répète pour la pièce de théâtre de Noël. »
Au-delà de ce mensonge facile pour avoir la paix, c’était bel et bien la fin du trimestre. Le mois de décembre apportait avec lui le froid ainsi que les premiers résultats des contrôles continus qui allaient être affichés ce lundi.
Les notes avaient été imprimées sur du papier recyclé. Kenshiro le jardinier était en train de les afficher sous le regard de Georges Spectreman et du principal Ultra-Sama.
« Pfff… J’attends encore la subvention promise par le maire. Nous en sommes rendus à publier les notes au verso des anciens tracts syndicaux de la ligue des justiciers ! Se lamentait Ultra-Sama.
- Je crois que nos étudiants ont fait un peu trop de dégâts en ville lors de la course…
- Comme d’habitude Georges, conclue Ultra Sama en agitant la main avec agacement. Je l’avais pourtant prévenu mais ce type est tellement têtu qu’il ferait mieux de s’appeler Lamule plutôt que Pintade ! Et puis de quoi il se plaint ? Nous avons déjà indemnisés les commerçants.
- Heureusement que nous avons pu vendre à bon prix le film tourné par Olys Allen à Hollywood.
- Groumf.
- Ah vous avez fini Kenshiro ? Parfait, nous allons pouvoir ouvrir les portes et laisser entrer les fauves.»
Car des étudiants en attente de leurs résultats aux examens sont semblables aux adultes pendant les premiers jours des soldes. Ils se ruent dans les couloirs comme un troupeau de bisons dans la steppe américaine avant le passage de Buffalo Bill.
Le principal et son adjoint furent d’ailleurs assez surpris par le calme relatif d’une grande majorité des élèves qui ne semblaient pas se soucier outre mesure de leur classement. Malgré tout, la masse grouillante restait concentrée devant le panneau d’affichage organisé par année d’étude.
D’un pas anormalement détendu, Keiji se dirigea vers les résultats des quatrièmes années.
« T’as l’air plus zen que la dernière fois, dit Duke à Keiji. D’habitude les examens te mettent dans un état pas possible.
- Ouais je sais mais là je sais pas, je me sens bien ! Répondit joyeusement Keiji. C’est comme si tout ça n’avait pas d’importance. »
Tôa fut le premier arrivé devant le panneau. Malgré ses bons résultats, ce qu’il vit en haut de la feuille le figea sur place.
« J’y… J’y crois pas… » Souffla Toâ. Duke aussi semblait intrigué, tout comme Hongo.
« Mes yeux me trahissent, lança le beau ténébreux sur un ton dramatique, Keiji n’est plus premier !
- C’est pire que ça, renchérit Duke en fixant le panneau perplexe, il est même mal classé.
- Ah ah ! J’uis premier j’uis premier ! Je suis meilleur que le meilleur ! » Chantait Koji en effectuant une danse de la victoire très plouk-land autour du petit groupe.
« Ouais c’est pas mal pour un fermier, dit Duke moqueur.
- J’uis pas un fermier !
- Encore un mystère à résoudre, dit Ken en chaussant ses lunettes de détective. Peut-être avons-nous pénétré dans une dimension parallèle où Keiji est un cancre et où Koji ne viendrait pas de la campagne… »
Ken regarda plus attentivement Koji qui continuait de se dandiner sur un air de country imaginaire.
« Hum… Je crois que ma théorie n’est pas sans faille pour une fois… »
Quelques mètres plus loin dans le couloir, Shinobi, Vipère et Olys faisaient le pied de grue devant le panneau des troisièmes années, pour voir leurs propres notes… Ou plus exactement : Bibi essayait de lire le panneau, Vipère indifférente attendait derrière, les bras croisés, que la meute d’élèves curieux s’écarte, soulagés ou déçus, et Olys à côté d’elle prenait de loin des photos de Ken en train d’élaborer une nouvelle théorie fumeuse. Vipère lui jeta un coup d’œil en hochant la tête de droite à gauche d’un air affligé.
« Oh ! »
Le petit cri de Bibi attira l’attention de Vipère.
« Késako ?
- Regardes. »
Vipère bouscula sans aucune gêne les élèves qui lui bloquaient la vue, le sang des Stratéquerre coulait dans ses veines après tout. Elle suivit du regard le doigt de Bibi qui désignait quelque chose, une ligne sur la feuille, tout en haut du classement.
