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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 8 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Nouvelles Histoires du Mordz | Nom du chapitre : [Episode 7] : Hell et moi - Part 1 |
| Écrit par zucchina | Chapitre publié le : 4/3/2013 à 23:25 |
| Œuvre lue 16624 fois | Dernière édition le : 12/3/2016 à 18:13 |
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| Les larmes montaient. Les doigts posés sur la vitre sans tain qui lui permettait de voir ce qui se déroulait de l'autre côté du mur sans être vue, Illyria aurait voulu hurler. Entrer dans la salle d'interrogatoire et mettre fin à tout cela. Mais elle ne pouvait pas. Derrière elle, une main posée sur son épaule, bouh la ramenait à la dure réalité: elle devait faire son travail, et encaisser cela en faisait partie. Goutte après goutte, elle voyait le sang de son mari, Hell, se répandre sous les claques à répétition de Matteo. Elle serra les dents, mais ne put réprimer un petit sanglot. Elle sentit la main de son collègue sur son épaule. Bien qu'elle ne le vit pas, elle devinait son regard. Froid, comme toujours, mais aussi compatissant. Chaque coup de Matteo résonnait au fond d'elle-même comme un coup de tonnerre. Quelque chose était en train de se briser, quelque chose d'irrévocable. La réunion ne s'était pas bien passée, et ce n'était rien de la dire. Hell avait été déclaré coupable d'avoir aidé Elvish à s'échapper, et ils avaient conclu qu'il était impliqué dans son enlèvement. Elle n'avait eu aucun contre-argument à exposer, et avait dû accepter que son mari passe "à la casserole". Cela faisait maintenant deux heures que le biker soutenait ne rien savoir de l'endroit où se trouvait Elvish - et c'était vrai, Illyria le savait. Deux heures que, coup après coup, Matteo cherchait à lui arracher des aveux qui ne viendraient jamais. Et tandis que la tête de son mari ballotait, avec un air totalement ahuri, tandis qu'impuissant, attaché à sa chaise, il ne pouvait que subir, tout comme elle, ce qui s'apparentait fort à de la torture, la belle se souvenait. Elle revoyait leur première rencontre, aussi précisément que s'il s'agissait d'un film. ************************************ Trois ans plus tôt. "Bwahaz Shy t'es naze! - Toujours à la traine ce gland! - La ferme, on va se faire choper si vous ne vous magnez pas! - Hé les gars, y'a Miph qui vient de faire tomber Shade! - Rhâ mais quel tocard! - Izno, on fait quoi? Les Gardiens vont débarquer, ça craint! - On se disperse! Je garde la marchandise, on se retrouve au QG. - Okay - répondirent plusieurs voix à l'unisson." Elvish et Hell foncèrent dans une ruelle, sur leurs engins respectifs. Le premier s'accrochait pour suivre le second. Hell avait toujours été plus doué pour piloter. Elvish préférait la baston. Pour cela, ils formaient depuis longtemps un duo complémentaire. Bien avant que ne soit formée la Team Biker. Et ce n'était pas la première fois qu'ils devaient échapper aux Gardiens après avoir mis le bordel quelque part. Parfois, ils se faisaient prendre, mais jusqu'à présent, ils s'en étaient tirés avec les avertissements que méritent les petits voyous qu'ils étaient. Pour cela, Zhu et DarkGloom se montraient assez magnanimes... Après avoir roulé et tourné dans le labyrinthe des ruelles des bas quartiers de la ville, que seuls des motards chevronnés étaient capables d'arpenter, ils finirent par couper le moteur, et à attendre dans un endroit tranquille. Ils s'assirent à même le sol, dos au mur, côte à côte. "Pffff... Ça devient lourd ces virées... Ça finit de plus en plus mal en ce moment, ça craint... - lança Hell. - Mouais. Je trouve ça fun, moi. En plus on est des rebelles! - ajouta-t-il en riant. - Net." Il y eut un silence. Elvish regarda le ciel, gris, comme souvent en Passlordie. La fumée qui sortait des usines alentours y montait, et cela donnait lieu à un spectacle étrange et fascinant. Il se sentait bien. Il adorait ces