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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 9
Nom de l'œuvre : Nouvelles Histoires du Mordz Nom du chapitre : [Episode 8] : Hell et moi - Part 2
Écrit par zucchina Chapitre publié le : 4/3/2013 à 23:26
Œuvre lue 16617 fois Dernière édition le : 12/3/2016 à 18:12
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Quelques mois dans le passé

Cela faisait maintenant trois mois que la vie de Hell Angel avait basculé. Ebranlée par le "Z incident", la Team Biker avait éclatée. Elvish était mort. Bien que l’on n’ait pas retrouvé son corps, c'était une certitude. Son épouse, Illyria, était partie en mission depuis, et il ne l'avait pas revue. Chaque jour, la perspective de mettre fin à son existence l'assaillait. Il ne lui restait plus que sa moto, son sabre et un peu d'amour proche pour l'en empêcher. Et accessoirement Shy Guy. Le pauvre était devenu à moitié fou lorsqu'iznokiller s'était retiré, ce qui n'avait rien arrangé à sa santé mentale déjà défaillante. "Il fait beau aujourd'hui. Frais mais beau. Dommage qu'il fasse chaud. J'aurais pu monter mon éléphant." Hell soupira. Chaque fois que son "compagnon" ouvrait la bouche, il trouvait leur "maison" du Quartier Sud encore plus déprimante. Surtout de nuit. Un vrai trou à rats, cet endroit. Il alla chercher sa bouteille de whisky et but une longue gorgée, à même la bouteille. Ce soir encore, il allait probablement finir ivre-mort. Il soupira. "J'aime les coquillettes. C'est bon avec du jambon. Mais j'aime pas le barbu qui nous observe par la fenêtre depuis une heure. Si j'étais barbu, j'aurais pu monter mon éléphant." Hell eut du mal à envoyer la bouteille à la tête du Shy Guy délirant qui se tenait derrière lui, mais se ravisa. Dans un premier temps parce qu'il ne fallait pas gâcher le peu d'alcool qui lui restait, et ensuite parce qu'il repensa à ce que l'autre venait de dire. Quelqu'un les observait. Il se leva et fit mine d'aller aux toilettes. Il avait aménagé l'endroit un peu plus tôt, se sachant traqué. Les bikers n'étant plus unis, les Gardiens avaient décidé de leur faire payer leur crime en les traquant tous un par un, puis en les liquidant, dans le meilleur des cas. Les autres étaient envoyés dans les camps du Désert Rouge, et il se disait que cela était pire que la mort.
Il ferma la porte, laissant Shy Guy seul dans ce qui leur servait de salle de séjour. C'était un risque à courir. S’il avait perdu la raison, son cadet n'en était pas moins capable de se défendre. Après tout, on l'appelait "Incendier" autrefois... Peut-être qu'il avait simplement déliré, mais si quelqu'un les observait vraiment depuis une heure, il ne devait pas prendre le risque de ne pas agir. Il se saisit de son sabre, caché sous une trappe dans le mur creux, puis poussa un autre mur, qui pivota sur lui-même, pour donner sur un couloir sombre et humide. L'odeur de moisissure et des cadavres d'animaux divers échoués ici lui donnèrent un haut le cœur. Il s'engage malgré tout dans le couloir en retenant sa respiration. Le boyau descendait en pente douce, jusqu'à une petite échelle, qui débouchait sur une plaque d'égout, deux rues plus loin que chez lui. Il ne put se retenir de respirer avant d'arriver au bout du chemin, et cette fois-ci rendit le maigre déjeuner de la veille à base de haricots en conserve qu'il avait englouti la veille. Il poursuivit toutefois sa route et gravit l'échelle. Il contourna le pâté de maisons et gagna discrètement l'angle de sa rue. Effectivement, un démoni barbu observait son intérieur, via la fenêtre, assis sur un bison d'essence, en taillant un bout de bois avec un petit canif. Hell posa la main sur la garde son sabre. A cet instant précis, le couteau de l'autre gicla, et alla se ficher à quelques millimètres de son oreille.
"Tu aurais dû fuir, Hell Angel.
- Comme si j'étais du genre à me défiler...
- Avance donc, petit. Inutile de rester là terré comme un rat."