« Olys Allen, moyenne générale 18,5/20. Eh bée…
- Elle est première… Dans absolument toutes les matières. Je n’ai jamais vu ça… Même Keiji n’a jamais eu des résultats pareils. » Souffla Bibi, hébétée.
Vipère détourna le regard pour fixer avec un peu plus d’attention Olys. Toujours avec son appareil photo, elle continuait de prendre des clichés à tour de bras en se désintéressant complètement du panneau d’affichage et de ses notes.
« Je parie qu’elle sait qu’elle est la meilleure, elle n’a même pas besoin de vérifier… » Dit Vipère avec un petit rictus. Son regard posé sur Olys avait changé, il se faisait désormais plus pétillant, plus intéressé surtout…
La rumeur concernant les résultats miraculeux d’Olys se répandit comme une trainée de poudre, et beaucoup de personnes jusqu’alors bienveillantes à son égard se montraient désormais très froides, pour ne pas dire glaciales.
Olys savait d’où provenait ce changement d’attitude, elle l’avait déjà vécu dans son ancien collège : l’esprit de compétition, la jalousie, la haine des intellos… Si bien qu’à la fin de la journée, Olys était seule. La plupart de ses camarades la fuyait comme la peste, Bibi était partie rejoindre Hongo et Vipère avait tout bonnement disparue.
Assise seule à l’abri des regards, dans un recoin isolé de la bibliothèque, près d’une fenêtre qui donnait sur la partie boisée de l’école, devant la façade du bâtiment. Olys méditait en regardant dehors.
(Si je continue de rafler la première place dans toutes les matières je vais finir par attirer l’attention sur moi… Ce n’est pas bon, je dois faire profil bas. D’un autre côté, si mes résultats baissent, je risque de me faire refouler de la fac de journalisme… Non Olys, reprends-toi ! Si tu as un reportage béton sur la Sentaï School ça devrait aller.)
Elle soupira et se tourna à nouveau vers sa table de travail. Au final, Olys était assez déçue par l’école. Elle parcourait les dossiers qu’elle avait commencé à constituer sur ses camarades au cours du premier trimestre. Elle les avait étalés devant elle.
(Moi qui m’attendais à voir des mutants surdoués et des Matban en culottes courtes à tous les coins de couloirs, il y a surtout beaucoup de geeks et de m’as-tu-vu, comme cet abruti vendeur de tofu, et peu d’apprentis héros avec un véritable potentiel… Surtout chez les garçons d’ailleurs. Et puis alors cette mode abominable des magical-girls, beurk !)
Olys avait quatre pochettes nommées : « à classer », « prometteurs », « superpouvoirs », et « sans intérêt ». Si le dossier à classer était sans surprise le plus étoffé, Olys n’étant à l’école que depuis trois mois, le dossier superpouvoirs restait désespérément mince. Il ne contenait qu’une douzaine de noms dont Lami, une fille de troisième année qu’Olys soupçonnait être une extraterrestre infiltrée sur terre pour trouver un mari, et bien sûr Ken Eraclor.
« Eh toi ! » L’interpella une voix masculine criarde. Olys sursauta et dissimula ses dossiers sous des feuilles blanches. Elle chercha autour d’elle qui l’avait appelé. Un autre collégien en tenue violette s’approcha d’elle d’un pas très décidé. Olys l’avait déjà croisé mais elle ne le connaissait pas bien.
« Il paraît que tu es la meilleure dans toutes les matières, eh ben moi je peux être meilleur que la meilleure ! »
Olys le dévisagea de la tête aux pieds.
(C’est qui encore celui-là ? Un débile de plus ? Ah oui, ça doit être Koji Je-sais-plus-quoi, il est dans la classe de Ken.)
« Je te provoque en duel de connaissances ! Je sais tout sur tout : Marignan 1515, E=MC2, Boris Vian, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés de l’angle de droit, Delenda est carthago ! »
(Oh my god…)
« D’accord, tu es très fort, c’est très impressionnant. Tu es le meilleur c’est vrai. » Déclara Olys avec un grand sourire dont on ne pouvait deviner la fausseté. Koji éclata d’un rire satisfait avant de se rendre compte que quelque chose clochait.
« Ah ah je te l’avais bien dit, c’est… Euh, enfin c’est… »
Il y eut un blanc dans la conversation. Olys attendait avec son sourire figé que Koji se lasse et s’en aille.
