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Pseudo: Karkal [ Utilisateur déconnecté]
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Eloge de la flemme
La flemme, ou paresse, considérée comme un pêché capital déjà dans l´antiquité (cherchez sur google, moi j´ai la flemme de développer), a aujourd´hui une image plus mauvaise encore, en effet, qui n´a pas entendu dire « ah ces fainéants de chà meurs, c´est à cause d´eux que notre société va à vau-l´eau ! » ou encore « si tu veux être heureux plus tard il faut travailler et éviter de glander ! » ou encore… ouais enfin j´ai la flemme d´aller plus loin, trouvez vous-même les exemples !
Bref, selon bon nombre, la flemme c´est la gangrène de notre monde et de l´homme !
Et pourtant, si Hitler avait été paresseux, aurait-il prit la peine de fonder son idéologie destructrice ? Point. Si La Fontaine avait été actif, nous aurait-il pondu ces chefs-d´œuvre que sont ses fables ? Non plus. Si les méchants des dessins animés Walt Disney étaient de gros glandeurs, feraient-ils des plans pour tout gâcher l´univers magique dans lequel se trouvent les héros au début ? Sûrement pas !
Car un flemmard accompli, même potentiellement nuisible, ne fera jamais grand mal à qui que ce soit, et s´il a des plans machiavéliques en tête, ils ne seront jamais appliqués concrètement : le glandeur « méchant » garde son potentiel destructeur enfoui en lui par flemme de le faire ressortir au-dehors, ainsi beaucoup de personnes nuisibles gagneraient à se prélasser au soleil plutôt que de trouver 1001 façons d´amasser une vaine richesse ou de conquérir un vain pouvoir, vain car non définitif et qu´on doit encore bosser pour le conserver, ce qui fait qu´au final on n´en profite pas vraiment.
Une autre conséquence de la flemme est que le flemmard n´aime pas la bagarre, le conflit ou la compétition agressive, car dans tous les cas cela implique de se battre et donc une dépense d´énergie, chose que le flemmard abhorre. Ce dernier ne sera donc que rarement agressif, menaçant ou vindicatif, et adoptera une cordialité et une amicalité de base dans ses rapports avec autrui, car celles-ci ne coûtent qu´un effort ridicule en comparaison de ceux déployés dans un conflit potentiel. Le flemmard ne se venge jamais ; se venger c´est du travail. Si on le fait chier, il se contente d´éviter l´individu offensant de façon passive, ainsi personne n´est blessé au final.
Vous me direz « ouais, mais dans ce cas, le flemmard est une proie facile s´il ne se montre jamais agressif ! ». Mais là vous vous trompez encore ! De par sa force d´inertie, il est pratiquement impossible de manipuler un flemmard à son insu. Essayez donc de dire « si tu ne fais pas ça pour moi tu n´es plus mon copain », le flemmard s´en foutra et préfèrera ne rien faire, et vous vous retrouverez bien dépité. Frappez, essayez d´abuser ou de vous montrer subitement froid et distant avec, et ce dernier s´en ira sereinement, limite content d´avoir prétexte pour ne plus avoir à entretenir de relation avec vous !
Car avec ça, le flemmard est indépendant, malgré ce qu´on pourrait croire. Il sera effectivement bien content si vous faites des choses à sa place, mais ne s´investira jamais trop dans une relation avec vous, s´investir dans une relation est du travail. Le vrai flemmard est un être simple ; il n´a que peu de besoin à part flemmasser, avoir de vaines possessions matérielles est rapidement exclu de ses objectifs : c´est trop de boulot. De plus, le flemmard peut s´avérer être économe. En effet, il cherchera à pouvoir subsister à ses besoins le plus longtemps possible et ne fera des achats qu´en général assez simples.
D´ailleurs, si l´on y réfléchit bien, la paresse élimine d´elle-même tous les autres pêchés capitaux. Premièrement, le flemmard n´est pas (trop) orgueilleux, se vendre, c´est du travail. Le flemmard peut être gourmand mais ne le sera que dans un buffet à volonté ou si vous payez la note à sa place. Pour le reste il ne se souciera point de faire un bon repas, puisqu´il cherche à assurer la subsistance simple de ses besoins le plus longtemps possible, il se moque donc de ce qu´il y a dans son assiette, pourvu que ça le remplisse et qu´il puisse continuer à se nourrir sans en branler une. Le flemmard peut également être avare par nécessité, mais il n´accumule que peu d´argent, vu qu´il en gagne peu, ainsi son avarice n´est autre que de la survie ; vous n´allez pas dire à quelqu´un qui gagne à peine pour vivre qu´il est radin parce qu´il ne vous donne pas de sous quand même ?!