La tension était palpable. Hell dégaina son sabre et s'avança. Le démoni face à lui se leva également. Ce visage lui était familier, mais il était incapable de se rappeler de qui il s'agissait.
"T'es qui? - lâcha-t-il, sur un ton insolent.
- Hin. Tu ne me reconnais donc pas? Je suis DarkGanon, anciennement lieutenant des Démonis & Co et aujourd'hui mercenaire émérite. J'ai été mandaté par le gouvernement de Passlordie pour te supprimer. C'est un honneur pour toi, en es-tu conscient?
- J'suis conscient que je vais te latter, ouais!
- Comme c'est charmant. Viens donc, petit. - rétorqua son adversaire, méprisant.
- J'vais te buter, connard! - hurla Hell"
Il fonça, sabre en main. L'autre ne portait pas d'armes, mais Hell avait appris à ne pas sous-estimer un adversaire désarmé. DarkGanon n'était pas connu pour être un mage, mais il le savait capable de lui décrocher la tête d'un coup de poing. Hell frappe de taille, mais quelque chose arrêta son coup. L'autre avait le bras en l'air, comme s'il tenait quelque chose dans sa main. Mais le biker ne voyait rien. Soudain, il comprit.
"C'est... C'est impossible...
- Hin. Non, tu ne rêves pas. C'est bien la légendaire Hina. Et toi, petit, tu vas mourir."
DarkGanon effectua un mouvement de poignet, et Hell eu le réflexe de lever son sabre et de reculer d'un bond, visiblement in extremis, car il sentit un courant d'air caresser son visage, et constata une entaille dans sa veste. Ils se regardèrent un instant en chiens de faïence, puis Hell frappe à nouveau. Il savait que s'il voulait avoir la moindre chance, il devait pilonner son adversaire de coups, pour l'empêcher d'agir à sa guise. L'autre para, mais déjà le biker frappait à nouveau, mettant toute sa rage et sa frustration dans sa lame. Il attaqua à nouveau, encore et encore, mais l'autre arrêtait chacun de ses coups avec aisance. C'était un excellent bretteur. DarkGanon se permit même de simuler un bâillement. Hell était furieux. Il se prépara à frapper à nouveau, encore plus fort, mais ce léger temps qu'il pris pour prendre plus d'élan laissa à son adversaire le temps d'exécuter une manœuvre technique qui le désarma, faisant voler son sabre à une dizaine de mètres, hors de sa portée, derrière son adversaire. D'instinct, il bondit à nouveau pour se mettre hors d'atteinte d'Hina, mais son ennemi n'attaqua pas. "Tu es fort, Hell Angel, mais techniquement, tu es pitoyable. Où as-tu appris le sabre? Devant ta télé?", se moqua le terrible démoni. Il était totalement impuissant, sans arme face à un génie de la lame.
C'est le moment précis que choisit Shy Guy pour ouvrir la porte et hurler comme il le faisait parfois pour insulter les voisins. Voir l'Incendier débouler ainsi eut deux avantages: il donna une idée à Hell et déconcentra un instant son adversaire. Tout alla alors très vite. Tandis que le dément hurlait des insanités dans la rue, le biker se rua sur sa gauche, près de la fenêtre, sortit son couteau de poche et le planta avec force dans le bidon d'essence sur lequel se tenait DarkGanon quelques minutes plus tôt. Il pria la chance pour que son audacieuse manœuvre fonctionne. Il retira la petite lame du bidon d'acier. Un filet d'essence sous pression gicla en direction de son adversaire, l'aspergeant légèrement, lui et ses vêtements. Avant que le démoni n'ait le temps de réagir, Hell sortit son briquet, et lâcha un très théâtral: Good bye, big mussel." Il lança son briquet, la flamme encore vigoureuse, sur l'autre, qui s'embrasa en hurlant. Un Shy Guy fasciné applaudissait en criant: "Feu! Ouais, feu!", tandis que DarkGanon, totalement paniqué, se convulsait et se consumait lentement, dégageant une odeur de porc grillé. Le biker s'assit contre le mur de sa maison, et soupira de lassitude. Il venait de tuer une patate. Une de plus. Il pouvait remercier la chance et Shy Guy d'avoir laissé son adversaire partir en enfer à sa place.