(Il va bien finir par dégager sa boue du plancher le fermier.)
« Euh… Je peux être plus souriant que toi ! »
Et Koji se mit à sourire de toutes ses dents, il n’avait rien à envier au Joker ou à émail diamant.
(Ok je laisse tomber…)
OIys referma un livre qu’elle avait emprunté et se leva de sa chaise pour aller le ranger.
« Ech attench un peuch je nench ech pach finich avech toich ! » Chuinta Koji sans desserrer les dents pour garder le sourire.
Entêté, Koji suivi Olys dans toute la bibliothèque, des rayonnages jusqu’au petit coin. Guy l’Cobra passa à ce moment-là. Il siffla impressionné.
« Trop rebelle Koji d’aller dans les toilettes des filles… »
Assise sur la cuvette WC, Olys fulminait, la tête entre les mains.
(Rester calme, ne pas attirer l’attention…)
Elle ressortit accompagnée du bruit de la chasse d’eau, Koji attendait à côté du lavabo.
« Et d’abord je suis plus violet que toi ! Même mes chaussettes et mon slip sont violets ! Ah, et je peux être plus studieux que toi ! Je resterai dans la bibliothèque jusqu’à ce que tu partes ! Et je lirai plus de livres que toi !»
La patience d’Olys s’écaillait progressivement et lorsqu’elle revint à sa table où elle avait laissé ses affaires, Koji était toujours collé à ses baskets.
« Oh et demain j’achète un appareil photo pour prendre plus de photos que toi, et elles seront plus jolies ! »
Olys se retourna brusquement, une aura terriblement néfaste se dégageait de tout son corps. Son sourire n’était plus qu’une abominable grimace et sa figure ressemblait d’avantage à un dragon chinois qu’à un être humain.
« DEGAGE DE MA VUE CANCRELAT ! » Gronda Olys d’une voix provenant des entrailles du Mordor. Koji se recroquevilla sur lui-même et fila se planquer dans un trou de souris avant d’être changé en statue de sel, carboniser sur place ou tout autre mort horrible.
Les élèves situés dans le centre de documentation eurent une sueur froide, certains quittèrent même la bibliothèque dans la précipitation, effrayés.
(Zut, ça m’a encore échappé.)
Olys se rassit calmement et rouvrit le dossier "à classer". Elle chercha la fiche de Koji Alcor, une photo était déjà agrafée dessus et elle la déplaça dans le dossier "sans intérêt", juste devant la feuille de Tofu Leformidable. Elle referma le dossier des nazbroks dans un claquement sec. Puis, avec un léger soupir, teinté de mélancolie elle tourna à nouveau le regard vers la fenêtre, pensive.
(Le destin est bizarre parfois… Je suis entrée dans cette école parce que j’ai croisé par hasard l’un des seuls étudiants avec un talent pour l’héroïsme. Je ne dois pas gâcher cette opportunité.)
« Tu t’énerves facilement on dirait… Murmura une voix entre les rayonnages. Olys se retourna vivement mais il n’y avait personne derrière elle.
(Qui vient de me parler ? Je connais cette voix mais…)
Vipère Stratéquerre sortit de la pénombre entre les étagères tel un fantôme. Ce n’était pas pour rien qu’elle était l’une des meilleures élèves en cours de dissimulation et camouflage, Vipère s’approcha de l’apprentie-journaliste à pas félins.
- Moi ? Chantonna Olys de sa voix féminine avec un grand sourire méga flippant. Mais pas du tout. Je suis quelqu’un d’excessivement calme. »
- Je vois ça, ironisa Vipère. Alors, à ce qu’il paraît tu es la meilleure dans toutes les matières ?
- Pourquoi ? Demanda Olys presque blasée, toi aussi tu veux me provoquer en duel ?
- Absolument pas, je me renseigne c’est tout, un peu comme toi…Répondit Vipère en venant poser ses fesses contre la table d’Olys.
- Comme moi ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Olys fronça légèrement les sourcils, elle sentait venir l’entourloupe pourtant Vipère restait aussi détendue qu’un chat qui vient de ravager des rideaux en satin et se nettoie les moustaches comme si de rien était. La souris Olys était entre ses griffes acérées.
Vipère caressa la couverture du classeur "à classer" qu’Olys avait laissé sur la table.