De même, le flemmard n´est pas concupiscent : pourquoi se fatiguer à trouver un partenaire sexuel alors que ses instincts primaires peuvent être satisfaits par madame cinq ?
Le flemmard n´est pas envieux : envier les autres c´est déjà avoir des aspirations, aspirations qui gêneraient le flemmard dans sa recherche constante d´indolence. Enfin, il est aisé de voir que la colère est étrangère au flemmard, qui répugne au conflit. D´ailleurs s´énerver est une dépense d´énergie sans intérêt pour lui.
Les glandeurs font parfois des poètes, des artistes, des psychologues ou des philosophes hors pair : quoi de plus facile que de se faire payer pour déblatérer des inepties ? Quoi de plus aisé de se prélasser sur la plage ou dans la campagne verdoyante en prétendant rechercher l´inspiration ? Rousseau, Marcel Proust ou La Fontaine (un maître de la flemme d´ailleurs) étaient tous de grands paresseux qui se sont fait assister toute leur vie grâce à leurs œuvres, et regardez donc combien leurs œuvres nous ont été utiles ! De même que le flemmard peut être quelqu´un de réfléchi, n´ayant rien d´autre à foutre que de se préoccuper de problèmes métaphysiques il lui arrive d´y songer vaguement, contrairement à bon nombre qui sont absorbés dans leurs activités, et le plus beau dans tout ça c´est que la pensée du flemmard est libre de tout préjugés inculqués par d´autres livres, vu qu´il a la flemme de les lire. D´Alembert avait bien compris l´essence du génie du flemmard quand il disait « trop de livre tue le génie » !
Il arrive même que le flemmard puisse faire des inventions utiles afin de moins se casser la tête dans la vie de tous les jours : il me paraît fort étonnant que la roue ne trouve point en son créateur une grande quantité de paresse.
Une conséquence de la flemme est aussi que le flemmard n´en demande généralement que peu aux autres. En effet, nous avons tous tendance à avoir le monde en fonction de nous-même, ce qui, pour le flemmard, a pour effet qu´il est incapable d´imaginer qu´on puisse se décarcasser. Et puis, revendiquer implique une forme d´engagement, voire éventuellement un risque d´essuyer un conflit potentiel, ce que le glandeur de première classe évitera : se battre pour ses idéaux, ses rêves, ou ses revendications demande déjà une certaine énergie ; aussi le flemmard est-il généralement quelqu´un de facile à vivre, menant une vie innocente, certes souvent pas très utile à la société, mais ne faisant pas de mal à qui que ce soit.
Du reste, il va sans dire que le cossard fait souvent preuve d´une tolérance sans bornes, pourvu qu´on ne l´empêche pas de roupiller et muser en paix ; car pour le reste ce n´est pas lui qui vous critiquera sur votre goût vestimentaire, sur vos idées politiques, philosophiques ou religieuses ou encore votre orientation sexuelle ou vos passions. Ce n´est pas lui non plus qui barrera votre route parce qu´il trouvera avantageux de vous rabaisser pour prouver la nullité de vos choix (en quoi est-ce une preuve d´ailleurs ? Enfin c´est un autre sujet sur lequel j´ai la flemme de disserter.).
Et puis, dans notre société ultra compétitive, toujours pressée, toujours axée sur la « croissance », un peu de papillonnage serait du plus bel effet pour calmer l´hystérie, la frustration et l´agressivité ambiante.
Imaginez donc un peuple de flemmards, plus de conflits, plus de stress, aucun souci, aucune responsabilité, bref « hakuna matata » ! D´ailleurs on devrait prendre exemple sur Timon et Pumba qui passent leur journées à baguenauder dans la savane, évitant deux-trois rares prédateurs maladroits par-ci par-là et croquant des bestioles faciles à attraper tout en chantant des chansons aussi débiles que joyeuses, y´a-t-il plus sympathique, plus heureux que ces deux là ?
En bref je voulais écrire plus mais j´ai la flemme, mais souvenez-vous chers amis : l´indolence c´est la jouissance !
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