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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 6
Nom de l'œuvre : Sentaï Scoop Nom du chapitre : Love me sentaï - partie II
Écrit par Tracy Chapitre publié le : 7/10/2015 à 19:18
Œuvre lue 11102 fois Dernière édition le : 7/10/2015 à 19:36
Chapitre 6

Love me sentaï - partie II

Le lendemain, Ken et Olys s’étaient donnés rendez-vous vers 14h30, devant les portes de l’usine Wilka, fermée pour inventaire. Malgré tout, un camion bizarre aux vitres teintées était garé près de la zone de livraison. Des hommes en noirs déchargeaient des caisses avec un logo toxique dans l’entrepôt, mais Olys debout à moins de dix mètres de là ne voyait rien car elle tournait le dos à l’usine.
Vêtue d’une petite robe noire et bleue décontractée cintrée à la taille, elle attendait patiemment l’arrivée de Ken et s’occupait en astiquant le zoom de son appareil photo, ce qui lui évitait de regarder l’heure toutes les trente secondes sur son smartphone.
(Je suis nerveuse… C’est ma toute première interview. Et j’ai peur d’être percée à jour.)
En arrière-plan dans le dos d’Olys, une silhouette diaboliquement familière avec sa barbe blanche et ses oreilles pointues s’installa au volant du camion et démarra. Tandis que le camion s’éloignait de l’usine, Ken se présenta devant Olys. La jeune fille mit quelques secondes à le reconnaître puis faillit avoir une attaque.
Il avait gominé ses cheveux, tirés en arrière et plaqués sur son crâne. Il portait un costume de soirée bleu clair azur, avec de la dentelle autour de la boutonnière, un très gros nœud papillon bleu pétrole sous le menton et des chaussures noire cirées brillantes à outrance. Au-delà de sa tenue ridicule, il avait amené avec lui un arsenal de trucs loufoques qu’il tenait dans ses bras, mais le pire c’était ce qu’il avait sur le visage…
Olys sourit, les dents serrées en le voyant arriver.
(Quelle horreur…)
« Bonjour, je m’appelle Ken Eraclor. Je suis un humain tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
- Salut… Euh, oui je sais que tu t’appelles Ken Eraclor, je suis en classe avec Shinobi tu te rappelles ? On s’est déjà parlé plusieurs fois. Tu euh… T’es mis sur ton 31 à ce que je vois.
- Trente-et-un quoi ? Est-ce un numéro de code ?
(L’après-midi va être longue je le sens…)
« Pourquoi tu portes une fausse moustache ?
- J’ai vu dans un film que les femmes aimaient les moustaches, répondit Ken en entortillant sa moustache du bout des doigts.
- Il y a cinquante ans peut être, et pas sur un gamin de seize ans. Enlève ça, s’il te plaît, par pitié. Et c’est pour quoi faire le crabe ? Ajouta Olys tandis que Ken enlevait le postiche de sous son nez.
- Je te préviens il ne chante pas, c’est gênant ?
(Pourquoi je cherche à comprendre en fait ?)
- On va le manger ce soir ?
- Myxomatose et pipe en bois, non ! S’exclama Ken. Ce serait cruel !
- Je pose juste la question, c’est bon du crabe… »
Quand Olys eut le dos tourné, Ken prit son bloc note et rayant la mention sur les animaux.
« Apparemment, les filles apprécient aussi les animaux décédés… Pensa Ken à voix haute. J’aurais dû ramener le blaireau mort que j’ai aperçu sur le bord de la route ou ma casquette en peau d’ornithorynque. »
Après avoir relâché le crabe dans un étang du par ce jeté la fausse moustache dans une poubelle, Ken en vint au reste de son matériel. Il tendit à Olys un bac à fleur rectangulaire.
« J’ai aussi lu dans des livres qu’il fallait offrir des fleurs à la jeune fille lors des rendez-vous.
- Euh… C’est gentil mais ce n’était pas la peine d’apporter la jardinière avec, répondit gentiment Olys. Normalement il faut juste un bouquet de fleurs coupées.
- Il faut respecter toutes les formes de vie, c’est notre rôle de héros. Ce pot à fleur est un écosystème complexe, autonome et fragile, il ne doit pas être perturbé. »
Ken colla son nez dans jardinière pour regarder de très près les quelques cloportes et les fourmis afférées sous les feuilles des plantes.
(Il est vraiment bizarre… Mais sa conception du monde est admirable, je ne peux pas lui enlever ça.)