« Oh ce n’est pas très important, mais j’ai remarqué que tu t’intéressais beaucoup à tes petits camarades, surtout à Ken machin-truc là, le copain de mon cousin.
- Et si on jouait cartes sur table toi et moi : où veux-tu en venir ? Demanda Olys en tripotant nerveusement le stylo qu’elle avait sur l’oreille.
- Conseil numéro un : ne laisse pas tes affaires sans surveillance, au passage il est super intéressant ton classeur là… Ensuite, malgré tes supers résultats tu n’as pas vraiment la dégaine d’une apprentie-héroïne. Tu veux des infos sur les élèves de la Sentaï pour intégrer l’école de journalisme, c’est bien ça ? Je peux t’y aider.
- Ce serait fort sympathique de ta part… Mais pas gratuit je suppose.
- Tu es vraiment brillante tu sais, tu comprends tout tellement vite ! Lança Vipère d’une voix roucoulante. Disons que si tu acceptes de faire la moitié de mes devoirs jusqu’à la fin de l’année, je veux bien te filer un coup de main.
- Un quart.
- Un tiers.
- Marché conclu. »
(Sale peste…)
Olys tendit une main rigide en direction de sa nouvelle associée. Avec un sourire malfaisant, la jolie Vipère pactisa avec la journaliste en herbe.
« Je sens qu’on va faire une équipe d’enfer toi et moi. »
Olys frissonna, elle pouvait presque deviner la queue fourchue et les cornes de diablesse qui poussaient dans le dos de Vipère.
(J’espère que je ne viens pas de faire une bêtise…)
« Au fait c’est quoi ces médocs ? Demanda Vipère en sortant un flacon de gélules de sa poche.
- Eh ! D’où tu fouilles dans mon sac toi ?!? Râla Olys en arrachant les médicaments des mains de Vipère.
- Je t’ai dit de surveiller tes affaires. T’es malade ? T’as quoi ?
- Je souffre d’hyperactivité... Ces pilules m’aident à rester calme et à mieux dormir.
- Ah ? Il se passe quoi si tu ne les prends plus ? Demanda Vipère qui s’imaginait déjà pouvoir faire de vilaines blagues à sa camarade.
- La dernière fois que j’ai oublié mon cachet j’ai passé une nuit blanche à reprendre l’enquête sur l’assassinat de JFK. J’étais sur le point de prouver qu’Oswald était un bouc émissaire cela dit, mais ma mère m’a forcé à reprendre mon traitement, quand elle est entrée de ma chambre on ne voyait plus le papier peint.
- Ok… Répondit lentement Vipère qui finalement se dit qu’il valait sans doute mieux lui laisser ses médicaments.
- Si tu es vraiment prête à m’aider, reprit Olys très sérieusement, il vaut mieux qu’on en parle en dehors de l’école. Viens chez moi ce soir, ma mère sera à son cours d’aqua-poney. On sera seules. »
Vipère avait beaucoup de défauts et peu de qualités, hormis l’intelligence et la ponctualité. Elle fut donc à l’heure pour son rendez-vous top secret avec Olys.
A l’entrée de la grande maison blanche au gazon impeccable d’Olys trônait le drapeau américain. Vipère pencha la tête en regardant la bâtisse. Elle avait l’impression d’être plongée dans une série télé des années 90.
« Ah t’es là Vipère ! Dit Olys en ouvrant à sa camarade. Viens, entres, et ne fais pas comme chez toi vu que je ne sais pas comment les Stratéquerre se comportent dans l’intimité.
- Salut…
- C’est le drapeau qui t’intrigue ? Ma mère est française mais mon père est américain. J’ai vécu quelques années là-bas, ma passion pour les super-héros vient de là. »
Vipère pénétra dans la maison, curieuse et impatiente de voir comment vivait Olys. La maison avait l’air encore plus vaste vu de l’intérieur. Le parquet du hall d’entrée était impeccablement ciré et pas un grain de poussière ne venait jouer les troubles fêtes. Une grande arche donnait sur le salon qui devait être trois fois plus grand que celui des Stratéquerre et un double-escalier blanc massif menait à l’étage. Le bâtiment faisait décidément très demeure coloniale.
Vipère songea que si Olys avait été un garçon elle aurait pu tenter de le charmer, elle aurait peut-être eu plus de chance qu’avec Tôa, mais elle trouverait de toute façon un moyen de tirer profit de la richesse de sa copine. Elle allait déjà exploiter sa richesse intellectuelle, c’était un bon début.