**********************************

Hell se réveilla, en sueur. Il venait de faire un rêve étrange. Cette nuit-là, quelques mois plus tôt, où il avait affronté DarkGanon, il l'avait vécue à nouveau. Il frissonna, et regarda autour de lui. Il se trouvait en cellule. Il se souvint alors de la réalité. Il avait subi un "interrogatoire" musclé de Mattéo, et s'était évanoui sous les coups de ce dernier, parce qu'il n'avait pas su dire où se trouvait Elvish. Sa mâchoire et sa tête lui faisaient mal. Il se demande où se trouvait Illyria. Il s'inquiétait pour elle. Soudain, quelqu'un ouvrit la porte de sa geôle. Il aurait voulu se lever, et tenter crânement sa chance pour s'évader, mais il en était incapable. Son corps était comme engourdi. C'est son ancien ami et camarade, bouh00, qui entra.
"Inutile de tenter quoi que ce soit, Hell, on t'a injecté un peu de toxique botulique dans le corps. C'est diaboliquement efficace, ce truc, tu sais? Tu es totalement paralysé. A part la tête, on a eu pitié. Le problème, c'est qu'il y a une chance sur deux que ce soit permanent. Mais vois le bon côté des choses. Au moins, tu ne ressens pas la douleur, et vu ce que Matteo t'a mis, tu y gagnes au change...
- Sa... Salaud... Pourquoi bouh? Pourquoi toi aussi?
- Désolé mon vieux. Les règles ont changé. Je ne fais qu'exécuter les ordres. Et je te rappelle que tu n'as pas toujours été tendre avec moi non plus..."
C'était vrai. Quand bouh avait quitté les bikers pour devenir Gardien, quelques membres de la Team, dont lui, l'avaient pris à part et tabassé pendant des heures. Cela faisait partie des erreurs que Hell avait toujours regrettées dans sa vie.
"Bien. J'ai deux papiers à te faire signer. Ah, mais j'oubliais, tu ne peux pas... Bon, on va dire que je les signe et que tu es d'accord, ok?
- Va te faire foutre.
- Je savais que l'idée te plairait. - répondit bouh, avec un grand sourire - Je te cache pas que je te fais une faveur en venant comme ça t'avertir de ce qui t'attends. Alors, le premier... Ah, celui-là, il est plutôt sympa, parce que le second, houlà, j'aimerais pas être à ta place.
- Abrège. - répliqua Hell.
- Allons, inutile de se presser. Tu sais, à ta place je profiterai un peu de ce palace, parce que ce qu'il y a là - il tourna le papier vers Hell en le tapotant du revers de la main -, c'est qu'on t'envoie au Camp Rouge de Last East Point. Au début, on devait juste de flinguer, mais Matteo et ta belle sont arrivés à un accord, on t'envoie plutôt en vacances."
Hell savait qu'il devenait livide en entendant ça. Il ne dit rien, et laissa bouh continuer son exposé.
"Bon, le second ordre, c'est plus délicat à t'annoncer. Si t'avais pas été sous toxine, je serais pas venu te l'annoncer, à moins d'être protégé par une demi-douzaine de murs en acier trempé. Tu es bien accroché?
- Dis toujours -répondit Hell, impassible, ne voyant pas ce qui pouvait être pire qu'un séjour en Camp Rouge.
- Tu viens officiellement de divorcer d'Illyria. Félicitations."
Hell hurla. Il aurait voulu bondir et tuer bouh de ses mains, déchirer ces papiers, détruire cette prison... Mais tout ce qu'il était capable de faire, c'était de convulser légèrement. Les larmes montèrent. "Houlà" fit bouh, "si tu peux trembloter comme ça, je ferais bien de m'en aller, sait-on jamais". Il sortit, le laissant seul avec sa colère et sa détresse.

*********************************

Six mois plus tôt.