- D’accord, merci en tout cas. » Répondit Olys.
Elle sourit poliment et prit la jardinière qui pesait son poids.
« Alors, où va-t’on ? Lança-t’elle joyeusement.
- N’ayant pas les moyens de t’emmener en croisière, ni sur un paquebot de luxe, ni sur un tapis volant, j’ai décidé d’opter pour le cinéma, le dancing puis le restaurant, si cela te convient.
- Ok, super. »
Le cinéma était à deux pas, Olys n’eut pas le temps de trouver de question piège à lui poser avant qu’ils n’arrivent au guichet.
« Deux places étudiantes pour "Les gardiennes de l’univers." mon brave.
- Il paraît que l’actrice principale qui joue Lady Saturne est une ancienne élève de la Sentaï, » dit Olys à Ken tandis qu’ils entraient dans le cinéma.
(Je suis sensée lui extirper des infos et c’est moi qui lui fait la causette…)
« Ah, chouette ce sont encore les bandes annonces. » Renchérit Olys qui ne pouvait s’empêcher de parler en s’installant à côté de Ken.
Une voix roque et une musique saturée en basses raisonna dans toute la salle obscure.
[Prepare yourself... For the new race against the death of Rob Cohen.
“It’s my destiny Bibi. Drive ever, further, faster… Or die.
- My love is your road. Lead me to the paradise.
- No my sweet, there is one destination : hell.”
VVRVRRRRAAAAAOOOOOOOOMMMMMMMMMMMMMMMM !!!
Il y eut une série d’explosions sans réelle cohérence puis une énorme voiture de course bleue, blanc, rouge avec des ailerons posés dans tous les sens jaillit des flammes, les portières étaient déjà arrachées. Le conducteur balança par l’ouverture des grenades qui rappelaient vaguement des bananes métalliques sur ses poursuivants.
Un camion géant noir avec une tête de mort et un serpent peints sur les flancs était à la poursuite de la voiture de course. Des mitraillettes et un lance-flamme étaient greffés sur son pare-choc. Les rafales pleuvaient sur le véhicule du héros H. O. Wing et de sa pulpeuse compagne qui s’en sortait pourtant indemne.
- He’s mad !
- No, he’s bad… He’s Bad Max !
With Jake Gyllenhaal, Eva Green and Tom Hardy as Bad Max :
"Furious and fast XI. Hongo, the wings of vengeance."
Based on the short-film of Erick Sama-san. Indoor january 21. »]
« Eh-oh non mais l’autre, c’est mon film ! Geignit Olys au fond de son siège.
- Tu crois que c’est tiré d’une histoire vraie ? Demanda Ken, perplexe.
- J’préfère même pas répondre… »
Après les bandes annonces accompagnées de publicités diverses de glace, boissons gazeuses et de produits wilka, le film commença enfin.
« Diable, mais cet arbre sait parler ! C’est inconcevable ! » S’exclama Ken dans la salle obscure au bout de quinze minutes de film.
Dans un premier temps un concert de "Chuuuut !" lui répondit. Dans un second temps, ce fut Olys.
« Alors un raton-laveur qui parle ça ne te choque pas mais un arbre si ? Fit-elle remarquer.
- Je connais un chien capable de réciter du Shakespeare, répliqua Ken. Je suppose qu’un raton-laveur peut connaître un peu de Molière… Ou au moins du Marivaux.
- Non, celui-là il a juste un pistolet et il jure comme un charretier. J’ai lu quelque part qu’il s’agissait de deux vrais acteurs venus du Yamato. Ils ont vraiment plein de créatures étranges là-bas.
- En tout cas j’ai essayé de parler à ton géranium et il ne m’a jamais répondu ! Renchérit Ken en se penchant devant Olys pour regarder la jardinière qu’elle avait posée sur le siège à sa droite. C’est un signe !
- Chut !!!
- Un signe de quoi ? Demanda Olys.
- Ca prouve que les raton-laveurs sont plus intelligents que les géraniums et les vieux sapins. Mon raisonnement est sans faille.
- T’y vois un sapin toi ? Moi je dirais plutôt un chêne ou un saule… »
Malgré les mécontents qui leur jetaient des pop-corns, Olys et Ken continuèrent leur conversation sans queue ni tête jusqu’à la fin de la séance.
Arrivés au dancing-karaoké situé dans le complexe sportif de la ville, Olys posa sa jardinière dans un coin près des casiers, en espérant que quelqu’un la lui vole mais elle avait peu d’espoir que cela arrive réellement.