« Eh bée, sacrée baraque. Tes parents doivent bien gagner leur vie.
- Nous ne sommes pas malheureux certes, papa est ingénieur en physique nucléaire.
- La classe… Et il travaille pour qui ? Le CNRS ? L’armée ? Je sais : il mène des recherches secrètes pour un gouvernement de l’ex bloc soviétique ! Tu sais que mon père pourrait bien avoir besoin de ses services à la Vilain School. Bon je n’serais pas jouasse de rendre service à mon vieux mais…
- Non, rien de tout ça : il travaille pour Grigrill japan, le leader mondial des fabricants de micro-ondes. »
Les épaules de Vipère dépitée s’affaissèrent.
« Il voyage beaucoup pour son travail alors je me retrouve souvent seule avec ma mère, mais ça ne me dérange pas. »
Olys entraîna sa nouvelle camarade à l’étage ; sur le mur de l’escalier menant au premier étaient alignés des cadres aux photos étranges, il n’y avait que des images de pieds dans des chaussures de sports. Il y avait un peu de tout : chaussures de foot à crampons, tennis d’intérieures, basket de marque américaine, certaines étaient en couleur, d’autres en noir et blanc. De petites étiquettes mentionnaient la date et le nom de l’athlète, certains étaient connus, comme Tommy Pasquier ou Sébastian Charral, d’autres un peu moins comme un certain Mark Landru ou Sébastien Tagano.
Malgré le sujet plutôt incongru des photos, les clichés étaient parfois très artistiques avec des effets d’ombres portées et des contres jours très recherchés. Il y avait même une ballerine rose qui se répétait à l’infini dans un jeu de miroirs, la photo avait dû être prise dans une salle de danse.
« Euh… Cool la déco… Dit une Vipère peu convaincue.
- Ah tu parles des photos ? C’est le grand hobby de ma mère : photographier les pieds de sportifs. C’est elle qui m’a transmis sa passion pour la photographie.
- Quelle famille de tarés, je n’me plaindrai plus jamais du vieux… » Murmura Vipère pour elle-même.
La chambre d’Olys avait l’air normale, anormalement normale en vérité se disait Vipère. Poussée par son instinct de super-vilaine-repentie, elle devina facilement où se trouvaient cacher les secrets d’Olys. Vipère se dirigea vers le placard à vêtement d’Olys et tira légèrement sur les robes d’Olys pour mieux voir le fond du placard. Epatée et intriguée à la fois, elle siffla en voyant le mur du dressing recouvert de photos de Ken.
« Bah dis donc, quand tu es in love toi tu ne fais pas semblant. C’est pire que Bibi avec Hongo…
- Ne racontes pas n’importe quoi, je ne suis pas amoureuse de Ken, j’enquête sur lui. » Répliqua Olys en dépliant son ordinateur pour l’allumer.
Vipère s’approcha de sa camarade qui ouvrait les dossiers numériques les uns après les autres à la recherche du dossier Ken Eraclor.
« Ah ah ! Tu as vraiment des dossiers sur tout le monde alors ? S’esclaffa Vipère.
- Oui et une paire de trucs drôles, regarde ça…
- C’est Tof… Non c’est Koji ?!?
- Ouais, quand il essaye d’être plus beau que le plus beau, c’est à dire Tofu. Il est trop ridicule avec cette perruque.
- Nan mais surtout il est carrément laid le chevelu !
- Sur ce point, on est bien d’accord… Oh, et regardes celle-là !
- Guillaume Colobra ? Mais il fait quoi avec toutes ces peluches ?!? S’écria Vipère les yeux écarquillés.
- C’est sa nouvelle lubie : il collectionne les peluches de chatons kawaï. Il trouve que c’est super rebelle. Je ne sais pas trop pourquoi…
- Mortel ! Ah ah… Eh ! Tu as un dossier sur moi ?!? »
Olys tendit son ordinateur à bout de bras le plus loin possible de Vipère tout en la bloquant avec les pieds pour ne pas qu’elle y touche.
« Tu es la fille de Stratéquerre ! Bien sûr que j’ai un dossier sur toi, alors calmes toi où j’te dis plus rien. »
Une fois Vipère apaisée, Olys lui exposa brièvement les faits et ce qui l’avait conduit à entrer à la Sentaï School.