moments. Il aurait voulu que cela dure toujours. "Bon, on fait quoi maintenant? - demanda-t-il. - On baise?" Après les éclats de rire qu'engendra cette remarque, la conversation reprit. "D'ailleurs Elv, t'en penses quoi toi des filles? - J'en sais rien. J'm'en cogne. J'suis un guerrier mo, pas une tarlouse... - Toi, t'as encore été traîner avec Greed... - lança Hell sur un ton de reproche. - Ouais, et alors? PZ et lui... ils sont cool. C'est tout. - répondit-il avec un haussement d'épaules. - Mouais. Un jour, il t'arrivera des emmerdes, tu vas pas comprendre... - Ptêt'bien. Mais pas aujourd'hui. Et toi Hell? Ça te branche les nanas? - Ouais, j'aimerais bien me poser un de ces quatre, tu vois le genre? - Bwaaaaah le vieux délire de lopette! J'suis plié! - lança Elvish, hilare. - Ta gueule. C'est toi qu'est naze! - Bah toi t'y connais rien! - Toi non plus de toutes façons, crevard!" Après une discussion sur ce ton, que l'on imagine fort intéressante, ils finirent par tomber d'accord sur le programme de la fin de journée. "Bah tu sais quoi? On a qu'à aller en voir, des filles! Et plein! - Ah ouais? Et où, boulet? - répondit-il, bien qu'intéressé. - Bah y'a un bordel pas loin, on a qu'à y aller..." Hell restait immobile. Ils se trouvaient en face de l'établissement depuis une bonne demi-heure, lui et Elvish. Mais ni l'un ni l'autre n'osait se lancer. Ils s'étaient poussés l'un et l'autre à s'avancer, mais finalement, aucun n'osait... "Bon, ben on a qu'à y aller ensemble. - proposa-t-il. - Ca me va. - répondit Elvish." Et ils s'avancèrent, un peu nerveux. Ils s'apprêtaient à franchir le seuil de la maison close dans la nuit tombante, quand soudain, une voix derrière eux les interpela. "Vous m'avez l'air bien jeunes pour aller dans ce genre d'endroit!". Le sang de Hell se glaça. Il était incapable de faire un pas de plus, tétanisé. La voix était féminine. Bien qu'assez fluette, c'était une voix assurée, une voix d'adulte, qui a déjà vu un certain nombre de choses dans ce bas monde. C'était la honte de leur vie. "Hihi, vous êtes mignons!", continua la voix. Des bruits de pas approchant leur indiquèrent qu'elle arrivait vers eux. C'est Elvish qui bougea le premier. Il fit volteface, et lança à la face de l'inconnue un délicat: "c'est qui cette grognasse?". Il y eut un silence. "En voilà des manières", répondit l'intéressée en tapotant les cheveux de l'impertinent. "Sais-tu au moins à qui tu t'adresses, freluquet? - poursuivit-elle d'un ton calme. - A la pouf’ du coin? - rétorqua Elvish. - Très drôle - soupira la jeune femme" Nouveau silence. Hell, lui, ne disait rien. Cette femme le mentait mal à l'aise. Il la trouvait très belle. Elle portait une robe blanche, discrète et sobre, qui ne laissait que très peu deviner son anatomie. Mais ce n'était pas ce qui le frappait. C'était d'abord ce sabre qu'elle portait dans le dos, comme d'autres auraient pu porter un sac en bandoulière. Mais le plus fascinant, pensait-il, c'était son visage. Ses cheveux blonds vénitien encadraient parfaitement ses yeux bleus, son petit nez adorable et une bouche des plus fines. Magnifique. Bien plus que toutes les nanas qu'il avait vues dans des magazines volés chez les marchands du coin. Tandis qu'Elvish le tirait par le bras vers les motos en insultant la belle, perdu dans ses pensées, il ne put s'empêcher du penser qu'un jour, il la reverrait. ************************************ Lorsque Hell s'effondra sur la table, Illyria ne put réprimer un glapissement. Matteo se frottait les mains vigoureusement, comme s'il voulait se débarrasser de quelque chose de sale. Il sortit de la pièce tranquillement, franchit la cloison qui le séparait des autres, et s'avança vers elle et bouh. "Notre jouvenceau fait dodo. Il n'a pas voulu cracher le morceau. Quel idiot... Bouh, d'où vient ce ricanement? - Rimes tu fais sans le savoir, âne tu es sans le vouloir... - murmura l'autre. - Merci pour cette intervention. - trancha Matteo - Bien. Maintenant, parlons