« Tu veux vraiment aller danser ? Demanda-t’elle à Ken. Je ne suis pas très à l’aise pour ça, tu ne préfères pas un bowling ou aller à la piscine ?
- J’ai pas mon maillot de bain et il faut que j’évite de me baigner trop souvent sinon je rouille.
- Pa… Pardon ?
- Hum… Fais comme si je ne t’avais rien dit. Je croyais que vous les filles vous aimiez danser et chanter ?
- Si c’était le cas, je serais en apprentissage au moulin-rouge, pas à la Sentaï School, répondit Olys avec une pointe d’ironie. Un petit laser-game ou un billard ça me plairait d’avantage.
- Bon, comme tu veux… »
(C’est qu’il est déçu en plus.)
« J’ai répété la scène du porté pour rien… » Soupira Ken.
Devant la table du billard, Olys plaça les boules. Elle était contente, Olys était très douée pour ce jeu mais elle n’avait pas souvent l’occasion de jouer face d’autres enfants. La jeune fille commençait peu à peu à oublier son enquête et prenait du plaisir à s’amuser avec Ken.
« Je n’ai jamais joué au billard, dit Ken le doigt levé. Peux-tu m’expliquer les règles ?
- Bien sûr : tu choisis une couleur, jaune ou rouge. Ton but est d’envoyer toutes les boules d’une même couleur dans les trous de la table en terminant par la noire et sans que la blanche ne tombe dans un trou. Tu utilises la queue en bois pour taper dans la boule blanche uniquement, c’est la seule que tu aies le droit de toucher.
- Hum, c’est technique… Dit Ken, songeur.
- Oui c’est un sport qui demande une grande maîtrise.
- Puis-je essayer ?
- Si tu veux, vas-y. »
Ken prit la queue de billard et se plaça en face de la boule blanche. Avec une extrême concentration, il calcula l’angle idéal et mesura la force nécessaire pour faire le meilleur coup possible. Une fois les variables verrouillées, il frappa d’un coup fort et sec. Les seize boules filèrent dans tous les sens et seules les sept rouges tombèrent, chacune dans un trou différent. Alors que les mouvements étaient presque terminés, la boule noire roula très lentement vers l’angle en haut à droite de la table et finalement elle bascula dans le trou dans un bruit mat.
Il y eut ensuite un silence pesant.
« Ne refais plus jamais ça… Finit par dire Olys d’une voix caverneuse.
- Pourquoi ? Je n’ai pas respecté les règles ? Demanda Ken sincèrement.
- T’avais raison : on va aller danser plutôt. »
Olys avait du mal à se remettre de sa défaite au billard, bien qu’en réalité elle ne savait pas si elle devait considérer cela comme une défaite puisque techniquement elle n’avait pas eu l’occasion de tirer une seule fois. Mais le coup de Ken lui rappela qu’elle était là pour enquêter sur lui et la conforta dans sa théorie qu’il n’était pas un humain ordinaire.
Sur la piste de danse, la nervosité la rattrapa lorsque Ken lui prit la main gauche et posa la droite sur sa hanche. Les joues d’Olys se mirent à rougir.
(Ce n’est pas avec ces conneries que je vais découvrir son s…)
« GYAAH ! »
Brusquement, Ken commença à danser avec elle… Ou plutôt à la martyriser.
Il la fit tourner sur elle-même une vingtaine de fois d’affilé, dans un sens, puis dans l’autre, à sa droite, puis à sa gauche. Olys se sentait devenir toupie. Ensuite Ken la fit glisser par terre entre ses jambes et la releva en lui tirant sur les bras comme un écarteleur de l’inquisition. Il la souleva sans mal avec sa super-force et la tint par les hanches au-dessus de sa tête. Olys était tétanisée.
Les autres danseurs, d’abord impressionnés par la prouesse, s’étaient arrêtés de valser pour les regarder, mais dans sa folle ronde Ken bouscula plusieurs personne, écrasa lourdement des orteils et en faisant virevolter Olys, la jeune femme avait bien sentit qu’elle avait donné quelques coups de pieds par accident. Les danseurs évacuèrent en quatrième vitesse la piste de danse pour fuir la dangerosité de Ken.
La torture n’était pas encore terminée, Ken agrippa Olys et l’enroula autour de lui comme une ceinture en faisant craquer le dos de la pauvre fille, puis il la fit sauter dans les airs deux fois de suite avant de la reprendre dans ses bras et de la faire basculer la tête en arrière. Olys était sur le point de perdre connaissance.