« Ken n’est pas un étudiant ordinaire. Super force, super vitesse et j’en passe… Mais lorsqu’il est avec ses copains il affirme être un garçon ordinaire, or que ce soit Hongo, Keiji, Tôa ou même ton cousin Duke, tous n’hésitent pas à mettre en avant leurs particularités. Le secret de Ken lui au contraire est bien gardé, ce qui me laisse penser qu’il est plus intéressant que les autres.
- J’uis pas convaincue… Il est quand même crétin ce type.
- Un peu à l’ouest peut-être, certainement pas crétin. Il a de très bons résultats dans la plupart des matières. J’ai vérifié son panneau d’affichage.
- Et tu veux connaître son secret ? Pour en faire quoi ?
- Ecrire un article sur Ken Eraclor et la Sentaï School, toutes les écoles de journalismes du monde m’ouvriront grands les bras après ça.
- Je n’vois pas pourquoi, répliqua Vipère en haussant un sourcil.
- Fais-moi confiance, j’ai un don pour repérer les scoops à des kilomètres. »
Godzilla passa devant sa fenêtre et Olys ne le remarqua pas.
« Ken sera un très grand héros et je veux être la première à montrer son vrai visage à la face du monde ! »
Pour toute réponse, Vipère la regarda avec des yeux de poisson mort et resta plus silencieuse qu’une tombe. L’enthousiasme d’Olys disparut en quelques secondes. Elle tourna le dos à Vipère vers son écran d’ordinateur, elle n’y voyait plus qu’un immense point d’interrogation.
« Mais l’espionner ne m’apporte aucune réponse claire… Ca fait plus de trois mois que je suis sur le coup et je ne sais toujours pas de quoi il retourne. Si tu savais comme ça peut me frustrer ! »
"Ca se voit que t’es frustrée ma pov vieille… M’étonne pas que tu craques sur Ken, t’es autant à l’ouest que lui." Songea Vipère. La fille de Stratéquerre paraissait sceptique.
« Mouais… Ce n’est qu’une idée comme ça mais tu devrais pt’être tenter une approche plus directe, suggéra-t-elle.
- Tu as sans doute raison mais tu proposes quoi concrètement ?
- Demande à Ken une sortie en tête à tête, tu pourras l’interroger tranquillement comme ça.
- Une fille qui invite un garçon à sortir ? Ce n’est pas convenable !
Vipère leva les yeux au ciel.
- Sérieux t’as été élevée où ?
- A la Saint-Richard-la-croix-d’or-sur-la-Flouse, répondit Olys au tac au tac.
- Mouais… Pas surprenant alors. Bon ok, laisses moi faire. Je m’en occupe, mais tu me devras un exposé de plus.
- Ce n’est pas convenu dans le contrat.
- Quel contrat ? Notre accord est verbal et basé sur une confiance mutuelle. Uh uh…
- Si, il y a un contrat. »
Olys sortit une liasse de papiers agrafés et l’agita sous le nez de Vipère. La jeune fille haussa un sourcil sceptique.
« Quand as-tu rédigé ce machin ? Et puis comment t’as eu ma signature ? J’ai jamais signé ce machin-là !
- Tu es maligne Vipère, mais ton inattention pour certaines choses te jouera des tours, répliqua Olys avec un sourire malicieux. J’ai remplacé la feuille de présence du cours de philosophie héroïque par ce document, tu n’y as que du feu.
- Tu es plus diabolique que moi ! J’uis jalouse ! »
Quelques jours plus tard, bien obligée d’accomplir sa part du marché et pendant qu’Olys rédigeait pour elle son devoir de dedansyfication à la bibliothèque, Vipère suivait discrètement son cousin Duke.
Au final, elle se disait qu’Olys avait plutôt bien choisie sa cible : Hongo était déjà pris, Duke sentant l’entourloupe aurait refusé de rendre un service à sa cousine et elle n’aurait pas cédé Tôa pour tout l’or du monde, essentiellement parce que Tôa avec son usine de farine de saucisse et ses restaurants était tout l’or du monde. Restaient Keiji et Ken. De ces deux-là, Olys avait choisi le moins flippant selon les critères de Vipère…
Duke était enfin seul avec Ken, c’était le bon moment. Assis dans l’herbe, Duke répétait un nouveau morceau tandis que Ken lisait un livre en le tenant à l’envers, le chibi goldo posé sur son crâne. Vipère sortit de sa cachette derrière un arbre et s’approcha en trottinant, un sourire faussement innocent jusqu’aux oreilles.
