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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 9 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Egalités | Nom du chapitre : Laisse-moi t'aimer |
| Écrit par zucchina | Chapitre publié le : 12/5/2013 à 12:53 |
| Œuvre lue 9888 fois | Dernière édition le : 12/5/2013 à 12:54 |
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| Je sors du kebab avec Martin en rigolant. Même si je suis sûr qu’il m’en veut pour l’histoire de Kelly, il pardonnera vite. Et ce n’est pas un après-midi qui va lui donner envie de me tirer une tronche pas possible pendant une éternité. En plus rare sont les fois où on mange ensemble. Maintenant que ça c’est fait, je commence à sentir mon cœur qui bat un peu plus vite que d’habitude. L’excitation sans doute. Pourtant, extérieurement, aucun signe de nervosité n’est apparent. Sinon Martin l’aurait vu. Bon, il est temps… C’est le moment ou jamais. Je raccompagne Martin chez lui et je sors mon portable pour composer le numéro de Kelly lorsque je suis devant le supermarché. Une sonnerie. Puis un message vocal. Le numéro demandé n’est pas attribué. Merde, c’est quoi cette histoire ? Je recommence, même scénario. Bon, pas d’affolement, elle s’est peut-être fait couper sa ligne pour je ne sais quelle raison. En attendant, je me dirige dans sa rue. Enfin, sa « censée » rue. Je traverse dans tous les sens la chaussée pour repérer ne serait-ce qu’un nom sur une boîte aux lettres, un signe, n’importe quel message m’indiquant où aller… Rien du tout. J’aurais dû me douter que c’était trop facile pour moi. Comment pourrais-je plaire à qui que ce soit de toute façon. Il vaudrait mieux rester les pieds sur terre mon pauvre Henry. Je me mords la langue, j’ai parlé trop vite. Au bout de la rue, j’aperçois sa silhouette se dirigeant vers la rue en face. Je me mets à la poursuivre, toujours de loin. Je voulais la rattraper, elle sortait surement pour me retrouver, me prévenir que sa ligne était coupée, que… Je m’arrête net. Une autre silhouette se précipite à sa suite. Quelques mètres avant de l’avoir rejointe, l’inconnu l’appelle, elle se retourne en souriant, saute dans ses bras et l’embrasse fougueusement. J’ai du mal à avaler ma salive. Je vois qu’elle m’a aperçu. Elle me jette un regard dédaigneux avant de se retourner, emportant le garçon avec elle. Un grand blond. Vincent. J’en suis sûr. Je me détourne du couple qui s’éloigne. J’ai trop mal pour regarder cette scène. Elle avait tout prévu. Du début à la fin. Elle devait savoir que j’en pinçais pour elle. Elle a manigancé un faux-numéro, donné beaucoup trop rapidement avec un faux rendez-vous donné beaucoup trop rapidement également… Tout sonne faux chez elle. Jusque dans le son de sa voix. La haine entre en moi comme un violent orage. Je rentre chez moi, tout penaud, la honte planant encore au-dessus de ma tête. Comment j’ai pu croire une seule seconde aux infimes chances que j’avais. C’est vrai, au fond, elle n’a jamais dit que c’était un rendez-vous amoureux. Mais tout poussait à y croire pourtant. Je crois que je me fais trop de films. Je suis peut-être parano. Peut-être même que je devrais aller voir un psychologue ! Enfin là , ce n’est pas un psychologue que j’ai besoin d’aller voir. C’est mon ordinateur. Lui au moins, il ne me mentira pas. J’ouvre quelques pages web et ironie du sort, une pub s’annonce : « Vous voulez savoir si vous rencontrerez bientôt l’amour ? Nos experts en voyance vous répondrons avec précision sur vos chances de séduction. » Je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre pour me dire que mes chances sont nulles. Je soupire. Une journée vraiment minable. J’entends Billy arriver dans les marches de l’escalier de son pas lourd et traînant. Il pousse la porte de son museau et entre dans ma chambre en remuant faiblement la queue. Il s’approche et pose sa tête sur mes genoux. « Roh tu me mets plein de bave partout ! » dis-je en le repoussant. Mais il me tient tête et revient à la charge. Les chiens ont un sixième sens, c’est prouvé scientifiquement. Ils sont capables de sentir le moindre de nos tracas en moins de 3 secondes, de nous rendre le sourire en moins de 2. Il cherche ma main à mettre sur sa tête en quête d’une caresse. Je m’agenouille à sa hauteur, il me passe la langue sur le visage ce gros porc. Je rigole de sa bêtise et je le prends dans mes bras. Une présence est toujours importante, peu importe sous quelle forme. J’ai quitté l’ordinateur depuis maintenant un moment. En fait, je suis allongé sur le sol de ma chambre. La tête sur le corps de mon chien. Il dort tranquillement. Et moi, moi, je pense. Je rumine de sombres pensées depuis tout à l’heure. C’est très confus dans ma tête et tout se bouscule. Comment ? Pourquoi ? Beaucoup de questions sans réponses. Les évènements s’enchaînent et sont beaucoup trop rapides pour moi. Il faut suivre cette cadence effrénée que prend ma vie. Ma sœur est enceinte, ma mère se fait entourlouper par notre voisin, et moi, je suis qu’un pauvre idiot qui a cru en l’amour. *** J’ouvre les yeux. J’ai dû m’endormir. Il fait encore un peu jour. J’entends la voiture se garer juste dehors. Je tourne la tête vers mon chien qui attendait que je me réveille pour pouvoir bouger. Je me redresse lentement. Il se lève et quitte la pièce. Je regarde devant moi. Puis une larme coule. |
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