Enfin, la chorégraphie fut terminée. Ken redressa Olys qui peinait à tenir sur ses jambes. Sa tête lui tournait tellement qu’elle devait se cramponner à Ken pour ne pas s’écrouler par terre. Lorsque sa vue redevint à peu près stable et son esprit à moitié lucide, elle réussit à balbutier.
« Où… Où est-ce que t’as appris à danser comme ça ?
- Hier soir, en regardant la télé. »
(Il me fait marcher… Ca y’est j’y suis, Vipère m’a tendu un piège : c’est un diner de cons. Ou en dancing de con, le diner ce sera pour tout à l’heure… Si je ne vomie pas mes tripes d’ici là.)
« Une autre ? Demanda Ken.
- J’veux pas mourir…
- Besoin d’une pause ?
- Je veux sortir d’ici. »
Pris de pitié, Ken emmena Olys à l’extérieur. Pour la soirée, sur les conseils de Tôa, il avait réservé une table dans l’un des restaurants de Takoyaki LeMagnifique.

Olys posa soigneusement la jardinière à côté de la table en se retenant de grimacer. Elle commençait à avoir mal dans le bras à force de la porter.
(C’est méga lourd ce truc quand même…)
« Tu n’étais pas obligé de m’inviter au restaurant tu sais ? Reprit Olys. Je voulais juste qu’on se rencontre pour faire un peu connaissance en privé.
- Nous avons déjà fait connaissance, nous nous sommes rencontrés à l’école, tu me l’as rappelé toi-même tout à l’heure.
(Super bizarre ET un peu pénible par-dessus le marché…)
- Hem… Oui certes… Au fait, tu ne te souviens vraiment pas de moi avant la Sentaï ?
- Non.
- Tu m’as bousculé l’année dernière pour aller secourir les victimes d’un incendie. Je t’ai vu lorsque tu as aidé le pompier à sauver ce bébé… Les journalistes n’en ont pas parlé mais je sais que c’est grâce à toi qu’il est sorti indemne de l’immeuble en feu.
Les joues d’Olys rosirent légèrement.
« En fait… C’est ton exploit qui m’a motivé pour entrer à la Sentaï-School. j’ai été très impressionnée.
- Cela signifie que je progresse vers mon idéal ! J’ai réussi à motiver une jeune personne pour qu’elle rejoigne les rangs des défenseurs de la paix et de la justice ! » S’enflamma Ken.
Olys but une gorgée de sa limonade en le regardant.
(Ouais ouais… Je veux surtout savoir quel secret tu caches sous ton blouson.)
« Au fait, reprit Olys avec une idée lumineuse, pourquoi tu t’es inscrit à la Sentaï School ?
- Pour devenir un héros pardi.
- Je veux dire : qu’est ce qui t’a poussé à vouloir devenir un héros ? »
Il y eut un gros silence, Olys eut l’impression que Ken ne savait pas quoi répondre, non pas parce qu’il cherchait à mentir mais parce qu’il ne savait vraiment pas pourquoi il voulait devenir un héros. Elle avait posé la question dans l’idée de lui soutirer des informations, mais sa réaction était plus mystérieuse qu’autre chose.
« J’ai été fabriqué pour ça, répondit finalement Ken.
- Fabriqué ? Répéta Olys en haussant un sourcil. Ken chercha un meilleur mot.
- Pardon, je voulais dire : je suis né pour ça.
- Tu veux dire que tes parents ont choisi à ta place ? Tenta Olys.
- En quelque sorte… »
Le serveur les interrompit dans leur conversation pour leur donner les cartes. Ken qui voulait en finir au plus vite avec cette discussion dangereuse pour lui, ouvrit la carte et lu les informations contenues à l’intérieur.
« Myxomatose et pipe en bois ! S’exclama-t’il. Qu’est-ce que c’est que tout ça ?!?
- Euh… Le menu je suppose. Répondit Olys en lui jetant un coup d’œil du coin de la carte.
- Personne ne peut manger autant de chose sans exploser, c’est biologiquement impossible ! »
Olys fronçait les sourcils pour comprendre d’où venait le problème, elle finit par mettre le doigt dessus.
« Ken, on doit choisir un plat, on ne va pas manger tout ce qu’il y a d’écrit là-dessus… » Expliqua Olys alors que le serveur revenait.