« Salut Duke, salut Ken.
- Qui diable êtes-vous ?
- Ken, c’est ma cousine Vipère tu sais bien… Se désola Duke. Qu’est-ce que tu veux Vipère ?
- Je voulais vous parler d’un truc à tous les deux. Vous voyez la nouvelle, Olys ?
- La fille à lunettes un peu guindée qui s’est fait greffé un appareil photo sur le bras ? Ouais elle est plutôt sympa, dans son genre. Mon Chibi Goldo l’aime bien en tout cas.
- Fougni fougnigni, confirma la petite mascotte.
- Et alors ?
- Elle en pince pour Ken et elle voudrait sortir avec lui.
- Avec Ken ? Répéta Duke comme s’il n’avait jamais rien entendu d’aussi improbable de toute sa vie.
- Avec moi ? Demanda Ken en relevant son éternel doigt ingénu vers son visage avant d’enchaîner :
- Peux-tu définir le terme sortir ? Sortir d’où ? Souhaite-t’elle sortir de l’enceinte de l’école ou simplement du bâtiment ? Pourquoi as-t -elle besoin de ma compagnie. As t’elle des soucis pour se déplacer seule ? Se sent-elle menacer par une quelconque organisation criminelle ? Je suis toujours prêt à aider une personne en détresse.
- T’es vraiment chelou comme type, répliqua Vipère, je ne vois vraiment pas ce qu’elle te trouve… M’enfin, moi j’agis en bonne copine, je fais juste la commission.
- Justement c’est ça que je trouve bizarre personnellement, dit Duke en haussant un sourcil. Qu’est-ce que tu manigances encore ?
- Mooiii ? Mais rien du tout cousin ! Tu me prêtes toujours des intentions que je n’ai pas.
- Mouais… Alors Ken, tu acceptes ?
- Accepter quoi ?
- Ca ne va pas être simple… Soupira Duke. Vipère lui tapota amicalement l’épaule.
- Je te laisse lui expliquer d’accord ? Tu viendras me donner sa réponse quand tu auras retrouvé son cerveau. Bonne journée cousin ! »
Et Vipère s’éloigna en fredonnant "Hightway to hell." Duke attendit que sa cousine soit suffisamment loin et il retira chibi des cheveux de Ken. Il aurait eu du mal à lui parler sérieusement sinon.
« Alors ? Tu penses quoi d’Olys ?
- Elle a un très bel appareil photo, avec un gros zoom… Répondit Ken presque rêveur.
- Je suppose que c’est un bon début, estima Duke avec un sourire mystérieux. Ce que Vipère voulait dire c’est qu’Olys te trouve sympa et qu’elle voudrait te voir en dehors de l’école.
- En dehors de l’école ? Devant la grille ?
- Mais non, tu sais bien, c’est comme les fois où nous sommes allés se balader à la plage et en forêt pendant les vacances.
- Je vois… Dit Ken en fronçant les sourcils comme si la conversation était très difficile à suivre. Et je l’emmène où ?
- Peu importe du moment qu’il n’y a ni zombie, ni agent du FBI névrosés.
- Diable, ça ne va pas être simple…
- Bon Ken, je vais donner ton accord à Vipère pour ce week-end, essayes de ne pas faire n’importe quoi pour une fois. » Lança Duke avec un signe de main en guise d’au-revoir à son camarade. Chibi Goldo trottina à la suite du musicien, immédiatement suivi de sa meute de filles en extase habituelle.
Désormais seul, au pied de l’arbre de la cours de récré, Ken se posa en penseur.
« Duke a raison : les humains semblent apprécier de se réunir en dehors des heures d’école ou de travail. Si je veux m’intégrer il faut que je fasse la même chose. »
Une fois rentré à son domicile dans l’après-midi, il demanda l’avis de son tuteur légal : un quadrupède à l’allure canine mais aux cordes vocales décidément très humanoïdes.
« Une fille m’a donné rendez-vous dimanche, tu crois que je dois accepter Nonos 2 ?
- Ca dépend. C’est risqué, mais si elle est jolie ça paraîtra étrange que tu refuses aux yeux des autres humains, répondit le chien parlant. A quoi elle ressemble ?
