Journal de von Elvicstein, Nuit 1 a écrit :

Je n'oublierai jamais cette étrange nuit... Le ciel était clair, et le climat étrange de cette maudite jungle m'empêchait de dormir... C'est ainsi que je pris le parti d'aller faire un tour. Je flânais, le coeur rêvant au hasard des buissons, l'éclat de la lune caressant ma peau hâlée, l'air saturé d'une humidité féroce et fertile innondant mes narines, lorsque j'entendis un bruit étrange.

Un instinct de survie des plus bestiaux me poussa à me dissimuler derrière un arbre gigantesque. Quatre paires d'yeux malsains, ricanant en une glaçante mélopée, s'avançaient sans bruit dans le village.
Ils s'arrêtèrent devant l'une des cases.
Pardon, Ô pardon fidèle lecteur, mais dans l'émotion de ces événements, mes sens se troublèrent, et je ne saurais te dire quelle fut leur victime...

Je me souviens simplement de la plus grande, de la plus féroce de ces créatures, mi-hommes, mi-démons, saisissant par la gorge un des indigènes inanimés.
Oui, cher journal, cela, je m'en souviens parfaitement.
Les griffes exerçant une pression mortelle sur la gorge de sa pauvre victime, l'engeance approchait sa tête énorme de la pauvre endormie... Et dans un ignoble baiser, le cadavre reprit vie. Mais il n'était plus le pacifique villageois d'autrefois. Non, l'horreur - et j'appris plus tard qu'il s'agissait de l'ignoble "Grand Noc", l'horreur avait ramené sa victime du royaume des ombres pour en faire l'un des siens. Des ténèbres surgirent les ténèbres.

Pardonne ma faiblesse, cher lecteur, mais tandis que tous les cinq s'enfuyaient dans la nuit, je défaillis, et perdis connaissance.


A mon réveil le lendemain, le village était en émoi.
Tous savaient que le rituel macabre avait commencé. Personne ne manquait à l'appel, mais des signes ne trompaient pas.
L'un des villageois, du nom de Polux, s'était reveillé sans ombre: signe évident de malheur à venir... C'était l'Hypnomade, dont on dit qu'il sait qui sont les vilains de ce monde, qui avait frappé.
Une autre, du nom de Lydie, avait, elle, reçu le célèbre coquillage du bonheur, signe d'une grande prospérité qui n'apparaît qu'aux innocents - du moins ceux que le charmant Flagadoss choisit. Ainsi avait-elle gagné une partie de la confiance des villageois.

Rien d'autre n'avait bougé.

Mais l'émoi fut de courte durée: après tout, personne n'était mort... Mais rien n'aurait pu me préparer à ce qui allait suivre... Car déjà commençait une sorte de danse tribale, à peine moins morbide que celle de la nuit: les villageois allaient chosiir un nouveau chef!