« Avez-vous choisi messieurs dames ?
- Une salade bergère pour moi. Ken ?
- Oui ?
- Choisis.
- Choisir quoi ?
- A manger.
- Pour qui ?
- Pour toi ! » S’énerva Olys.
(C’est moi qui vais devenir chèvre, pas la salade.)
« Monsieur ? Dit doucement le serveur pour réveiller Ken en train de bugguer.
- Qui diable êtes-vous ?
- Apportez lui la même chose, merci. » Finit par dire Olys avec un grand sourire poli mais en déchirant la nappe sous la table ne pas sombrer dans une folie destructrice.
Lorsque les plats arrivèrent, Olys se jeta sur sa salade. Malgré les secousses du dancing, elle commençait à avoir très faim et manger lui permettrait peut-être d’oublier un instant l’attitude étrange de Ken qui ne touchait pas à son assiette.
(Pourquoi il ne mange rien ?)
« Tu n’as pas faim ?
- Je suis allergique.
- A quoi ?
- Aux aliments en général.
(Ok…)
Nouveau gros silence gênant… Olys se pinça l’arête du nez.
(Je n’y arriverai pas comme ça. Essayons l’environnement familial, j’aurais peut-être des indices.)
« Ils font quoi dans la vie tes parents ?
- Mes parents ? Mon créa… Mon père est un savant. Je crois que le mot qui convient est ingénieur.
- Ah, le mien aussi est ingénieur. Et ta mère ?
- Chien au foyer.
- Ah ma mère aus… Quoi ?
- Tu poses beaucoup de questions, serais-tu un agent infiltré de la Vilain School ? »
Les yeux de Ken étaient terriblement perçants, Olys en eut froid dans le dos.
(Mais c’est qu’il est sérieux en plus !)
« Qu’est-ce que tu vas chercher là ? Dit-elle avec un grand sourire mal à l’aise. Je suis juste curieuse et j’aime les enquêtes en quelques sortes.
- Moi aussi, j’adore enquêter !
(Je rêve ou… On a un point commun lui et moi ?)
L’enthousiasme soudain de Ken surprit Olys, elle ne s’attendait pas ça. Si elle s’imaginait en journaliste, Ken lui se prenait pour un détective.
« D’ailleurs je travaille actuellement sur une question très épineuse, quelle est ta théorie concernant les poubelles de l’école ? Elles se remplissent à un rythme de 1,76 L par heure, ce qui est anormalement élevé et oblige les éboueurs à passer trois fois par semaines plutôt que deux. Lors des trois années précédentes elles accueillaient entre 0,54 et 0,87 L.
- Hum… Je suppose que les nouveaux élèves sont plus soucieux de l’environnement que les anciens, non ? Proposa Olys, qui se fichait royalement du sort des poubelles de l’école.
- Mon hypothèse c’est qu’un groupe occulte se débarrasse discrètement de ses déchets les plus dangereux dans les poubelles d’un lieu public pour dissiper les soupçons. J’ai examiné le contenu des poubelles, la fréquence des papiers d’emballage de bonbons et de sucettes a augmenté de 77% par rapport à l’an dernier. L’analyse chimique du sirop collé au papier d’aluminium a révélé des traces de bromure de potassium, d’histamine et du doxylamine, composés qu’on ne trouve normalement pas dans des bonbons. J’en conclue qu’une entreprise de produit chimique cherche à faire disparaître les preuves d’une catastrophe sanitaire et environnementale ! »
Olys était en train de piquer du nez, Ken racontait vraiment n’importe quoi.
« Je peux prendre un dessert ? Demanda machinalement Olys.
- Oui j’ai le budget adapté. »
(Pas pire que si je sortais avec Tofu…)
« Un cheese-cake citron-fruits rouges s’il vous plaît. »
Ken sortit un papier de sa poche et son front se plissa légèrement lorsqu’il commença à le lire.
(Il a fait un pense-bête ???)
Pour ne pas saturer son disque dur interne déjà rempli de données romantiques quasi-inutiles, il avait écrit le programme de la journée sur un papier.
« Alors d’après mes notes il nous reste deux options : je te raccompagne chez toi ou je t’invite à boire un dernier verre chez moi. »
Olys faillit céder à la panique.
« Euh je crois qu’on va prendre la prem… » Puis un déclic se fit dans son esprit.
(Merde Olys, tu es une journaliste. Une telle occasion ne se représentera pas deux fois.)
« On va boire un verre chez toi !