Ken chercha dans sa base de données interne pour retrouver la description d’Olys Allen d’après ses souvenirs :
- Cheveux bruns auburn, 7.1 à l’œil droit, 7.8 à l’œil gauche, 1,63 m, tour de poitrine 90 C, mensurations 62-78, environ 54 kilos.
- Hum… Effectivement il vaut mieux accepter. Essayes d’avoir l’air normal, sinon elle pourrait découvrir ton secret.
- Pourquoi vous me faites tous la même réflexion ? Je suis toujours normal, répondit Ken en se nettoyant l’intérieur de l’oreille avec une brosse à métal, un tube de dégrippant ouvert pour se badigeonner les articulations.
- J’ai un doute… N’oublie pas les trois règles Ken : tu penses humain, tu vis humain, tu es humain.
- Ne t’inquiètes pas Nonos 2, ça fait presque quatre ans maintenant que je vais à la Sentaï School et tout se passe parfaitement bien. »
Ceux qui connaissent les différents volumes de "Sentaï School, l’école des héros" sauront que parfaitement bien est à des années lumières de la réalité, mais Nonos 2 n’eut pas la force de contredire son filleul.
Le soir venu, après avoir fait un saut (littéralement parlant, le bitume s’en souvient encore) au vidéoclub pour louer une pile de DVD de comédies et de drame romantiques, Ken s’installa dans le salon pour se documenter. Au bout de neuf heures de visionnage, il en était à son cinquième film et se sentait plus perdu qu’éclairé.
Le jeune apprenti-héros était assis sur son vieux canapé, penché en avant, le visage appuyé sur ses coudes posés sur ses genoux, il avait chaussé ses lunettes du mode détective et fixait l’écran de télévision en fronçant un seul sourcil, avec fascination et circonspection.
[Ce rêve bleu ! Je n’y crois pas s’est merveilleuuuuh ! ]
« Bon, si je fais le bilan de ce que j’ai visionné jusqu’à présent, lors d’un rendez-vous amoureux il faut se mettre à chanter une chanson joyeuse, de préférence en compagnie d’un crabe qui parle ou d’un tapis volant… Hum, ça va être difficile à trouver. »
Ken empila le disque d’Aladin de Disney avec les autres boîtiers des films qu’il avait déjà regardés dont "Autant en emporte le vent", "Coup de foudre à Notting Hills" et "La petite sirène", puis il posa celui de "Pretty Woman" par-dessus.
« Les femmes aiment donc quatre choses : chanter, les animaux, vivants de préférence sinon en peluche, les chaussures et changer de vêtements. »
Après avoir enchaîné avec : "Dirty Dancing", "L’amour extra large." et " Titanic", Ken aurait voulu être réellement humain pour pouvoir prendre un cachet d’aspirine.
Le samedi matin, il mit encore un nouveau DVD dans le lecteur, pour essayer d’en comprendre d’avantage.
[Quelque part dans l’Angleterre victorienne…
- Vous pensez m’intimider en venant me regarder avec cet air sérieux monsieur Darcy, mais vous n’y parviendrez pas.
- Je vous connais suffisamment pour savoir que je ne peux vous intimider, même si je le souhaitais lady Elisabeth…]
« Mais qui diable est ce monsieur Darcy ? S’interrogea Ken dont la mémoire vive commençait à surchauffer. Pourquoi un aristocrate habillé en croquemort voudrait intimider cette jeune femme ? Est-ce un chantage ? Une menace ? Serait-ce lui le méchant dans l’histoire ? »
Ces films sont très complexes à comprendre. Il n’y a ni monstre, ni démon, ni assassin, ni savant fou, ni agent double… » Se lamenta Ken en regardant la jaquette du film "Orgueil et préjugés".
[Elisabeth Bennett continuait de jouer (mal) du piano.
- Je n’ai pas le talent de converser avec des gens qui me sont parfaitement inconnus.
- Suivez le conseil de votre tante monsieur Darcy, entraînez-vous. ]
« S’entrainer à parler ? » Répéta lentement Ken. Il se rendit quelques minutes plus tard dans la salle-de-bain, torse-nu il se fixait dans le miroir.
« Je m’appelle Ken Eraclor. Je suis un humain tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Oui, parfaitement ordinaire… Je m’appelle Ken Eraclor. Je suis un humain tout ce qu’il y a de plus ordinaire…»
Et il répéta inlassablement son texte, toute la journée et toute la nuit…

A suivre...
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