de toi, miss. Toute noble que tu es... Tu trempes visiblement en plein dans cette sobre affaire. Tu as des explications?" Le regard qu'il posa sur elle lui fit froid dans le dos. Elle ne savait que répondre. C'était une impasse. Etait-ce cela, sa punition? Son châtiment pour les événements qui s'étaient déroulés un an plus tôt? Probablement, se dit-elle en elle-même. "Je suis prêt à oublier... Beaucoup de choses, Illyria. Mais j'ai besoin... d'aide." Matteo parlait doucement, lentement. Comme s'il pesait chaque mot. Cet effet rhétorique faisait durer le suspense, et chargeait l'air de tension. Elle se sentait aux abois, comme une proie encerclée par une meute de loups. Sauf que ce qui la chassait était bien plus dangereux qu'une meute de loups... "Disons... Que des appuis politiques... et... sentimentaux... Seraient les bienvenus." La dure réalité frappa soudain la Gardienne. Matteo n'était pas seulement la brute épaisse qu'elle s'était toujours figurée. Il était aussi diaboliquement intelligent. Il avait compris qu'elle ne pouvait pas démissionner, ni mettre sa position en danger, de par son appartenance à la famille du Césarium, mais qu'elle refuserait de laisser tomber Hell. Il les tenait tous les deux en son pouvoir. Elle jeta un regard implorant à Bouh. Qu'il intervienne, au moins. Mais il ne dit rien. "Quelles conclusions dois-je tirer de ce silence, miss?". Elle ne savait pas. Les larmes coulaient, et à nouveau elle sombra à nouveau dans le passé. ************************************ Environ deux ans plus tôt. Les bras croisés, Iznokiller observait son groupe. En seulement un an, la Team Biker avait acquis une sombre mais glorieuse réputation. Les plus illustres lordiens l'avaient rejointe, d'Illyria, la nièce de Might en personne, à Chawi, le vieux maître Démoni, en passant par l'inspecteur bouh00, les plus grands noms se retrouvaient la nuit dans sa bande, pour faire régner sa loi sur la Passlordie entière. Il n'était pas pour autant satisfait. Tout cela l'avait grandement amusé au départ, mais désormais, il commençait à se lasser. Il avait l'impression d'être arrivé en haut d'une montagne, frustré de ne pas pouvoir aller plus loin que le sommet. Aussi, il méditait ces sombres pensées lorsque son second arriva derrière lui. "Qu'est-ce que tu veux, Hell? - s'enquit-il. - J'ai une requête, boss. - Si c'est pour m'échanger ton autographe de Jelen contre un caleçon d'Elvish, c'est non, on en a déjà parlé. - coupa-t-il. - Non, mais c'est tout aussi sérieux qu'un autographe de Jelen, ou que la taille du sexe de Shy, ou que la cocculine, ou que... - Ouais, ouais, ça va, j'ai compris. - répliqua le chef biker d'un ton las. - Alors, tu veux quoi? - Lamndllria. - marmonna Hell. - De quoi? Allez, parle, j'ai pas que ça à foutre moi! - J'aimerais te demander la main d'Illyria. - Qu... Mais... Gne... Mais qu'est-ce que ça peut me faire, abruti? -beugla izno. - Ben je sais pas... Comme vous étiez assez proches et tout je veux pas vous... - Rhô tais-toi. Va-t’en, laisse-moi manger mon pépito en paix. Et fais ce que tu veux avec Illy." Lorsqu'il fut parti, iznokiller soupira. Non, il n'était vraiment pas satisfait. Pour un peu, il aurait bien dit que sa vie était de la merde, et qu'il l'échangerait bien contre celle du roi du Maroc. Mais il repensa à la taille du sexe de Shy Guy, et cette simple vision suffit à lui prouver que la vie valait la peine d'être vécue. ************************************ Bien loin des événements de la Caserne de Might City, un voyageur à la chevelure blonde, à bord d'une voiture ressemblant à s'y méprendre à une baignoire arpentait la route 84. Il attendait. On lui avait demandé d'attendre, alors il attendait. Il ne se posait pas plus de questions. Il attendait qu'un autre conducteur assez téméraire tente de rouler ici, et de l'affronter. Il attendait, mais il commençait à en avoir assez. Vivement que l'attente se termine. |
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