- Entendu mais cela risque d’être difficile. Comment peut-on boire un verre ? Le verre est une matière solide, à la rigueur il est possible de manger un verre mais c’est très dangereux pour l’œsophage.
- On boit le contenu du verre, par le verre lui-même. » Répliqua Olys en engouffrant la dernière bouchée de son gâteau et se levant de sa chaise. Elle prit son géranium sous le bras et se tourna vers Ken d’un air impatient.
« Bon on y va ? »
Olys était si impatiente qu’elle marchait presque plus vite que Ken. La maison du jeune Eraclor était extraordinairement banale, de l’extérieur en tout cas.
« Comment on dit déjà ? Dit Ken en ouvrant la porte. Fais comme chez Tôa ?
- Pas de soucis ! S’écria Olys en s’engouffrant dans l’ouverture.
- Sauf que chez Tôa il y a des lustres en saucisses et son salon fait trois fois la taille de ma maison… » Songea Ken à voix haute.
Une fois dans la maison Eraclor, Olys se mit à en scruter le moindre recoin… Ses mains la démangeaient, elle mourrait d’envie de sortir son appareil photo de son sac pour tout mitrailler, mais Ken risquerait de vraiment se douter de quelque chose à force, alors la mémoire visuelle remplacerait l’appareil dans un premier temps.
Attiré par le bruit que faisaient les adolescents, quelqu’un s’avança dans le couloir pour les rejoindre dans le salon.
« Ken c’est toi ? Pas trop tôt ! »
Olys se retourna pour saluer ce qu’elle pensait être un parent de Ken mais elle ne vit qu’un chien se dandiner par terre.
« Oh un chien. Il est mignon.
- Euh… Wouf ? »
Olys haussa un sourcil et recula lentement la main qui s’apprêtait à caresser le bâtard.
(Même son chien est chelou.)
« Voici Nonos 2, mon tute…
- WOUF ! L’interrompit le chien pour l’encourager à se taire.
- Mon chien oui, c’est ça que je voulais dire : mon chien. »
Il y eut encore un lourd silence, un de plus dans la longue liste de la soirée. Olys regardait alternativement Ken et le chien, dont les yeux semblaient chargés de reproches à l’encontre de son jeune maître.
« Wouf Ken, wouf wouf parler, wouf wouf cuisine, wouf tout de suite ! » Aboya le chien. Olys considéra que les mots intercalés entre les grognements n’étaient que le fruit de son imagination après une journée sympathique mais trèèèès fatigante. En plus il était bientôt l’heure de prendre son médicament.
Le chien fila dans le couloir et Ken se sentit obligé de le suivre d’un pas raide. A peine eut-il disparu derrière la porte qu’Olys sortit son appareil photo de son sac pour mitrailler le décor. Elle se mit à fouiller partout et à toucher à tout comme un détective curieux/maladif (veuillez barrer la mention inutile).
Dans le salon trainait encore la pile de DVD à l’eau de rose qu’avaient empruntés Ken. Olys se pencha pour voir les titres.
(Tu m’étonnes qu’il soit à côté de la plaque… J’ai encore du bol qu’il n’ait pas vu "50 nuances de Grey.")
Sans faire de bruit, Olys passa d’une pièce à l’autre en évitant la cuisine où s’étaient retirés Ken et Nonos 2. Quelque chose au fond d’elle-même lui disait qu’il fallait se méfier de ce chien noir.
Il y avait un peu trop d’outils dans la maison au goût d’Olys, elle trouvait ça louche, ainsi que beaucoup d’effets personnels qui paraissaient abandonner depuis longtemps, plusieurs années sans doute et n’avaient pas bougés de place depuis. Olys tomba entre autre sur une pile de courriers non ouverts, tous adressés à un certain Professeur Albus Konga.
Olys continua de faire son petit tour et dans le couloir elle tomba sur un cadre photo où Ken et son chien se tenaient à côté d’un vieux barbu aux cheveux blancs
(Hum… Une photo du professeur Konga je suppose, une belle tête de savant fou, il n’y a pas à dire.)
En entendant une voix inconnue provenant de la cuisine, Olys se glissa derrière la porte entrouverte pour mieux écouter. La voix semblait mécontente, mais elle avait surtout quelque chose de bizarre. Olys identifia une voix d’homme, sans doute le père de Ken en conclue Olys, la voix raisonnait dans un léger écho sourd, comme si elle provenait d’une télévision ou d’une radio, pourtant le bonhomme était en pleine discussion avec Ken.