Illyria entait enfin de retour. Avec bouh, ils étaient partis pendant six mois entiers, à la recherche d'un certain nombre de personnes. Cette mission avait été exécutée dans le secret le plus total. Ni les autres Gardiens, ni leurs proches n'étaient au courant. Tout juste avait-elle pu envoyer un message à Hell pour l'avertir qu'elle serait absente pour une durée indéterminée. Elle avait beaucoup souffert de leur séparation, mais elle n'avait pas eu le choix. Bouh et elle avaient ainsi arpenté le Désert Rouge, la Trashie, et même quelques régions de la Pobopie à la recherche d'anciens lordiens exilés, présumés morts ou portés disparus. Elvish figurait sur cette liste, de même que Zenight, Pif, Greed, et bien d'autres... Et aujourd'hui, l'heure du retour était venue. Elle sortit de la Might Tower, où elle venait tout juste de faire son rapport à son oncle, le Césarium Might. Elle enfourcha sa moto, et fila vers l'appartement des beaux quartiers qu'elle partageait avec Hell, mais n'y trouva personne. Perplexe, elle songea qu'étant seul, son mari avait peut-être décidé de gagner son ancien domicile, une masure dans les bas quartiers de la ville. Elle y fonça, mais là encore, elle fit chou blanc. Shy Guy s'y trouvait seul, et la gratifia d'une de ses phrases incompréhensibles: "les oignons c'est bon, mais sans croûte, sinon ça fait friser mes poils. Dommage que je n'aie pas de poils, je pourrais monter mon éléphant." Cependant, l'endroit était bien tenu, et elle savait pertinemment que Shy Guy était totalement incapable de faire le ménage dans son état. Elle sortit, et décida de faire un tour dans le quartier. Avec un peu de chance elle tomberait sur son mari. Elle tourna quelques minutes à pied, donna une pièce à un clochard et poursuivit sa route, avant de s'arrêter. Elle reconnaissait ce sans-abri. Il n'avait pas bougé. C'était bien Hell, affalé contre un mur, avec une barbe de trois jours, une bouteille d'alcool bon marché à la main, sale et hirsute.
Lorsqu'elle le vit dans cet état, Illyria eut, dans un premier temps, un choc. Elle resta immobile devant le clochard endormi. Voilà ce qui s'était passé quand elle l'avait abandonné. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle s'agenouilla et le secoua. Il ne se réveilla pas, et se contenta de cracher un peu de sang sur sa robe. Il avait bu, trop visiblement, et il était malade. Elle appela une ambulance, et jura de ne plus jamais l'abandonner.
Lorsque le brancardier arriva, Illyria ne put s'empêcher de rougir. Elle le connaissait. C'était un bon gars du nom de Topji. Hell aussi le connaissait bien. Elle redoutait sa réaction, et elle avait raison.
"Nom d'un Watson, ais qu'est-ce qu'il s'est passé Illy? - cria-t-il à moitié, furieux.
- Je n'en sais rien. Je l'ai trouvé comme ça -répondit-elle tristement.
- Pas étonnant, tu m'diras. Il paraît que t'avais disparu! Que t'as pas donné de nouvelles! Il était effondré et il picolait comme un trou, cet abruti!
- Je suis désolée - concéda-t-elle.
- Pas autant que nous. Si Elvish l'apprend un jour, il t'en voudra à mort.
- Je n'avais pas le choix - murmura Illyria dans un souffle.
- On a toujours le choix, miss. Toujours. - rétorqua Topji en remontant dans l'ambulance dans laquelle il venait de hisser Hell.

**********************************

Assise sur un tabouret dans la salle de pause de la Caserne, Illyria soupira. Elle avait fait ce qu'elle devait faire. Oui, elle avait protégé son mari. N'empêche qu'elle ne se sentait pas bien, elle n'aurait su dire pourquoi. C'était sans doute l'idée de ne plus pouvoir voir son mari pendant qu'il serait en prison. Ou bien étaient-ce ses souvenirs qui lui faisaient mal. Elle ruminait de biens sombres pensés, lorsque bouh entra à son tour dans la pièce. "Voilà, tu n'es très officiellement plus madame Hell Angel. Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant?", s'enquit-il. Elle ne dit rien. Elle ne savait pas. Elle présumait n'avoir pas le choix. Si Matteo l'avait forcée à divorcer, c'est qu'il projetait probablement de l'épouser. Bouh la regarda quelques instants d'un air apitoyé. "Tu me déçois, Illy-chan", glissa-t-il. Et il sortit.