« Dis donc Ken, il me semble t’avoir demandé de revenir avant 21h30, il est 22h passé !
- Ce n’est pas de ma faute Nonos 2… Répondit Ken.
(Il parle à son chien ?!? Mais qui lui répond dans ce cas ?!?)
Olys se pencha devant l’interstice pour apercevoir les deux interlocuteurs. Silencieusement, elle sortit son appareil photo et l’alluma.
« C’est Olys qui mange beaucoup, on a perdu du temps au restaurant. »
(Eh mais c’est pas vrai ! Quel mufle !)
« Toujours de bonnes excuses ! Répliqua le chien noir devant Ken. Avec toi c’est toujours la faute des autres, jamais de la tienne.
- De toute façon ce n’est pas grave, dit Ken en haussant les épaules. Je ne crains rien moi dehors, même en pleine nuit.
- Je suis responsable de toi ! Aboya Nonos 2 sous les yeux médusés d’Olys. Tu fais ce que je te dis et c’est tout, c’est pour ton bien. Ensuite pourquoi l’as-tu ramené à la maison ? Tu as buggué ou attraper un virus informatique ? »
Ken grommela, contrarié de se faire enguirlander par son chien qui était aussi son tuteur légal. Olys avait l’impression d’entrer dans la quatrième dimension.
« De toute façon je m’en fiche, je ne suis plus un petit robot, l’année prochaine j’aurai fini la Sentaï School et je serai enfin un androïde adulte et indépendant, tu ne pourras plus rien m’ordonner et je ferai ce que je veux.
(Un… Un robot ? Il a dit robot ? Non ce n’est pas… Possible…)
- Tu me réponds maintenant petit effronté ? Avoir l’air humain ne te donne pas le droit de faire une crise d’adolescence ! Tant que tu vis sous mon toit c’est moi qui décide !
- C’est pas ton toit, c’est celui du professeur Konga. Les chiens ça dort dans une niche normalement.
- Je ne me souviens pas qu’on t’ait programmé pour être arrogant et faire du cynisme ! Montre-moi ton disque-dur.
- Roh non, pas maintenant…
- Tu obéis Ken ! »
Ken grommela une nouvelle fois puis à l’aide de ses deux mains il se dévissa littéralement la tête. Olys dû se cramponner à l’étagère du couloir pour ne pas s’écrouler sous le choc. De la main droite, elle eut tout de même le réflexe d’appuyer sur le bouton vert de son appareil photo.
Ken tenait son propre crâne à bout de bras. Le chien enfila son museau sous le menton de Ken.
« Ah-ah ! S’écria Nonos 2 en regardant à l’intérieur du crâne. J’en étais sûr ! Tu as encore intégré des données inutiles sur les séries de NT9 et W1. Tu me feras le plaisir de les effacer !
- Mais Nonos 2, ça me permet de me comporter comme un humain…
- Un humain stupide et antipathique oui ! Tu n’as pas besoin de ça ! »
Olys souffla de surprise. Elle n’en croyait pas ses yeux.
(Pour de vrai… Ken… Ken est un robot…)
Elle abaissa son appareil photo, tout était déjà dedans. Complètement hébétée elle tenta de se redresser en s’aidant de l’étagère contre laquelle elle était appuyée mais sans faire attention elle renversa quelques livres de mécanique qui tombèrent sur leurs couvertures dans un bruit sourd.
Ken et son chien dressèrent l’oreille, Olys avait malencontreusement rappelé sa présence aux deux locataires.
« Rah c’est vrai, j’oubliais qu’elle était encore là celle-là, râla Nonos 2. Ken revisses toi la tête correctement et renvoie ton amie chez elle avant qu’elle ne se rende compte que quelque chose cloche ! »
Prise de panique, Olys rangea en catastrophe son appareil photo dans son sac à main et s’éloigna de la porte pour retourner dans le salon comme si de rien n’était. Ken et Nonos 2 arrivèrent.
« Il est tard, tu veux que je te raccompagne chez toi ?
- WOUF ! Insistra Olys pour qu’elle déguerpisse
- Non non, ce n’est pas la peine ! Dit précipitamment Olys. Je ne serais pas une véritable héroïne si je ne savais pas me défendre pas vrai ? Ah ah… Hem. Bon ben j’y vais hein ? C’était chouette, on se voit demain à l’école ! Bye ! »
Elle s’enfuit plus qu’elle ne sortit de la maison. Dans la rue elle se mit à courir comme une dingue en direction de chez elle. Ken tira le rideau et l’observa depuis la fenêtre.
« Cette fille est un peu bizarre non ? Dit Nonos 2 à ses côtés.
- Oui, je trouve aussi. Elle n’aime ni la danse, ni les crabes, ni les moustaches. »
Olys ne ferma pas l’œil de la nuit. Après avoir découvert le secret de Ken, elle avait filé à l’anglaise et une fois chez elle, elle s’était aussitôt ruée sur son ordinateur pour rédiger un article de cinq pages plus photos à l’appui sur Ken Eraclor et sa véritable nature. Une fois terminé, elle fixa son écran pendant une bonne demi-heure, perdue dans ses pensées.
(C’est très bien et j’en fais quoi maintenant ?)
Comme d’habitude, son texte était génial : incisif, précis, bien écrit… Mais ce n’était pas le problème.
(A quel journal je pourrais le vendre ? C’est sûr que c’est de l’or en barre mais…)
Son doigt se rapprochait irrésistiblement de la touche SUPPR.
(Si je fais ça, je ruine la vie de Ken… Raaah, pourquoi j’ai des états d’âme moi ? C’est un robot, ce n’est pas grave. Il ne va pas souffrir, enfin je ne crois pas…)
Elle recula brutalement son doigt.
(Non, je ne deviendrai pas journaliste si je me montre aussi faible ! Je vais y réfléchir et je l’enverrais au plus offrant demain.)
Olys, fatiguée de sa journée, s’étala sur son lit en laissant son ordinateur allumé. Allongée en étoile de mer, les yeux rivés sur son plafond blanc, Olys continuait de douter.
(Je me demande comment vont réagir les autres quand ils sauront que leur ami est un robot…)
Des images se succédèrent dans son esprit. Elle vit Ken Eraclor ligoté sur une table de dissection. Autour de lui se trouvaient tous ses camarades : Keiji, Bibi, Hongo, Duke, Tôa, Vipère mais aussi Guillaume Colobra, Koji, Tofu… Tous avaient les yeux rouges luisants et fixaient Ken avec une mine terrifiante. Mademoiselle Gégé vêtue en infirmière diabolique, la blouse maculée de tâches de sang s’approcha de Ken en poussant un chariot chargé d’instruments médicaux, de type scalpels et ciseaux mais également d’outils comme des tournevis et des clefs à molettes.
Au centre du plateau trônait une scie électrique. Le principal Ultra Sama apparut accompagné de Stratéquerre, tous les deux en blouse verte de chirurgien, un sourire démoniaque dévoilant des dents anormalement pointues sur leurs visages. Ultra sama se saisit avec un plaisir malsain de la scie électrique, Stratéquerre lui brancha la prise. La lame démarra dans un bruit strident. Ken ne protestait pas, il attendait que la fin arrive, de la sueur coulait lentement sur son front tandis que la scie s’approchait… Et Stratéquerre lança :
« Nous enverrons le premier écrou à Olys Allen, pour la remercier… »
« Kyaaaaah ! »
Olys s’extirpa de ce cauchemar en s’agrippant les cheveux, hystérique. Elle bondit hors de son lit, manqua de trébucher sur son sac à dos et se jeta sur son ordinateur encore allumé, l’article toujours affiché en plein écran.
« Je peux pas faire ça, je peux pas faire ça, je peux pas faire ça !!! » Répéta Olys, au bord de la démence en appuyant quinze fois sur la touche suppression du clavier.
Elle se laissa ensuite tomber sur sa chaise de bureau en soupirant de soulagement lorsqu’elle réalisa que son article était bel et bien effacé. Une voix fluette mais mal réveillé s’éleva depuis la chambre voisine.
« Chérie ça va ? Tu as encore fait ce cauchemar avec le micro-onde qui parle ? Tu as bien pris tes médicaments hein ?
- Oui maman ! Vas te coucher ! » Gronda Olys.
Elle se tourna vers l’écran désespérément vide, l’affichage numérique du PC indiquait 3h26 du matin. Olys soupira encore.
« Il faudrait que je supprime toutes les photos de Ken… Je n’en ferai plus rien maintenant. »
Olys hésita à ouvrir son placard. Elle était dépitée mais aussi fatiguée.
(Ca attendra demain… Faut que je dorme pour de vrai cette fois.)
De nouveau sur son lit, Olys se plaqua un oreiller sur la tête.
(Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi ?)

A suivre...
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