Batsolor tremblait. De la boîte en métal qu'elle tenait dans sa main, Pika venait de sortir une seringue. Dsch, les bras croisés, les observait en silence. Il ne savait pas ce qui l'attendait, et il n'était pas sûr d'aimer ça.
"Que... Qu'est-ce que c'est ce truc? - demanda le démoni.
- Well, c'est un product de notre invention. Very nice, you'll see. - répondit dsch d'un ton mielleux.
- Mais encore? - insista Bastolor, inquiet.
- C'est un cocktail d'antidépresseurs et d'inhibiteurs. Ça permet d'ôter toute volonté aux individus. Ça devient de véritables zombis, et le mieux c'est que l'effet dure environ une semaine. Un sérum d'obéissance quoi."
C'est Pika qui avait pris la parole. Elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue, environ six mois plus tôt. Habillée sobrement d'une robe grise et triste, les cheveux attachés et l'air sévère, la jeune fille pleine de vie qu'il avait connue semblait bien loin. Du moins c'est ce qu'il arrivait à distinguer. Il se demandait comment elle avait pu changer à ce point.
"C'est quoi ce bordel?" Tout le monde se retourna. C'était Hénios qui avait pris la parole. Il avait dû s'apercevoir que quelque chose ne tournait pas rond, car il était déjà levé, se tenant péniblement au bord du lit, la respiration difficile.
"Ho ho ho! - fit dsch - Our deuxième friend se réveille on dirait... Pika, wait a moment, je voudrais que notre ami Hénios voit ce qui va lui arriver quand j'en aurai fini avec lui...
- Crève! - cria Hénios."
Dsch sortit de nulle part son énorme hache et la porta sur son épaule. Lentement, il s'avança vers le démoni aux cheveux bleus, et abattit sa lourde arme sur ce pauvre Hénios... Qui lui envoya une de ses boules d'énergie bleutée en pleine face! L'angi grogna et tomba à la renverse, en arrière, emporté par le poids de sa hache. Hénios sortit son .22, prêt à en finir, l'arma, visa, puis s'arrêta net, immobile. Batsolor ne distinguait pas bien ce qui s'était passé. Il ne voyait pas assez pour ça. Son ami ne bougeait plus d'un pouce. Il se tourna vers Pika, qui, bras tendu, semblait parfaitement sereine. Dsch se releva, le visage légèrement brûlé. "Merci Pika. Toujours aussi redoutables, tes aiguilles." Pika acquiesça, mais n'ajouta rien. Hénios s'écroula, inconscient. Bats frissonna. La jeune fille n'était pas seulement devenue plus sobre. Elle était en plus devenue redoutable. "Well, revenons-en à nos moutons. Pika...".
La petite angi porta la seringue au niveau de son visage, sembla vérifier le niveau de liquide, puis tira le bras de Batsolor vers elle. Sa main était douce, et le démoni ne put s'empêcher de frissonner à nouveau. Pika piqua une veine au niveau du pli du coude. Il sentit la légère piqûre. Une personne ordinaire n'aurait pas senti grand-chose, mais lui, sa vision déficiente lui avait permis de démultiplier l'acuité de ses autres sens, y compris le toucher. Batsolor sombra alors dans une sorte de sommeil psychédélique...

Les bois de Lund étaient un endroit retiré de la Polordie. Ils portaient ce nom car ils avaient été cédés au sinistre personnage il y a bien longtemps. Situés au nord de Might City, au pied des montagnes, ce n'était pas le lieu de villégiature idéal, surtout de nuit. Rares étaient ceux qui s'y aventuraient, et certains n'en revenaient même pas. Il n'y avait pas grand-chose à y voir, si ce n'était quelques bêtes sauvages et quelques ruines médiévales. C'est pourtant devant ces bois que tomba en arrêt Restless Dream. Ce qu'il cherchait était ici. Il s'en lécha les babines, tout heureux de toucher au but. Il avait marché durant des jours pour en arriver là. Une puissance incroyable se dégageait de cet endroit. Il écarta les branches de quelque bas buisson et s'engagea dans la forêt.
Tout était calme. Les animaux eux-mêmes se taisaient en présence du Cacophone. Si leur intelligence n'atteignait pas des sommets par rapport aux patates, elle était assez élevée pour savoir qu'il ne fallait pas le déranger, voire même pour les pousser à s'enfuir. Cela lui jouait parfois des tours quand il voulait se nourrir, mais en général, il tombait sur un animal blessé ou une charogne abandonnée par un prédateur qui avait préféré renoncer à son repas et s'enfuir plutôt que de rester près de lui. Il avançait, se laissant guider par le délicat fumet d'une occupation prometteuse. Il avait capté cette puissance en se dirigeant vers Might City. Il était alors en quête d'un but, d'un projet à assouvir, d'une inspiration pour rentabiliser son existence. Au départ, il pensait qu'il ne s'agissait que d'un seul lordien. Maintenant, il savait que les sources étaient multiples, même si l'une dominait les autres. Il s'en moquait. Il avait décidé qu'aller les liquider pourrait être amusant, histoire de montrer qu'il était le plus puissant de tous les lordiens.
Après quelques heures de marche, tandis qu'il se savait de plus en plus proche de la force qui l'attirait, lampe attirant le papillon de nuit qu'il était, il tomba sur un mur couvert de lierres et autres végétaux. Il le caressa lentement. Derrière ce mur se trouvait son but. Il rit. Enfin, il allait pouvoir rencontrer son nouvel ami, jouer avec lui et le tuer. Il était heureux.

Confortablement installé, DarkGloom se caressa la barbe. La réunion allait pouvoir commencer. Les trois autres personnes qu'il attendait étaient présentes. Eagle ne viendrait pas aujourd'hui, et PZ avait été congédié le temps de cette réunion. Nul doute qu'il n'aurait pas apprécié ce qui s'y dirait. Ni lui ni ses associés ne le considéraient comme un membre du groupe, et, bien qu'il soit indispensable au succès de l'opération, il n'avait pas à être au courant de certaines choses. Bientôt, ils passeraient à l'action. Des mois de projets, de préparation du terrain et de réunions comme celles-ci, au sein même du Fort des Aiglons, allaient enfin se justifier. Ne restait que quelques détails à régler.
Elvish, d'abord. Visiblement, il avait survécu, et était introuvable selon Eagle. Si jamais il refaisait surface au moment crucial, les conséquences seraient désastreuses pour leur projet. La WSO, ensuite. Si jamais ses membres décidaient de s'inquiéter de l'absence de Sereebi, Monsieur S, comme ils l'appelaient, ils pourraient constituer une menace majeure. Surtout quand DarkGloom et ses associés se rendraient à Might City. L'organisation avait des yeux partout là-bas. Et devant ces yeux, on trouvait souvent une lunette de sniper... Tout n'était pas encore prêt, donc, mais il était confiant. Eagle s'occupait d'Elvish, et il était le meilleur enquêteur possible. Quant à la WSO, eh bien il verrait bien avec ses associés. Peut-être irait-il s'en charger lui-même. Cela faisait longtemps que sa fourche n'avait pas trouvé de patates à embrocher...

C16 vérifia que la sécurité de son revolver était bien en place, puis il décida qu'il était temps de se mettre en route. Il était passé à la banque l'après-midi même, avait rempli une valise de cash et était allé se payer un penthouse à quelques pâtés de son ancien immeuble. Il avait les moyens, et vu la population déclinante des bas quartiers, les gens n'ayant plus les moyens de s'offrir les luxueuses bâtisses à cause de la pauvreté ambiante, trouver un endroit où loger fut d'une facilité déconcertante. Il le meublerait plus tard. Pour l'heure, il méditait. Il allait traquer Eagle. Et cette fois, il ne sous-estimerait pas son adversaire. Il rangea son revolver à sa ceinture, puis il ferma les yeux. Il cherchait à détecter l'aura d'Eagle, quelque part en Polordie. Soudain, il tomba sur une piste familière. Ce n'était pas celle qu'il cherchait, mais il ne put s'empêcher de grogner. Il pensait avoir abattu cette personne quelques années plus tôt... Il se concentra à nouveau, et tomba enfin sur ce qu'il cherchait. Satisfait, il prit une inspiration et disparut. Il était temps pour Eagle de payer. Oui, de payer.
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